Le concept du «Groupe d'intérêt pour les Jeux Olympiques suisses d'hiver 2030», jusqu'à présent tenu secret par les milieux responsables, s'étend sur une centaine de pages. Il a été développé en privé et constitue désormais le «plan directeur» d'une éventuelle candidature.
Quatorze sites sont prévus dans neuf cantons: Berne, Grisons, Obwald, Saint-Gall, Uri, Vaud, Valais, Zoug et Zurich. Le centre névralgique de ces Jeux olympiques décentralisés devrait se trouver à Zurich. Les cérémonies d'ouverture et de clôture se dérouleraient au stade du Letzigrund. La décentralisation est censée faciliter l'adhésion au projet, car différentes villes et régions en profitent.
Le plus grand village olympique est également prévu à Zurich. D'autres logements pour quelque 3000 athlètes sont prévus à Crans-Montana, Davos, Laax, St-Moritz, Engelberg et Kandersteg. Selon les cas, ces maisons seront construites puis démontées, ou réutilisées à d'autres fins après les Jeux olympiques.
Pour quelques disciplines sportives, il faudrait construire des infrastructures provisoires. Ainsi le patinage de vitesse, pour lequel il n'existe actuellement aucune installation en Suisse, pourrait être organisé sur une construction mobile à l'Allmend de Berne, pouvant accueillir 10 000 spectateurs. Et la patinoire naturelle historique de Saint-Moritz devrait être construite exceptionnellement avec de la glace artificielle, sans doute pour des raisons de sécurité de planification.
La riche expérience dans l'organisation d'événements de sports d'hiver est soulignée comme un atout suisse, tout comme l'excellente réputation du pays en matière de tourisme qualitatif. A relever en outre les distances généralement courtes entre Zurich et les sites d'accueil.
Une grande partie des constructions nécessaires est déjà en place. Il n'y aura pas de ruines olympiques. Ce n'est que lorsque la durabilité peut être prouvée que la Suisse s'autorise à investir dans de nouvelles installations sportives.
La grande inquiétude est surtout liée à un nouveau rejet d'une grande partie de la population. «Presque aucun autre pays n'a été aussi souvent candidat et n'a autant échoué en votation populaire», relève le dossier. Il est fort probable que la Suisse obtienne le vote du CIO pour les Jeux d'hiver 2030 - mais celui de ses citoyens?
Le plus grand obstacle sur la voie du barnum olympique est la démocratie. La question angoissante est la suivante: est-il possible de remporter les votes dans les différentes communes et cantons? La possibilité de trouver une personnalité charismatique capable de vendre l'idéal olympique «au peuple» sera déterminante (allo Roger?).
Autre écueil éventuel: si les Jeux de 2030 sont attribués à la Suisse, les installations correspondantes ne pourront pas être utilisées pendant une longue période pour d'autres compétitions. Cela pourrait par exemple concerner les patinoires et le championnat suisse de hockey.
Dans l'ensemble, ce projet est bien pensé et constitue une bonne base pour une candidature. Depuis avril 2023, Swiss olympic est en dialogue avec le Comité international olympique (CIO). Une étude devrait être disponible cet automne encore, dans laquelle seront examinées les conditions-cadres pour l'organisation de Jeux olympiques en Suisse en 2030, 2034 ou 2038. Le projet publié ici, encore secret, constitue une base. En octobre, la décision de principe devrait être prise pour un go/no go.
Le CIO prévoit d'attribuer les JO 2030 à l'été 2024. La Suède (avec la capitale Stockholm et la station de sports d'hiver Are) et Salt Lake City, qui a déjà accueilli les Jeux en 2002, sont officiellement candidates. Les Américains préfèrent toutefois les Jeux de 2034, pour éviter la proximité avec Los Angeles 2028. Le CIO favorise la Suisse pour 2030. Mais justement: la Suisse sera-t-elle de la partie?