Certains entraîneurs rêveraient sans doute de coller un GPS à leurs joueurs même en dehors de la glace, histoire de contrôler qu'ils ne sont pas en train d'enquiller les verres dans un bar ou faire les oiseaux de nuit la veille d'un match important. Heureusement, aucun coach de National League, à notre connaissance, n'a cédé à la tentation d'utiliser cette technologie pour fliquer ses collègues.
Ce n'est donc pas pour passer entre les mailles du filet que Marc-Antoine Pouliot a balancé ses épaulières contenant la puce géolocalisatrice (un petit boîtier) dans le public, lors des festivités du titre de Genève-Servette le 27 avril dernier. Mais l'excès d'euphorie de l'attaquant des Aigles a malgré tout mis un peu dans le pétrin le staff, au point qu'une annonce a été publiée sur les réseaux sociaux du club pour retrouver ces épaulières. Parce que, oui, un GPS est devenu un outil indispensable dans le sport professionnel, y compris le hockey sur glace. Il est surtout utilisé par les préparateurs physiques, qui décortiquent les données générées.
Parmi elles, il y a la distance totale que le hockeyeur a parcourue durant le match. Elle donne une information sur le volume physique que ce dernier est capable de fournir. En calculant aussi les vitesses de patinage, un GPS renseigne sur les efforts à haute intensité (les sprints) que le joueur est capable d'enchaîner. Des données complémentaires telles que le rythme cardiaque, le temps total passé sur la glace ou le nombre de shifts permettent d'évaluer la forme du hockeyeur.
Ces informations sont analysées sur le moment, en direct, ou après les matchs. Dans le premier cas, elles permettent à l'entraîneur d'ajuster son alignement et/ou ses consignes en fonction du niveau d'énergie de ses protégés. Le second usage offre, lui, l'opportunité d'adapter le programme d'entraînement selon les besoins: ajouter ou, au contraire, diminuer la charge d'entraînement; axer les séances sur la condition physique (ou non); planifier les temps de repos. Zack Leddon, le coach adjoint de condition physique de Washington en NHL, résume les fonctions d'un GPS:
Cette technologie revêt aussi un intérêt tactique: en géolocalisant les hockeyeurs, elle permet d'analyser les zones sur la glace occupées par ces derniers. Un entraîneur peut donc savoir si son équipe a suffisamment pénétré le camp adverse ou si elle est trop restée dans sa zone défensive, par exemple. Il a la possibilité de juger de l'apport défensif et offensif de chacun de ses hockeyeurs.
On comprend, dès lors, pourquoi Genève-Servette tient tant à récupérer le GPS de Marc-Antoine Pouliot. Et pour le contrôle de ses joueurs un peu trop fêtards, le club pourra toujours envoyer son aigle mascotte, Sherkan, patrouiller dans les rues de la cité de Calvin.