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Coupe du monde 2022: le costard cravate des coachs, c'est fini

Hervé Renard, Murat Yakin et Didier Deschamps (de gauche à droite) font partie des nombreux sélectionneurs au Mondial à ne pas porter de costard cravate.
Hervé Renard, Murat Yakin et Didier Deschamps (de gauche à droite) font partie des nombreux sélectionneurs au Mondial à ne pas porter de costard cravate. image: keystone/shutterstock

Au Qatar, les sélectionneurs boycottent le costard cravate

Ils sont une petite minorité à le porter, contrairement à la Coupe du monde 2010. Ce renversement des normes vestimentaires s'explique.
08.12.2022, 05:5808.12.2022, 11:33
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La Coupe du monde 2022 est très différente de celle de 2010. Niveau football, c'est certain: l'Espagne avait cartonné en Afrique du Sud alors qu'elle s'est ratatinée en 8e de finale au Qatar. Ou encore la Nati qui, jadis, évitait de prendre des taules 6-1. Mais ce qui a aussi changé, ce sont les vêtements des sélectionneurs.

En 2010, ils étaient 18 sur 32 participants à coacher en costard cravate (dont Ottmar Hitzfeld, alors à la tête de l'équipe de Suisse). Soit 56%. En 2022, cette proportion a drastiquement chuté: seuls sept sélectionneurs (sur 32) ont porté le complet cravate au Qatar. Ils représentent 22%.

Etant donné leur nombre, on peut s'offrir le luxe de les citer:

  • Louis Van Gaal (Pays-Bas, 71 ans)
  • Fernando Santos (Portugal, 68 ans)
  • Diego Alonso (Uruguay, 47 ans)
  • Gustavo Alfaro (Equateur, 60 ans)
  • Hajime Moriyasu (Japon, 54 ans)
  • Czesław Michniewicz (Pologne, 52 ans)
  • Roberto Martinez (Belgique, 49 ans)
epa10328117 Head coach Louis Van Gaal (2-L) of the Netherlands before the FIFA World Cup 2022 group A soccer match between the Netherlands and Ecuador at Khalifa International Stadium in Doha, Qatar,  ...
Pour le sélectionneur des Pays-Bas Louis Van Gaal (deuxième depuis la gauche) et tout son staff, une cravate orange s'impose. Image: keystone

Autre constat intéressant: en 2010, la majorité des sélectionneurs qui ne portait pas de costard cravate arborait un training (huit). Seuls six avaient opté pour des costumes sans cravates, des polos ou des chemises seules.

Or cette année, c'est cette catégorie que l'on pourrait qualifier de «smart casual» qui domine largement la scène (60%, contre 19% en 2010). On peut citer le Suisse Murat Yakin, l'Allemand Hansi Flick ou encore le Français Didier Deschamps.

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Murat Yakin lors du match contre le Cameroun.Image: keystone

Cette métamorphose des sélectionneurs sur leur banc ces douze dernières années s'insère dans un contexte social plus large, au-delà du sport. C'est ce que constate Suzana Pimenta, styliste et conseillère en image à Lausanne et directrice de l'entreprise qui porte son nom:

«Dans les entreprises aussi, l'habillement des employés a évolué. Dans les banques, par exemple, la cravate n'est plus partout exigée. Certains hôtels sont aussi plus flexibles qu'avant concernant les chaussures. On a accepté de casser les codes»
Suzana Pimenta, conseillère en image à Lausanne

En observant l'âge variable des sélectionneurs à cravate lors de ce Mondial, ce choix vestimentaire ne semble pas être une question de génération. Suzana Pimenta y voit plutôt une explication culturelle: «Dans certains pays, comme le Portugal par exemple, le costume a valeur d'uniforme, il est un habit qu'on sort pour les grands événements, quand les choses deviennent sérieuses.»

Des ambassadeurs et des génies

Et diriger une équipe nationale en Coupe du monde en fait partie. Ses membres sont de véritables ambassadeurs du pays, et le sélectionneur, filmé à maintes reprises pendant le match, est en première ligne. D'où la nécessité de dégager une image adéquate, positive et si possible élégante.

«Des études ont prouvé que notre comportement varie en fonction des vêtements que l'on porte», précise l'experte. On imagine facilement que porter un costume – et la symbolique qui va avec – a de quoi donner un sentiment de crédibilité et de pouvoir à son propriétaire. Soit deux dimensions cruciales pour être le leader d'un groupe, ce qui est justement demandé à un entraîneur.

Switzerland's manager Vladimir Petkovic shouts during the Euro 2020 soccer championship quarterfinal match between Switzerland and Spain, at the Saint Petersburg stadium in Saint Petersburg, Frid ...
Vladimir Petkovic, le prédécesseur de Murat Yakin à la tête de la Nati, optait, lui, pour le costard cravate. Image: keystone

Mais attention, adopter un habillement de prestige peut être à double tranchant. «Il faut absolument éviter le sentiment d'imposture», met en garde Suzana Pimenta.

«Pour avoir confiance en soi en public, il est nécessaire de se sentir à l'aise dans les vêtements que l'on porte, que ceux-ci reflètent notre personnalité et correspondent à nos goûts»
Suzana Pimenta

C'est peut-être aussi pour cette raison que bon nombre de coachs ont délaissé le costard cravate – qui est très rarement leur habillement au quotidien – pour une tenue qu'ils connaissent mieux. Et qui présente aussi, dans le cas du «sport chic» ou du training, l'avantage d'être confortable. Ce n'est pas un détail quand on observe les innombrables gesticulations énergiques des entraîneurs et les mètres qu'ils parcourent derrière la ligne. «On peut tout à fait s'habiller confortablement et être élégant», tient à préciser la conseillère en image lausannoise, qui balaie l'amalgame «décontracté égal négligé».

Les 32 sélectionneurs à la Coupe du monde 2022, en images

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Les sélectionneurs à la Coupe du monde 2022
Félix Sánchez Bas - Qatar
source: keystone / petr david josek
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Suzana Pimenta a aussi observé que beaucoup d'entreprises adoptent une stratégie de communication non-verbale: ressembler à son public, notamment via l'habillement. «Avoir des vêtements plus décontractés, c'est peut-être une manière pour les sélectionneurs de se rapprocher de leurs joueurs et des fans», envisage-t-elle. «Si c'est le cas, ils seraient des génies de la communication non-verbale!»

On peut aussi imaginer que, pour un entraîneur, troquer la cravate contre un polo est un stratagème utile à évacuer la pression inhérente aux gros événements chez ses joueurs. Si c'était l'objectif de Murat Yakin mardi soir contre le Portugal, ça n'a assurément pas marché.

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