Avec ses 176 cm, l'homme qui porte le numéro 10 sur son casque est l'un des plus petits sur la glace de la patinoire d'Oerlikon (ZH). Pourtant, il se distingue. Même s'il est de loin le plus âgé, personne ne patine après les pucks avec plus d'enthousiasme qu'Andres Ambühl. Et pourtant, il s'agit seulement d'un entraînement, le dernier sur sol suisse avant les championnats du monde à Riga (12 au 28 mai). Son plaisir de jouer ressemble à celui du petit garçon qui a chaussé ses patins pour la première fois à l'âge de sept ans.
Son métier est «joli», a l'habitude de dire le Grison de 39 ans en utilisant l'un de ses adjectifs préférés («hübsch», en allemand). Il le fait même dans l'ambiance peu glamour d'Oerlikon. L'essentiel, c'est qu'Andres Ambühl ait des patins et de la glace dessous. Jeudi face à la Suède dans une rencontre de préparation (défaite helvétique 3-0), le fils de paysan de la vallée de Sertig a disputé son 306e match avec la Nati. Il détient seul, du coup, le record de capes avec la Suisse (Mathias Seger en compte 305).
L'attaquant davosien n'est pas connu pour ses émotions exubérantes. «Je n'y ai pas encore réfléchi», avouait-il avant de quitter la Suisse. Il concédait toutefois: «C'est très spécial. Surtout si l'on considère que Seger est celui qui en a le plus jusqu'à maintenant.»
Même s'il fêtera ses 40 ans en septembre, le temps ne semble pas avoir de prise sur le Grison. Il vient de prolonger son contrat avec le HC Davos de deux années supplémentaires. Alors si vous voulez le secret de la jeunesse éternelle, contactez Andres Ambühl!
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— Hockey Club Davos (@HCD_off) March 15, 2023
N'est-il donc jamais fatigué? Le vétéran laisse échapper ce rire plein d'espièglerie qui le caractérise. «Comme tous les autres», affirme-t-il.
Le quintuple champion suisse (quatre fois avec Davos et une fois avec les ZSC Lions) est toutefois lucide. «Ça peut très vite changer. Pour l'instant, je profite simplement de la situation.»
Bien qu'il soit désormais père de deux filles (3 ans et 1 an), il n'était pas question de renoncer à ces Mondiaux.
Oui, il y a 30 ou 40 ans, partir disputer un tournoi loin de sa famille devait certainement être plus compliqué mentalement.
Dans ces championnats du monde, Ambühl peut encore améliorer ses propres records. Il s'agira de sa 18e participation. ll détient déjà le record tous pays confondus depuis l'an dernier et sa 17e édition, tout comme celui des matchs disputés dans des Mondiaux (123). Le Grison a fait ses débuts le 25 avril 2004 à Prague, en marquant un but lors de cette victoire 6-0 contre la France.
Et dire que Patrick Fischer, l'actuel sélectionneur, était à ce moment son coéquipier! Depuis, le capitaine du HC Davos n'a manqué qu'une seule édition des Mondiaux, en 2018, à cause d'une blessure. A cet impressionnant CV, il faut ajouter cinq tournois olympiques.
Il n'a pas regardé l'épopée de la Nati jusqu'en finale des Mondiaux 2018. Ça aurait été trop douloureux de ne pouvoir suivre ses coéquipiers qu'à la télévision. Mais cinq ans auparavant, il avait lui-même remporté l'argent à Stockholm.
Outre son mode de vie très sérieux, Andres Ambühl doit sa longévité sans grandes blessures à l'entraînement naturel qu'il a suivi dans son enfance. Aîné d'une famille de quatre enfants et fils unique, il a été très tôt impliqué dans la ferme de montagne de ses parents. Il gardait les vaches sur l'alpage et aidait à faire les foins. En plus de son pragmatisme, le Grison a reçu dans la maison familiale l'enthousiasme pour le sport. Il s'en souvient:
Ambühl a survécu à la cure de rajeunissement qui a suivi les JO décevants de Pékin. Le vétéran, véritable boule d'énergie et souvent surnommé le «lapin Duracell», est trop indispensable, notamment dans son rôle de modèle. Mais il ne considère pas sa présence avec l'équipe nationale comme une évidence. C'est, par contre, pour lui un honneur:
Mais Andres Ambühl ne sait donc toujours pas ce que c'est que de devoir l'accepter. (ats/abu/yog)