Imaginez que vous commencez un nouveau job, mais que vous devez vous attendre à le quitter dans l'année qui suit. Ça arrive rarement pour la grande majorité des travailleurs, mais pour les entraîneurs de football, c'est le pain quotidien.
Quand les choses tournent mal, ils sont renvoyés. Et rapidement! Une nouvelle étude de l'Observatoire du football CIES de Neuchâtel le prouve, avec des chiffres impressionnants.
Les chercheurs neuchâtelois ont étudié 850 équipes de première division de 60 pays à travers le monde entier. Et ils ont constaté que 57% d'entre elles ont licencié leur entraîneur depuis le début de la saison. Concrètement, ça signifie que dans plus d'un club sur deux, le technicien choisi par les dirigeants avant le début de la saison n'est plus sur le banc. Voici d'autres constats qui interpellent dans cette étude👇
Alain Geiger a raconté un jour qu'il avait appris en Afrique du Nord pourquoi on dit aux entraîneurs qu'ils doivent toujours être assis sur leurs valises. Et effectivement, il n'y a guère de région du monde où les aventures de coach se terminent aussi vite. En Algérie, 13 entraîneurs sur 16 ont été licenciés cette saison. En Egypte? 14 sur 18. La palme revient à la Tunisie: 16 sur 16 (!). Soit un taux de limogeage de 100%, ce qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde.
Le carrousel des entraîneurs tourne aussi à toute vitesse dans les Balkans. En Premijer Liga, la plus haute division de Bosnie-Herzégovine, un seul club a encore le même entraîneur qu'en début de saison (taux de limogeage: 92%). En Macédoine du Nord, il n'y en a également plus qu'un. Du côté de la Serbie, deux coachs sur seize ont survécu jusqu'à aujourd'hui. En comparaison, l'Albanie et la Croatie sont presque des pays de longue durée: le taux de licenciement des entraîneurs y est de «seulement» 70%.
De nombreux coachs ont également giclé au Costa Rica, en Thaïlande, à Chypre ou en Hongrie. Dans tous ces pays, leur taux de licenciement est égal ou supérieur à 80%.
Chaque entraîneur rabâche qu'il a besoin de temps pour que son travail porte ses fruits. C'est en Inde qu'il a le plus de chances d'en obtenir, et de loin. Seul un entraîneur sur onze y a perdu son emploi. Les autres leaders de la stabilité sont Malte, l'Australie, la Jamaïque et... la Suisse.
La Suisse est donc dans le groupe de tête des pays qui licencient le moins leurs coachs, avec un taux de limogeage de 30%. Pour rappel, le FC Zurich, le FC Bâle et, bien sûr, le FC Sion (trois fois) ont changé d'entraîneur cette saison. Soit trois équipes sur les dix de Super League. Notre championnat est ainsi 5e sur 60.
Mais il en a déjà été tout autrement. Par exemple l'année dernière: six clubs sur dix avaient alors licencié leur entraîneur. Même chose lors de la saison 2018/19. Et l'exercice précédent, en 2017/18, sept clubs sur dix ont même vu leur entraîneur partir prématurément.
L'argent peut acheter beaucoup de choses, les Anglais le prouvent depuis un certain temps déjà. Grâce aux contrats de télévision lucratifs, ils ont depuis longtemps pris de l'avance sur leurs concurrents, y compris sur les autres membres de ce que l'on appelle le «Top 5», les cinq meilleurs championnats d'Europe.
Mais apparemment, l'argent rend aussi impatient. En Premier League, les entraîneurs sont en tout cas plus vite licenciés que dans tous les autres grands championnats européens: 11 des 20 clubs ont changé de coach. En France et en Espagne, c'est la moitié (10 sur 20). Et dans la Bundesliga allemande, ce nombre descend à 44%.
Et qui accorde le plus de tranquillité aux entraîneurs de haut niveau sur le continent? Ça va à l'encontre du cliché habituel, mais ce sont bel et bien les clubs italiens. Treize équipes sur les vingt de la Serie A ont toujours le même technicien qu'au début de la saison.
Celui qui ne parvient pas à faire décoller son équipe avant la mi-saison vit dangereusement. Selon l'étude, les clubs licencient leurs entraîneurs en moyenne après 45% des matchs disputés. Les patrons des clubs roumains interviennent particulièrement vite: ils ont tiré sur la corde après seulement un quart de la saison en moyenne.
Dans la Premier League jamaïcaine, le limogeage n'arrive en moyenne qu'après 65% des journées disputées. En général, les Jamaïcains accordent beaucoup de temps: ils occupent la première place au classement de la patience et la quatrième au niveau des taux de licenciement. Cool rasta!
Adaptation en français: Yoann Graber