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Alexis Pinturault victime de sa plus grande victoire?

Alexis Pinturault of France reacts the second run of the men's slalom race at the Alpine Skiing FIS Ski World Cup in Wengen, Switzerland, Sunday, January 16, 2022. (KEYSTONE/Marcel Bieri)
Alexis Pinturault fait la moue. Image: sda

Alexis Pinturault victime de sa plus grande victoire?

Le skieur français, si solide depuis une paire d'années, n'y arrive plus depuis son sacre de l'an dernier. Rafler le classement général de la Coupe du monde, et ensuite... plus rien. A Pékin, il est présent mais ne pèse pas.
15.02.2022, 15:0416.02.2022, 06:30
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Le 20 mars 2021, Alexis Pinturault prive Marco Odermatt du globe du géant et du général. «Odi» pleure, «Pintu» exulte. Le 13 février dernier, dans les giboulées chinoises, c'est l'inverse: le Suisse se pare d'or et saute de joie, tandis que le Français termine «que» cinquième. Même si son épaule était meurtrie, ses propos dans L'Equipe avaient de quoi surprendre:

«C'est un peu ahurissant de dire ça aux JO mais je me veux satisfait. J'ai envie de dire qu'on ne peut pas rêver d'aller sur Mars quand on a une voiture. Aujourd'hui, je n'avais pas toutes les armes, mais avec les armes que j'avais je pense m'être bien battu, c'est dans le ton»

Etranges paroles pour le vainqueur du général de la saison 2020/21, monumental en géant avec plus de 700 points cumulés sur 1000 . Un peu plus bas, le Français avoue «être dans le dur et qu'il faut prendre le positif, ou sinon il risque de s'enfoncer un peu plus dans le trou!». Le mental a pris un coup, l'homme apparaît presque résigné.

Le syndrome Noah?

Ces JO de Pékin prouvent une chose: Alexis Pinturault traîne son spleen, décidément bien loin des standards qu'il propose depuis presque huit ans. Un métronome monté sur skis qui ne laissait jamais poindre le moindre dysfonctionnement dans sa mécanique. Mais pourquoi maintenant, en 2022, alors que tout semblait fonctionner la saison précédente? Le skieur de Courchevel reconnaissait «un niveau d'implication psychologique moindre par rapport aux saisons dernières», dans une interview juste avant les épreuves de Kitzbühel.

Un blues après avoir conquis le Graal? Si, dans le ski alpin, ces cas ne sont pas légion, dans le monde du tennis, plusieurs joueurs ont parlé d'une dépression après une grande victoire. Yannick Noah l'avait évoquée après son sacre à Roland-Garros en 1983. «La plus grosse cassure, la plus déstabilisante de ma vie», décrit-il dans un livre sorti en 2011.

Mais le cas qui sied le mieux au patient Pinturault est peut-être Mats Wilander. Une fois sur le trône de numéro un mondial, en 1988, la suite est nettement moins glorieuse. La motivation n'y était plus, le Suédois déclinait brutalement pour n'être plus que l'ombre de lui-même.

On peut encore placer Dominic Thiem dans le paquet. Le lauréat de l'US Open 2020 n'y est plus du tout depuis plusieurs mois. Il parlait d'une «dépression» en avril 2021, de ce virage mental après avoir atteint un grand objectif.

Cadeau empoisonné qu'une grande victoire?

Sa fiche sur le site officiel de la Fédération Internationale de ski (FIS) est éloquente: depuis 2014, Alexis Pinturault s'est maintenu dans le haut du classement. Et si en 2018 il n'était pas dans une grande année, il rentrait des Jeux de PyeongChang avec deux médailles (géant et combiné alpin) dans la besace.

C'est pourquoi cette saison 2021/22 est une anomalie dans la carrière de «Pintu». La trajectoire dorée s'est transformée en champ de bosses. Dans les conditions dantesques de Yankinq, Pinturault, auteur d'un ski poussif dans les deux manches olympiques, a concédé 1,69 seconde à Odermatt.

Alexis Pinturault est peut-être victime de ce grand trou noir après avoir récolté les lauriers désirés. Le ski est un sport qui demande beaucoup physiquement et encore plus mentalement. En ce 13 février, il n'était plus qu'un skieur qui tente, étape par étape, de remonter la pente pour la dompter comme il sait si bien le faire.

Et si l'homme aux 34 victoires en Coupe du monde reste humble dans son passage à vide, il lui reste le slalom du 16 février, une occasion de se refaire la cerise et repartir du bon pied des contrées chinoises.

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