La police municipale de Saint-Gall avait écrit aux supporters lucernois en leur demandant de ne pas se déplacer lundi en vue de la rencontre de Super League, ou alors de se rendre au stade individuellement. Dans ce contexte, saviez-vous déjà bien avant le match que le parcage visiteurs finirait par être ouvert?
Non, nous y avons simplement réfléchi. Que pouvons-nous faire? Combien de supporters lucernois pouvons-nous gérer? La manière dont un groupe se comporte est également cruciale. Il était certain que les supporters lucernois revendiqueraient des places parmi les fans saint-gallois. Nous ne nous attendions cependant pas à ce que les Lucernois soient aussi nombreux après le message des autorités. Lorsque nous avons compris qu'environ 600 personnes arriveraient ensemble, nous avons soigneusement examiné la situation.
Le FC Saint-Gall est au cœur du débat sur les supporters dans toute la Suisse. Beaucoup estiment que le club a bien fait d'ouvrir son parcage, d'autres non. Cela vous irrite-t-il?
Pas à titre personnel. Mais en tant que président d'un club qui fait des efforts dans ce domaine, je m'oppose aux généralités. Qui peut vraiment se faire une idée? Le sujet est tellement complexe. Je n'accepte pas non plus que l'on qualifie tout un groupe de fauteurs de troubles, sans savoir s'ils ont commis des actes répréhensibles. Il s'agissait pour nous de prendre la meilleure décision possible pour la sécurité des spectateurs.
Dîtes-le-nous.
Je ne sais pas, mais cela aurait été extrêmement difficile à gérer. Je me souviens du match à domicile contre Lucerne l'été dernier, lorsque le parcage visiteurs était fermé. Les supporters du FCL se tenaient sur les sièges d'à côté, il y avait des insultes et de la pyrotechnie. Beaucoup de gens étaient effrayés.
La situation était plus calme lorsque le FC Saint-Gall a joué à Lucerne en février. Pour ce match, les billets ne pouvaient être achetés qu'à Lucerne. Seuls 250 supporters visiteurs avaient fait le déplacement. Pourquoi le FC Saint-Gall n'a pas fait pareil dans son stade?
Nous comptons en discuter, c'est certain. Mais avec une telle décision, nous aurions également rendu plus difficile l'achat des billets pour nos propres supporters, qui ne sont pas concernés par cette affaire. Le fait est qu'en février les obstacles n'étaient pas aussi importants qu'on le pensait. Les supporters saint-gallois ont pu obtenir des billets facilement, par d'autres moyens.
Le FC Saint-Gall aurait également pu limiter l'accès à son stade aux abonnés. Mais cela aurait généré nettement moins de recettes, puisque seuls 12'000 spectateurs seraient venus au lieu des 18'200. On a eu l'impression que les intérêts économiques passaient au premier plan.
Je peux comprendre cette conclusion. Mais pour nous, il ne s'agit pas d'avoir 6'000 fois 35 francs de recettes en plus ou en moins. Voulions-nous vraiment interdire l'accès au stade aux personnes qui n'ont rien à voir avec les incidents survenus à Lucerne en mai 2023? Je ne crois pas. Puis il n'y a jamais eu d'interdiction pour les supporters visiteurs (ndlr: en dehors de la fermeture du parcage). Et vous savez, même sans billetterie, les 800 supporters lucernois auraient pu faire le déplacement.
Vous avez rencontré mardi la conseillère municipale Sonja Lüthi. Elle a mis votre club face à ses responsabilités et déclaré que des mesures supplémentaires étaient nécessaires pour pouvoir maintenir la fermeture des parcages visiteurs. Quelles pourraient être ces mesures?
Cet échange a lieu régulièrement. Nous examinons maintenant quelles solutions intermédiaires sont possibles. Pour nous, il est clair que cela ne peut pas continuer ainsi.
Pourquoi ces mesures ne sont-elles pas efficaces?
Elles ne sont pas suffisantes. Cela fonctionnerait si en plus, la vente des billets pour une région spécifique était interdite. Si des interdictions de voyager étaient prononcées. Mais cela est juridiquement irréaliste et impossible. Il ne faut pas oublier une chose: les secteurs visiteurs et les trains spéciaux servent au maintien de la sécurité, car les groupes de supporters rivaux peuvent ainsi être séparés les uns des autres.
Le modèle en cascade, qui sera introduit cet été, va donc échouer? Après tout, il prévoit également des fermetures de secteurs.
S'il avait été appliqué pour le match de lundi, il n'y aurait pas eu de prévente. Mais nous sommes fondamentalement d'avis que le dialogue doit être la voie à suivre.
Il semble parfois que les clubs et la ligue refusent de prendre leurs responsabilités.
Comme je l'ai dit, nous ne pouvons pas continuer ainsi. Mais en ce qui concerne la responsabilité, où commence-t-elle? Où s'arrête-t-elle? Nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe en dehors du stade, même si cela nous préoccupe et nous concerne aussi. Nous ne pouvons pas le régler, et je pense que nous ne pouvons pas non plus être poursuivis pour cela. Il est insensé que des personnes soient blessées ou que des dégâts soient causés sur le chemin de la gare. Mais pouvons-nous vraiment l'empêcher? Non. Nous serions, je l'avoue, dépassés par les événements. Mais permettez-moi de dire encore une chose.
Oui.
A Saint-Gall, il n'y a presque pas d'incidents. La grande majorité des matchs au Kybunpark se déroulent de manière pacifique et sans débordements. Les médias ne parlent des supporters que lorsqu'il se passe quelque chose de négatif. Les aspects positifs en lien avec eux sont malheureusement trop souvent occultés. Le rassemblement de nombreuses personnes, surtout des jeunes, a pourtant du sens. Deux heures avant le match, nous avons l'impression d'assister au plus grand rassemblement de la région. Je trouve inacceptable de porter des jugements généraux qui touchent tous les supporters.
Adaptation en français: Romuald Cachod.