Les choses peuvent parfois aller très vite. Il y a quelques semaines encore, des gens à Bâle exprimaient de la peur et envisageaient une lutte contre la relégation. Mais en huit matchs sous les ordres de l'entraîneur intérimaire Heiko Vogel, le vent a tourné. Le FCB n'a plus concédé qu'une seule défaite.
Il y a plusieurs raisons à cela. L'une d'elle se nomme Zeki Amdouni. Neuf buts et deux passes décisives sont l'oeuvre de l'attaquant genevois au cours de cette année civile. Cette efficacité n'a pas seulement ramené la confiance à Bâle, mais a aussi éveillé l'intérêt pour Amdouni en tant que personne.
Dans le centre de presse du parc Saint-Jacques de Bâle, le jeune homme de 22 ans évoque un sujet qu'il a souvent eu l'occasion d'aborder ces dernières semaines: sa facilité à marquer et son sens du but soudainement retrouvé. Amdouni explique à Keystone-ATS qu'il ne fait rien de différent dans ses gestes, ni dans son placement sur le terrain. «Maintenant, tout simplement, j'ai de nouveau de la réussite et ça me fait booste.»
En ouvrant le score à domicile contre Trabzonspor il y a deux semaines, le Genevois a inscrit l'un de ses buts les plus importants sous le maillot bâlois. Un but dans un contexte particulier: ce match intervenait après les tremblements de terre qui ont ravagé la Turquie, et le père de Zeki Amdouni est originaire de cette région.
«Mais ni mon père ni moi ne sommes des supporters de Trabzonspor, donc je n'ai eu aucun problème à marquer», sourit Amdouni, dont le cœur de supporter bat pour le Besiktas Istanbul. Deux semaines plus tard, le Genevois marquait à nouveau contre le Slovan Bratislava en match aller des huitièmes de finale. Même s'il ne s'agissait «que» de la Conference League, la troisième division européenne, Amdouni s'est une nouvelle fois illustré aux yeux du monde. Il en rêvait depuis longtemps, mais ce n'était pas gagné.
En 2019, le Stade de la Fontenette était encore sa patrie footballistique. Amdouni était attaquant à l'Etoile Carouge en 1ère ligue, il s'entraînait tous les soirs de la semaine à 17 heures et montrait déjà de la facilité. Au cours de ses deux saisons avec les Stelliens, Amdouni a été un élément clé de la montée en Promotion League.
C'est à ce moment-là que le jeune homme aurait dû percer. A l'âge de 14 ans, son club d'origine, le Servette FC, a estimé qu'il n'avait pas le potentiel pour entamer une carrière professionnelle. Amadouni a dû quitter le centre de formation des Grenats. «Pour moi, il a toujours été clair que je voulais devenir pro», réitère Amdouni aujourd'hui.
Pour y parvenir, il a accepté des détours par «l'arrière-pays». C'est via Meyrin et l'Etoile Carouge qu'il a obtenu un contrat professionnel au Stade Lausanne-Ouchy. Avec les Vaudois, il a rencontré une première fois le FC Bâle en octobre 2019, en huitième de finale de la Coupe.
Mais si les Bâlois s'intéressaient déjà à lui, le saut était trop grand. C'est ainsi que le rival du SLO, le Lausanne-Sport, est passé à l'action et qu'Amdouni est arrivé en Super League. «Je pense que j'ai choisi les bonnes étapes dans ma carrière», estime Amdouni avec du recul, en soulignant combien lui et sa famille ont tenu à rester humble lorsque des clubs plus huppés se sont disputés ses faveurs. Pour sa première saison en Super League, il a marqué 12 buts, ce qui n'est pas fréquent.
Il n'a certes pas pu empêcher la relégation de Lausanne, mais il a pu préparer la prochaine étape de sa carrière dans des conditions optimales. Et cette étape ne l'a pas conduit à Nice, le club partenaire de Lausanne, mais au FC Bâle. Sa deuxième saison en Super League - «la saison de la confirmation», dit-il. Les Bâlois ont acquis Amdouni en prêt pour deux ans, ensuite de quoi ils disposent d'une option d'achat qui, selon les sources, devrait s'élever à 3 ou 4 millions de francs.
Amdouni espère que les dirigeants du FCB finiront par lever cette option. «Il ne faut pas perdre la tête et garder les pieds sur terre, insiste le jeune homme. Cela a toujours été ma devise et le restera toujours». Ce sont des paroles assez rares pour un footballeur qui vient de passer six mois excitants et glorieux.
Bâle n'est pas le seul à avoir identifié le potentiel du citoyen turco-tunisien-suisse: l'entraîneur national Murat Yakin l'a convoqué lors des deux derniers rassemblements de la Suisse avant la Coupe du monde. En septembre, contre la République tchèque, Yakin a fait entrer le Genevois en fin de match, s'assurant ainsi qu'il ne soit pas débauché par la fédération turque ou tunisienne.
C'était «très émouvant», avoue Amdouni, qui espère participer aux prochaines campagnes de la Nati. Il est d'ores et déjà clair qu'il participera cet été à l'Euro en Roumanie et en Géorgie avec les M21.