Il fut un choix de premier tour à la draft (2011, Calgary) avant de connaître des débuts tonitruants en NHL, le tonnerre et la foudre, avec trois buts en cinq matchs alors qu'il était encore junior. Depuis ce vendredi 4 août, il est un jeune retraité de 30 ans qui, de sa propre initiative, a demandé la résiliation de son contrat avec le CP Berne. Et qui, du même coup, renonce à des émoluments de 1,4 million de francs.
En 2010, alors qu'il est un junior très talentueux - il a parfois inscrit trois points par match à Langenthal - il file à Portland pour conquérir le monde du hockey. Il totalisera 66 buts et 72 assists en 294 matchs de NHL et gagnera jusqu'à quatre millions de dollars bruts, bonus compris, lors de sa meilleure saison en 2018/19.
Il a passé sa dernière année (2021/22) dans la nouvelle franchise de Las Vegas (une seule apparition en NHL). Le temps était venu pour lui de prendre un nouveau départ.
Il a derrière lui une carrière mouvementée en Amérique du Nord. Comme on le comprendra plus tard, il ne s'est jamais complètement remis d'une commotion cérébrale subie il y a cinq ans à Vancouver.
Sven Bärtschi n'est pas un titan (180 cm/86 kg). Mais c'est un ailier intelligent, très doué techniquement, capable de transformer sa canne de hockey en baguette magique et d'éliminer ses adversaires en finesse sur la surface d'un linge de bain.
Dans sa meilleure période, la NHL était encore plus rude. Les «papillons» de haut niveau comme lui avaient beaucoup plus de mal qu'aujourd'hui. La dépense d'énergie était énorme. Bärtschi ne pouvait pas non plus disputer tous les matches en raison de blessures. Son meilleur score: 18 buts et 35 points en seulement 68 matches (2017/18).
Alors pourquoi ne pas envisager un retour au pays, dans sa région de Berne (il est originaire de Langenthal), et y retrouver la passion du hockey dans une ligue moins rude en termes de course et de vitesse? De toute sa carrière, il n'avait jusqu'alors jamais disputé un match en National League. Toute son expérience dans le hockey professionnel helvétique se limitait à 47 matchs de LNB avec Langenthal (12 points) à l'âge junior.
Au SCB, la direction a mené une saine réflexion au printemps 2022, dans une période de turbulences sportives dont elle était elle-même responsable: lorsqu'un drafté au premier tour de la NHL, originaire de la région bernoise, cherche un nouveau défi dans son pays d'origine, il vaut la peine de consentir un investissement important.
Sven Bärtschi est un «transfert royal» pour le SCB en été 2022, avec un potentiel de 50 points par saison. L'ex joyau de la NHL obtient un contrat de trois ans d'une valeur totale brute d'exactement 2,1 millions de francs. Avec un salaire annuel de 700 000 francs, le SCB fait de Sven Bärtschi le joueur suisse le plus cher de son histoire. Mais aux yeux du club, le contrat correspond à la valeur du joueur sur le marché. Il s'agit aussi de donner un signal à toute l'Europe après la saison la plus faible sur le plan sportif depuis le retour en LNA (11e place).
L'engagement de Sven Bärtschi se révèle certes rétrospectivement comme la plus grande et la plus coûteuse erreur de transfert dans l'histoire du SCB. Mais connaissant la situation du club au printemps 2022, ce n'était pas une erreur. Et pour Sven Bärtschi, il était certes illusoire d'espérer retrouver la passion du hockey dans son pays d'origine. Il a terminé la saison régulière avec quatre buts et dix assists en 44 matches et s'est parfois retrouvé dans les tribunes. Mais l'aventure du SCB valait la peine d'être tentée et ne constituait pas une erreur de jugement.
Après la saison dernière et avant son départ pour Portland, où il passe la pause estivale, Sven Bärtschi est arrivé à la conclusion, après une longue discussion avec le manager bernois Marc Lüthi, de faire une nouvelle tentative pour la saison 2023/24. Changement de programme: il y a trois jours, Bärtchsi a appelé Lüthi pour lui demander de résilier son contrat. Après la confirmation écrite, les rapports de travail ont pris fin avec effet immédiat et pour solde de tout compte.
Sven Bärtschi termine sa carrière la tête haute. Il aurait pu tenter une nouvelle fois sa chance et toucher beaucoup d'argent. Tout en sachant qu'il ne pourrait plus jouer son meilleur hockey. Mais ce n'est pas son genre. C'est tout ou rien. Il a donc demandé la résiliation de son contrat, renonçant ainsi aux 1,4 million de francs qu'il aurait pu encore gagner au cours des deux années de contrat restantes au SCB.
Sven Bärtschi vit avec sa famille à Portland. C'est là qu'il a lancé sa carrière avec une distinction de «rookie of the year» (66 matchs/85 points en qualification, 21 matchs/27 points en playoffs) chez les Winterhawks, au plus haut niveau junior nord-américain dans la rude WHL. C'est également ici qu'il a rencontré sa femme et qu'il possède une maison. Même si en Amérique du Nord, la moitié d'un salaire brut part aux impôts, il a gagné au total plus de 10 millions de dollars en NHL.
Un retour en Suisse n'est pas prévu. Les Winterhawks, l'une des meilleures organisations de jeunes en Amérique du Nord, chercheront à s'attacher ses services assez rapidement.