C'est un coup de projecteur dont le football espagnol se serait volontiers passé. Depuis dimanche, il est le centre de l'attention de l'actualité sportive à cause des attaques racistes qu'a subies l'attaquant brésilien du Real Madrid, Vinicius Junior, lors de la défaite à Valence (0-1).
Après avoir dénoncé sur le moment à l'arbitre l'un de ses agresseurs verbaux, le prodige auriverde (22 ans) a publié une vidéo lundi soir sur ses réseaux sociaux, dans laquelle il a compilé les comportements racistes du public dont il a été victime cette saison en Liga.
Les images montrent des fans adverses (Atlético Madrid, Valladolid, Majorque et Barcelone), dans les stades ou la rue, insulter le Brésilien de «mono» (singe, en espagnol) ou de «sale nègre» et reproduire des cris de primates. Il y a même un mannequin à l'effigie de la star pendu sous un pont.
Sur Twitter, Vinicius Junior a accompagné la vidéo avec un message dans lequel il s'offusque de ces comportements racistes. Extraits:
Le Brésilien y déplore aussi l'inaction de la ligue:
Les incidents de Valence dimanche ont créé une vague de soutien à Vinicius Junior à travers le monde. Le premier à avoir défendu l'attaquant du Real Madrid est son entraîneur, Carlo Ancelotti, qui s'est insurgé devant une situation «inacceptable» par rapport au racisme dans le championnat d'Espagne. D'autres stars du foot, dont Neymar, Kilian Mbappé ou encore le Brésilien Ronaldo, ont apporté publiquement leur soutien au numéro 20 Madrilène.
Cette affaire a causé l'indignation au-delà du milieu sportif. Le président du Brésil, Luis Inacio Lula da Silva (dit Lula), a même pris la parole lors d'une conférence de presse au Japon:
🇧🇷 Lula condena episódio de racismo contra Vinícius Júnior e se solidariza com o jogador brasileiro.
— Eixo Político (@eixopolitico) May 21, 2023
“Não é possível que, quase no meio do século XXI, a gente tenha o preconceito racial ganhando força em estádios da Europa”, disse o presidente brasileiro. pic.twitter.com/11WofU9qxS
Autre symbole puissant en soutien à Vinicius Junior: le Christ Rédempteur, la célèbre statue qui domine la baie de Rio de Janeiro, a été éteint pendant une heure lundi soir. Une décision prise en commun par l'Eglise catholique locale, la fédération brésilienne de football et l'Observatoire de la discrimination raciale dans le football.
Une initiative qui a plu à Vinicius Junior, comme il l'a fait savoir sur Twitter: «Une action de solidarité qui me touche. Mais je veux surtout inspirer et apporter plus de lumière à notre combat».
Preto e imponente. O Cristo Redentor ficou assim há pouco. Uma ação de solidariedade que me emociona. Mas quero, sobretudo, inspirar e trazer mais luz à nossa luta.
— Vini Jr. (@vinijr) May 22, 2023
Agradeço demais toda a corrente de carinho e apoio que recebi nos últimos meses. Tanto no Brasil quanto mundo… pic.twitter.com/zVBcD4eF8k
Mardi matin, la police espagnole a arrêté trois personnes suspectées d'avoir proféré les insultes racistes envers Vinicius Junior. Le parquet de Valence, lui, a ouvert une enquête pour délit de haine, grâce auquel sont punis pénalement les délits racistes. De son côté, le Conseil supérieur des sports (CSD) espagnol analyse les images pour identifier «les auteurs de ces insultes et comportements pour proposer les sanctions appropriées». Affaire à suivre.