Au lendemain de la défaite de Young Boys sur la pelouse de Manchester City (3-0), une scène fait beaucoup parler dans les médias et sur les réseaux. Elle a eu lieu à la mi-temps, quand les Mancuniens menaient déjà 2-0.
Juste avant de rentrer dans le tunnel des vestiaires, le capitaine bernois Mohamed Ali Camara s'approche de l'attaquant-star de City Erling Haaland pour lui demander son maillot. Le Norvégien accepte, enlève sa tunique et la donne à Camara, sans quémander celle du Bernois en retour. La non-réciprocité est l'une des deux raisons qui rendent cette scène particulière. L'autre est son timing: généralement, l'échange de maillots entre deux adversaires se fait après le coup de sifflet final.
C'est ce moment inhabituel qui offusque certains journalistes et internautes. Pour eux, Camara s'est rabaissé devant Erling Haaland. Demander le maillot de son adversaire en plein match équivaudrait à accorder trop de respect à celui-ci et perdre ainsi le duel psychologique. D'autant plus que le défenseur bernois était au marquage direct de l'avant-centre au catogan blond. Selon le Daily Mail, Haaland, lui aussi étonné, a même sermonné Camara en lui disant: «Tu ne peux pas faire ça».
Le regretté Trifon Ivanov aurait été surpris en voyant le comportement de Camara. On peut facilement l'imaginer en se fiant à l'anecdote que le légendaire défenseur bulgare, passé par Xamax en 94-95 et décédé en 2016, racontait à So Foot. Elle a eu lieu avant une rencontre de Ligue des champions de son équipe, le Rapid Vienne, contre Manchester United à Old Trafford en 1996:
Sébastien Barberis a lui aussi joué à Old Trafford contre Manchester United dans la peau de l'outsider. C'était en 2003, avec le FC Bâle, également en Ligue des champions. Le natif de Sion n'est pas allé faire un tour au fan shop des Red Devils avant le match, mais il ne comprend pas les critiques contre Mohamed Ali Camara:
C'est d'ailleurs aussi l'avis du coach d'YB Raphaël Wicky, qui a été interrogé à ce sujet après la partie. Sébastien Barberis va même plus loin:
L'ex-pro persiste: le capitaine bernois a eu une attitude «totalement normale et humaine». «Il faut laisser aux footballeurs leurs émotions et leur spontanéité», tranche-t-il, en rappelant que le football est avant tout un jeu. Pour Sébastien Barberis, les maillots de la Juventus, Liverpool et Manchester United, tous collectés après des matchs de Ligue des champions et affichés dans sa cave, sont de «magnifiques souvenirs». «Contre Manchester United, j'étais collé à Ryan Giggs les cinq dernières minutes du match pour avoir son maillot», rembobine-t-il avec le sourire au téléphone.
En fait, la seule chose qui le dérange dans l'«affaire Camara», c'est la non-réciprocité d'Haaland. «L'échange de maillot, c'est avant tout une marque de respect envers l'adversaire», argumente le Valaisan.
Si des amateurs affrontent un jour YB en Coupe de Suisse, ils auront peut-être eux aussi le privilège d'avoir leur maillot accroché à côté de celui d'Haaland chez Mohamed Ali Camara.