La création de la Coupe Spengler en 1923, il y a 100 ans maintenant, est en quelque sorte le «big bang» du hockey suisse, la naissance de notre culture hockey. Aucun autre événement n'a autant contribué à la popularité de ce sport, et avec un peu de recul, nous pouvons aujourd'hui nous en rendre compte. Le président du HC Davos, Gaudenz Domenig, est persuadé que le tournoi existera encore dans 100 ans:
Dans 100 ans, la participation des femmes sera certainement devenue une évidence. «Nous réfléchissons effectivement à la manière d'intégrer le hockey féminin dans le tournoi. Nous débuterons cette année par un match entre le HC Davos Ladies et le Le HC Ambri-Piotta Girls, le 30 décembre à 11h00. La rencontre comptera pour le championnat et nous visons un nouveau record de spectateurs pour un match de la ligue féminine», annonce Domenig.
L'intégration du hockey féminin à la Coupe Spengler ne devrait pas poser de problème. Bientôt, la présence des femmes ne se limitera pas à un seul match.
Même si les rencontres de la PostFinance Women's League n'attirent que 126 spectateurs en moyenne, les organisateurs peuvent se permettre d'investir dans le hockey féminin, notamment parce qu'ils ont les reins solides.
Il y a 100 ans, la Coupe Spengler n'était pas ce qu'elle est, et c'est le HC Davos qui la portait. Aujourd'hui, il semblerait que ce soit la Coupe Spengler qui porte le HC Davos, du moins sur le plan économique. Le président Domenig tient néanmoins à rappeler que «65% du chiffre d'affaire du club provient du championnat». Mais il est vrai que sans la Coupe Spengler, le HCD ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.
Le tournoi n'a pas toujours été une affaire lucrative. Il a même coûté de l'argent, et ce, pendant longtemps. «Dans les années 1970, il y avait des procès-verbaux enregistrant des pertes. Lors des réunions, nous nous demandions qui pourrait bien combler le déficit de 15'000 francs», se souvient le président. La Coupe Spengler n'est devenue rentable qu'à partir de la fin des années 80, et c'est seulement au début du siècle qu'elle a commencé à devenir juteuse. «Encore en 2001 ou 2022, le bénéfice ne dépassait pas le million», précise Domenig. Et aujourd'hui? «Un peu plus de deux millions», estime-t-il. Les retransmissions en direct à la télévision, depuis les années 60, ont aidé à propulser l'événement.
A l'avenir, les habitudes pourraient changer de façon spectaculaire. Depuis que la Coupe Spengler existe, le championnat est suspendu entre Noël et Nouvel An, et de ce fait, le HCD reverse aujourd'hui plus d'un demi-million de francs aux clubs de National League ne participant pas à la compétition. Certes, le contrat court jusqu'en 2026, et abolir une tradition centenaire ne se fait pas en un jour. Mais Gaudenz Domenig l'affirme, il n'est pas certain que cette entente avec la ligue soit prolongée.
L'un de ceux qui espèrent secrètement que la pause de la Coupe Spengler soit supprimée se nomme Willi Vögtlin, «Monsieur Calendrier» de la National League. «Je saluerais cette mesure. Nous aurions alors une semaine de plus pour les rencontres de championnat, et nous pourrions facilement rattraper ou anticiper les deux matchs manqués pendant les fêtes du HCD et de la deuxième équipe suisse invitée», explique-t-il avec un intérêt non dissimulé.
Adaptation en français: Romuald Cachod.