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Football féminin: le président de l'ASF répond aux reproches

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Dominique Blanc (au milieu) lors de la conférence de presse de lancement de la candidature au Championnat d'Europe 2025.Image: sda
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Le président de l'ASF répond aux reproches sur le football féminin

Dominique Blanc, président de l'Association suisse de football, se réjouit de l'Euro à domicile et affronte les critiques qui lui sont faites de ne pas suffisamment promouvoir le football féminin.
08.04.2023, 11:5008.04.2023, 17:53
raphael gutzwiller
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Après avoir obtenu l'organisation de l'Euro féminin en 2025, Dominique Blanc, président de l'Association suisse de football, est toujours à Lisbonne pour le congrès de l'UEFA. Nous l'avons joint pour une interview individuelle.

A la demande de l'ASF, le Vaudois répond également aux reproches sur le manque de soutien au football féminin. Meret Yannice Wälti, la sœur de la capitaine de l'équipe nationale Lia Wälti, a écrit une tribune pour CH Media (auquel watson appartient) que nous avions publiée ici, selon laquelle les hommes souhaitent que le football reste le plus masculin possible.

Dominique Blanc, félicitations: l'Euro 2025 aura lieu en Suisse. Qu'est-ce qu'un tel événement peut changer?
Dominique Blanc: Cet Euro à domicile peut améliorer la promotion existante du football féminin. Il peut offrir une plus grande visibilité. Nous espérons qu'il nous permettra d'accélérer la tendance déjà croissante du nombre de filles et de femmes licenciées.

Mais si la joie est grande, tout ne va pas pour le mieux dans le football féminin suisse.
Nous poursuivons sur une voie empruntée il y a quelques années déjà. Et pourtant, je constate une nette amélioration depuis trois ans. En 2020, nous avons initié une stratégie dans laquelle le football féminin devient la deuxième priorité de l'ASF. Depuis, nous avons nommé une directrice, d'abord Tatjana Haenni et maintenant, depuis le début de l'année, Marion Daube. Bien que les ressources de l'Association aient diminué, nous avons continué d'augmenter nos investissements dans le football féminin. De plus, nous avons pu conclure un contrat avec Axa pour la Women's Super League et nous nous appuyons en parallèle sur d'autres sponsors solides. Les premiers partenariats médiatiques ont été conclus pour la ligue. Enfin, l'équipe nationale féminine dispose des mêmes conditions que les hommes pour tout ce qui touche à l'hébergement et aux vols. La fédération reste fidèle à son objectif de promouvoir et de soutenir le football féminin.

Mais la différence avec le football masculin reste énorme. La preuve avec le cahier des charges de la directrice Marion Daube qui, outre les équipes nationales, est également responsable de la ligue, des associations régionales et du centre de formation.
Bien entendu, Marion Daube travaille énormément pour le football féminin. Mais on ne peut pas résumer aussi simplement ses activités et les comparer avec celles des hommes. La proportion de footballeuses augmente certes, mais elle n'est que de 10,9% de tous les joueurs et joueuses licenciés. Il y a donc moins d'équipes à coordonner que chez les hommes. Et puis, certains départements transversaux, comme le développement du football, bénéficient à tout le monde. Notre philosophie consiste à ne pas vouloir séparer strictement le football masculin et le football féminin. Il est plus judicieux de mutualiser les ressources.

Dernièrement, Meret Wälti a écrit, à partir d'exemples concrets, que les hommes veillent à ce que le football reste masculin.
Il est clair que le monde ne peut pas complètement changer du jour au lendemain. C'est aussi le cas dans le football. Mais je ne pense pas qu'il y ait une opposition de principe au football féminin. Au contraire, je constate chez nous, dans tous les comités, une réelle volonté de le développer. Les clubs travaillent avec les ressources dont ils disposent. Mais là aussi, l'infrastructure ou le personnel font défaut. A cela s'ajoute le problème que les matches féminins attirent souvent peu de spectateurs, ce qui ne génère que de faibles recettes.

Mais n'est-ce pas justement pour cette raison qu'il faudrait allouer davantage de moyens, en espérant un retour sur investissement? Toute start-up a besoin d'un financement de départ.
De manière générale, il est très difficile de gagner de l'argent dans le football. Ce n'est pas seulement le problème du football féminin, mais aussi celui des hommes. Il est donc compréhensible de miser sur le secteur qui rapporte le plus d'argent. Pourtant, je vois, outre la fédération, de nombreux clubs qui investissent dans le football féminin. Nous ne sommes pas les seuls à manquer de moyens. On cite toujours en exemple des pays comme l'Angleterre ou l'Allemagne, mais lorsque je parle avec les présidents de ces fédérations, ils ont les mêmes problèmes que nous.

Vous avez réussi à faire en sorte que l'ASF soutienne l'Euro 2025. A-t-il été difficile de convaincre vos collègues?
En fait, nous aurions eu différentes options, pour les femmes comme pour les hommes. Nous aurions pu nous porter candidats avec un autre pays pour le Mondial féminin. Ou nous aurions pu organiser une finale de Coupe d'Europe chez les hommes. Mais après analyse, le comité central a estimé que l'Euro 2025 était la meilleure option. Cette décision a été soutenue et les ressources ont été mises à disposition. Cela montre également que le football féminin occupe une place importante au sein de l'Association.

Alisha Lehmann est une super footballeuse
Video: watson
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