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Colombie: le père de Luis Diaz kidnappé par la guérilla ELN

Le père de Luis Diaz, attaquant international colombien de Liverpool, a été kidnappé par des membres de l'ELN, une guérilla d'extrême gauche.
Le père de Luis Diaz, attaquant international colombien de Liverpool, a été kidnappé par des membres de l'ELN, une guérilla d'extrême gauche. image: keystone/watson

Un groupe armé puissant a kidnappé le père de cette star du foot

Le père de l'attaquant colombien de Liverpool Luis Diaz est entre les mains d'un groupe lié à l'Armée de libération nationale (ELN), principale guérilla en Colombie et qui a les dents longues.
03.11.2023, 17:0203.11.2023, 19:09
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Luis Diaz traverse une terrible épreuve depuis samedi dernier. Ce jour-là, ses parents ont été kidnappés par des hommes à moto dans une station service de Barrancas en Colombie (nord du pays), sa ville natale. Si la mère a été secourue et libérée par les autorités quelques heures après l'enlèvement, on restait sans nouvelles du père.

Mais jeudi, l'identité des ravisseurs a été révélée par le gouvernement colombien: il s'agit d'une unité de l'ELN (Ejército de Liberación Nacional), l'Armée de libération nationale.

Liverpool's Diogo Jota celebrates after scoring his side's opening goal holding the jersey of teammate Luis Diaz during the English Premier League soccer match between Liverpool and Nottingh ...
Diogo Jota a rendu hommage à son coéquipier Luis Diaz, logiquement absent du match Liverpool-Nottingham dimanche. Image: keystone

Jeudi également, So Foot annonçait, après avoir contacté un témoin sur place, la «libération imminente» de Luis Manuel Diaz. Elle n'avait pas encore eu lieu vendredi en milieu d'après-midi (heure suisse).

Mais en fait, c'est quoi, cette ELN? Et pourquoi avoir kidnappé les parents d'une star du foot? Voici ce que vous devez savoir👇

L'ELN, c'est quoi?

L'Ejército de Liberación Nacional (l'Armée de libération nationale), abrégée «ELN», est une organisation armée rebelle en Colombie, d'obédience marxiste-léniniste (extrême gauche). Elle a été fondée en 1964, sous l'impulsion de la révolution cubaine (1959), avec l'objectif d'instaurer le communisme pour contrer la large et forte pauvreté dans le pays. Depuis sa fondation, elle est en guerre contre l'Etat colombien et ses gouvernements successifs.

Non, ce ne sont pas des supporters de Neuchâtel Xamax.
Non, ce ne sont pas des supporters de Neuchâtel Xamax. image: eln

Depuis 2016 et la dissolution des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, elles aussi communistes), l'ELN est la principale guérilla du pays. Elle est même la plus vieille d'Amérique du Sud encore active. Selon des sources officielles, le groupe armé, plutôt présent en milieu urbain, a des factions dans 80 municipalités (sur les 1122 que compte la Colombie).

Les estimations du nombre de ses combattants varient entre 2500 et 8500. Contrairement aux FARC, dont l'organisation était très verticale, l'ELN fonctionne comme une fédération, avec donc davantage d'autonomie pour les unités locales.

Que veut-elle?

Malgré ses faibles effectifs, l'ELN jouit d'un fort pouvoir, au point de contraindre le gouvernement colombien à des négociations. Elles ont repris en novembre 2022, après avoir été interrompues dès 2019 et durant plus de trois ans suite à un attentat contre une école de police (22 morts).

Des discussions à nouveau sur la table grâce à l'impulsion de Gustavo Petro, premier président de gauche de l'histoire du pays, élu en août 2022, qui a fait de la «paix totale» (avec l'ELN, mais aussi avec d'autres petits groupes politiques armés ou les narco-trafiquants) l'un de ses objectifs prioritaires. Des négociations entre représentants du gouvernement et de la guérilla ont encore eu lieu en septembre au Venezuela et doivent se poursuivre à Mexico. Un cessez-le-feu de six mois a même été convenu en août, incluant l'arrêt des enlèvements...

Pablo Beltran, of the National Liberation Army (ELN) guerrilla, fourth from left, speaks during the closure of the fourth cycle of peace talks with the Colombian government at the Aquiles Nazoa Cultur ...
Les négociations à Caracas (Venezuela) entre l'ELN et le gouvernement colombien, en septembre 2023.Image: keystone

Si elle ne semble pas briguer les places du gouvernement, l'ELN veut une transformation radicale de la Colombie avec davantage de justice sociale, notamment dans la région pauvre de Barrancas, ville de la famille de Luis Diaz, où le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) recommande d'ailleurs aux Suisses de ne pas se rendre notamment parce qu'il y a un «risque élevé d'être victime d'un enlèvement».

Bernardo Tellez, combattant actif de la guérilla et présent dans la délégation qui négocie, résume les aspirations de l'ELN:

«Il y a trois points principaux à l’agenda: la participation de la société, la démocratie et la transformation sociale pour la paix»
Un chef de l'ELN
epa10947735 A handout photo made available by the Colombian Presidency Office shows Colombian President Gustavo Petro voting during the local and regional elections in Bogota, Colombia, 29 October 202 ...
Gustavo Petro, président de la Colombie depuis août 2022.Image: keystone

La guérilla d'extrême gauche ne veut pas renverser le président colombien actuel, lui-même ancien guérillero dans sa jeunesse (groupe M-19), qui partage avec elle le souci d'équité sociale. «Nous aspirons à ce que le gouvernement puisse mettre en œuvre ce changement et que les pouvoirs qui contrôlent de facto ce pays permettent à Petro d’atteindre ses objectifs», résume Tellez.

Pourquoi un enlèvement?

Pour financer sa guérilla, l'ELN a eu recours à plusieurs moyens classiques (et illégaux) pour un groupe dissident: racket, prélèvement de taxes, exploitation minière illégale, trafique de drogue et donc enlèvements, contre des rançons. Conséquence: l'organisation est considérée comme terroriste par les Etats-Unis, le Canada et l'Union européenne. Ouest-France rappelle que quelque 38 000 kidnappings ont eu lieu ces 60 dernières années en Colombie dans le cadre de cette guerre civile.

Si aucun contact pour demander une rançon n'a eu lieu entre les kidnappeurs et l'entourage de Luis Diaz, on peut facilement imaginer que la fortune du footballeur – dont le salaire annuel est de 3,5 millions de francs suisses, selon Foot Mercato – a donné quelques idées du genre aux ravisseurs.

Autre hypothèse possible: un échange de prisonniers, sachant que des membres de l'ELN croupissent encore dans les prisons colombiennes. Les prochaines heures – avec, on l'espère, la libération du père de la star de Liverpool – nous apporteront peut-être des réponses.

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