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Des ruines au maintien, le SC Langenthal est toujours en vie

Des ruines au maintien, le SC Langenthal est toujours en vie
Il y a un peu plus d'un an, le SC Langenthal faisait ses adieux au hockey professionnel lors d'une défaite 5-2 à Olten.Image: KEYSTONE

Ce club suisse survit grâce à des miracles

Plus d'un an après sa relégation volontaire, marquant la fin du professionnalisme, le SC Langenthal est toujours en vie à l'échelon amateur, grâce à un journaliste et d'anciens professionnels.
21.02.2024, 16:38
Klaus Zaugg / ch media
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Nous sommes en décembre 2022. Coup de tonnerre à Langenthal. Le président Gian Kämpf annonce le retrait volontaire de son club, qui n'évoluera plus en Swiss League la saison suivante. Le 22 février 2023, après une défaite 5-2 en quart de finale des play-offs à Olten, le chapitre du hockey professionnel se referme. Le SC Langenthal retrouve officiellement la MyHockey League, la plus haute division amateur en Suisse, un peu plus de 20 ans après l'avoir quittée.

Dans sa chute, le club emmène avec lui trois titres (2012, 2017 et 2019), et cette étude de faisabilité, concernant une éventuelle montée en National League, qui prenait la poussière depuis longtemps. Les fans et les joueurs pleurent. Le président Gian Kämpf ne fait pas qu'éteindre les lumières de la patinoire. Il s'éclipse par la petite porte. La société anonyme est dissoute. Le club se retrouve sans rien, alors que Langenthal, à mi-chemin entre Berne et Zurich, est considérée comme la ville comptant le plus grand nombre de millionnaires par rapport à sa population.

Il y a beaucoup d'entreprises dans la région. Des PME, mais aussi de plus grandes sociétés. Mais personne ne veut véritablement s'engager dans le hockey. Les politiciens, millionnaires ou dirigeants préfèrent ne pas s'exposer – ils ne veulent pas reprendre la responsabilité du club. Ainsi, pour la première fois dans l'histoire du hockey suisse, un journaliste devient le président d'une équipe importante. Il se nomme Walter Ryser.

De journaliste à président

Ryser suit le SC Langenthal depuis le début des années 80 en tant que journaliste. Il a été critique envers le club, mais aussi bienveillant. Il n'osait pas imaginer succéder un jour aux présidents emblématiques, comme le Conseiller d'Etat Hans-Jürg Käser ou le titan de l'immobilier Stephan Anliker.

Il s'était un temps éloigné du SC Langenthal, pour devenir rédacteur en chef du Langenthaler Tagblatt, puis directeur de la publication à l'Unter Emmentaler. Walter Ryser a également fondé sa propre agence de communication. Il est aujourd'hui le président du club, mais la fonction reste décorative, si l'on compare avec l'ancienne société anonyme, à l'époque du professionnalisme. Aujourd'hui, tout repose néanmoins sur lui.

«Puisque la SA a été dissoute, nous avons dû repartir de zéro. Nous avons dû créer une nouvelle société anonyme pour l'équipe amateur et négocier de nouveaux contrats pour tout, les joueurs, les entraîneurs, le secrétariat, les services... Début août, nous ne savions pas encore si nous allions engager une équipe en MyHockey League»
Walter Ryser
Walter Ryser, président du SC Langenthal.
Walter Ryser, président du SC Langenthal.image: Marcel Bieri

Les journalistes sont souvent d'excellents dirigeants. Walter Ryser en est la preuve. Il a décroché quatre sponsors principaux, garantissant au club un total de 300 000 francs par saison sur trois ans.

«Nous aurions découragé tout le monde»

Le néo-président parvient à convaincre la ville de prendre en charge la location de la patinoire sur la même période. Il sauve la section junior, et lorsque la saison débute, il y a bel et bien une équipe à Langenthal. Elle perd d'abord 10 de ses 12 premiers matchs et ne quitte pas les entrailles du classement pendant de longs mois.

«Nous nous attendions à ça, nous avons toujours su qu'il faudrait beaucoup de chance pour obtenir le maintien direct. Mais nous ne pouvions pas le dire ainsi avant la saison. Nous aurions découragé tout le monde»
Walter Ryser

Langenthal s'est sauvé lors du dernier match de saison régulière. Une rencontre face à un concurrent direct, les Düdingen Bulls, qui avaient alors le même nombre de points. Le gagnant jouerait les pré-playoffs, le perdant les playouts. 2'022 spectateurs étaient présents au Schoren le soir de la Saint-Valentin pour cette épreuve de force. A titre de comparaison, ils étaient presque aussi nombreux (2'046) lors du dernier match de saison régulière à domicile, en Swiss League, le 3 février 2023 contre La Chaux-de-Fonds. Langenthal affronte désormais le SC Lyss en pré-playoffs et a de bonnes chances de se qualifier pour la suite des événements.

Il s'agit clairement d'un sauvetage in extremis. Car pour s'en sortir, le directeur général Marc Kämpf a rechaussé les patins lors des neuf derniers matchs de la saison régulière. Le patron des jeunes, Stefan Tschannen, a fait de même pour les deux dernières rencontres, alors qu'il est âgé de 39 ans et qu'il a pris sa retraite sportive il y a maintenant deux ans. Son maillot est toujours accroché sous le toit de la halle.

Un brin de nostalgie

Stefan Tschannen, Fabio Kläy et Marc Kämpf ont formé lors des deux derniers matchs la ligne nostalgique qui faisait encore fureur en Swiss League lors de la saison 2021/2022. Ils ont offert des victoires salvatrices contre Lyss et Guin. Toutefois, les critiques ont vite suivi. Certains se sont amusés à dire qu'il manquait Joachim Vochetzer, le gardien le plus emblématique du club, uniquement parce que le nonagénaire organisait son placement en maison de retraite.

Walter Ryser supporte néanmoins les moqueries avec sérénité. Il a réussi à reconstruire le club en partant de rien, tant sur le plan sportif qu'économique. Il a renouvelé l'enthousiasme pour le hockey dans la ville.

En moyenne, 1'155 personnes se sont précipitées dans le temple délabré du Schoren.

Jamais auparavant un club de Suisse alémanique n'avait connu une telle affluence en troisième division - au cours de la saison régulière. Tout cela en ayant bataillé au fond du classement durant de nombreuses journées, et perdu les quatre matchs contre le rival local, le Hockey Huttwil.

A Langenthal, c'est désormais une certitude, le hockey vit toujours.

Adaptation en français: Romuald Cachod.

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