C'est une petite phrase, publiée sur le site de Sport-Bild la semaine dernière, qui témoigne de tout ce que le Borussia Dortmund a changé cette saison pour revenir au sommet, et rêver d'un incroyable triplé Ligue des champions, championnat et Coupe. Cette phrase, la voici:
«Maloche» fait référence au job, au turbin. Il renvoie aux efforts et à la sueur, à tout ce qu'il faut faire pour gagner un match de football au prix de l'esthétisme. La «Magie», c'est ce que le Borussia a essayé de faire pendant plus de dix ans, avec des esthètes comme Ousmane Dembélé ou Jadon Sancho, sans remporter le moindre titre en championnat.
Le BVB n'a plus été champion depuis 2012, mais tout pourrait changer cette année puisque le club de la Ruhr a autant de points que le Bayern Munich à onze journées de la fin, et à trois semaines d'une confrontation directe entre les deux équipes (le 1er avril) qui promet beaucoup.
C'est la récompense d'un changement d'attitude qu'a pu observer Marco Rose vendredi dernier, lorsque l'ancien entraîneur de Dortmund, viré l'été dernier après une énième 2e place en championnat, est revenu au Signal Iduna Park avec le RB Leipzig. «Il a dû constater à quel point les joueurs de Dortmund avaient changé sous son successeur Edin Terzic. Ils ont désormais cette mentalité qui les fait souffrir et se battre sans fin», a résumé la SonntagsZeitung dimanche.
Le Borussia a encore été bousculé ce soir-là mais il a tenu et s'est imposé (2-1) pour la dixième fois de suite cette année. C'est d'ailleurs en marquant puis en souffrant que les coéquipiers du portier suisse Gregor Kobel avaient pris le meilleur sur Chelsea lors du match aller de Ligue des champions (1-0), ou sur Bochum en 8e de finale de la Coupe d'Allemagne (2-1). «Il est important que nous acceptions le combat», avait déclaré l'entraîneur Edin Terzic après la qualification, comme un hommage aux vertus ouvrières de son groupe.
Vaincre toute résistance pour triompher est typique de ce que les Allemands appellent la «Ruhrpott-Mentalität», en référence à cette région industrielle de l'Ouest du pays. Un joueur incarne cet état d'esprit mieux que personne cette saison: Julian Brandt. Signe que les temps changent, c'est de lui dont on parle le plus aujourd'hui à Dortmund et pas des virtuoses comme Jude Bellingham ou Jamie Bynoe-Gittens.
Le Borussia Dortmund, bien sûr, a toujours des footballeurs techniques et élégants. Mais c'est dans leur association avec des personnalités plus besogneuses (la combinaison Bellingham-Emre Can en est le plus illustre exemple) qu'il fonde son succès. Le journaliste allemand Kai Esser souligne ainsi:
C'est donc en bleu de travail que les «Borussen» se déplaceront sur le terrain de Chelsea ce mardi, avec un but d'avance qu'il faudra défendre avec moins de «Magie» que de «Maloche». Ils savent comment faire: depuis la reprise en janvier, ils ont remporté six de leurs dix matchs officiels avec un seul but d'écart.