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Christian Stucki, roi de la lutte suisse, est père au foyer

Christian Stücki, roi de la lutte suisse.
Christian Stücki, roi de la lutte suisse.Séverin Bigler

Le roi de la lutte Christian Stucki est devenu père au foyer

Christian Stucki, le lutteur aux 133 couronnes, se consacre pleinement à sa famille. Entre deux repas et un coup d'aspirateur, il fait du théâtre. Il nous a reçus chez lui pour raconter sa nouvelle vie, sa santé fragile et son corps «spécial».
02.05.2023, 18:4402.05.2023, 19:21
Team watson
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Le chouchou du public fera ses adieux à la lutte le 11 juin prochain, dans sa région de Lyss. Quand il a annoncé la nouvelle en janvier, une larme ou deux ont coulé sur ses joues. Mais Christian Stücki est fondamentalement un homme heureux. Il a d'ores et déjà atteint les trois objectifs de sa vie: fonder une famille, construire une maison et devenir le roi de la lutte suisse.

C'est chez lui qu'il a reçu les journalistes de CH Media (dont fait partie watson) Gabriel Vilares et François Schmid-Bechtel, dans un salon où sont accrochées ses 133 couronnes, ses cloches imposantes et ses culottes en toile de jute. Une nouvelle vie a commencé ici, très différente de la précédente.

Christian Stücki, 38 ans, a quitté son emploi de chauffeur routier à 60%. Il est désormais lutteur professionnel et homme au foyer. Un pionnier? «Pas sûr. J'ai simplement été le premier à l'affirmer publiquement. Je ne sais pas si tous les lutteurs ont réellement toujours travaillé.»

Christian Stucki jubelt nach seinem Sieg im Schlussgang gegen Joel Wicki am Eidgenoessischen Schwing- und Aelplerfest (ESAF) in Zug, am Sonntag, 25. August 2019. (KEYSTONE/Alexandra Wey)
The King.Image: KEYSTONE

A la maison, Christian Stücki varie les activités. «A commencer... par ne rien faire, rit-il. J'aime beaucoup cuisiner, je suis un peu le chef cuistot de la famille. Ma femme cuisine aussi très bien, mais je suis aux fourneaux à chaque fois que c'est possible. Je peux aussi remplir des machines à laver et étendre le linge, mais le repassage, c'est moins mon truc. De temps en temps, je passe l'aspirateur.»

«De temps en temps», insiste-t-il... «Je ne suis pas du tout un maniaque de la propreté. Ce n'est pas vraiment ma tâche. Je laisse la priorité à ma femme pour ne pas mettre l'ordre en péril.»

Sa priorité à lui, ce sont les repas copieux. Mais ses clients sont pénibles. «Mes enfants veulent bien sûr manger ce que je n'ai pas envie de cuisiner. Ce qu'ils préfèrent, ce sont les nuggets, les frites ou les hamburgers. Ce n'est pas possible. Je privilégie plutôt une cuisine nourrissante. Tout ce que ma mère m'a appris, de la soupe au rôti en passant par le curry. J'essaie aussi d'innover.»

Plus il «putze», plus Christian Stücki éprouve de la gratitude envers son épouse:

«On sous-estime beaucoup ce travail. J'ai le plus grand respect pour chaque femme au foyer qui s'occupe seule du ménage»

Le roi de la lutte admet qu'il avait besoin de souffler, de se ranger un peu. «J'ai passé de nombreuses années à courir dans tous les coins et je n'ai pas beaucoup vu mes enfants grandir. Si l'on additionne le travail de chauffeur, la lutte, les sponsors et la famille, les journées n'ont tout simplement pas assez d'heures. La lutte a changé. Il faut s'investir davantage pour faire partie de l'élite.»

Le soir, Christian Stücki prend des cours de poterie théâtre. Personne ne pourra le soupçonner d'être macho: la pièce qu'il joue actuellement au Théâtre de Ballenberg, «Wyberhaagge - Drama am Schwingfest», raconte «l'histoire d'une lutteuse dont le plus grand rêve est d'affronter un jour le roi de la lutte pour rendre la lutte féminine plus populaire». Il n'était pas monté sur les planches depuis «la sixième année scolaire, au théâtre de l'école». Mais il ne s'interdit pas de faire un peu l'acteur. «Nous aurons 27 représentations entre juillet et août. Il en résultera peut-être de nouvelles opportunités.»

Cassé de partout

Dans le microcosme de la lutte, on a coutume de dire qu'il faut avoir un travail à côté. C'est une vieille idée que Christian Stücki combat avec la vigueur de ses 140 kilos. «Dans mon cas, tellement d'obligations se sont ajoutées que j'ai eu du mal à trouver du temps. J'en ai tiré les conséquences et j'ai quitté mon travail. Ce qui est bien quand on est le roi de la lutte, c'est qu'on gagne un peu d'argent. Il y a 20 ans, je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, je pourrais vivre de mon sport.»

Schwinger Christian Stucki erhaelt den Preis als Sportler des Jahres an der Verleihung der Sports Awards 2019, aufgenommen am Sonntag, 15. Dezember 2019, in Zuerich. (KEYSTONE/Ennio Leanza)
Elu sportif suisse de l'année en 2019.Image: KEYSTONE

Pour l'instant, son emploi de chauffeur routier ne lui manque pas. «Il ne m'aide pas à résoudre mes problèmes de dos.» Car l'autre problème de Stücki Christian, c'est qu'il est cassé de partout. Son corps l'a lâché pièce après pièce au cours des deux dernières années: d'abord une blessure à l'épaule gauche, puis une déchirure partielle du tendon de l'épaule droite, puis une déchirure musculaire à une cuisse, puis une hernie discale contractée sous la douche à deux semaines de la Fête fédérale de Pratteln.

«L'âge se fait de plus en plus sentir. L'épaule et le dos ne me suivent plus comme je le voudrais. Je vais devoir repasser sur le billard cet automne»

Une âme d'enfant
dans un corps de géant​

Son corps n'a jamais cessé de le tourmenter, depuis la naissance. A l'âge de 7 ans, du haut de ses 1,45 mètre, il sortait déjà du lot.

«Ce n'était pas toujours drôle. J'avais 7 ans dans ma tête, mais j'étais enfermé dans le corps d'un enfant de 12 ans. C'est pourquoi j'ai souvent été surestimé»

Il revit la scène avec son plus jeune fils, Elia, 7 ans, presque 1,40 mètre. «Je me surprends parfois aussi à le surestimer.» Il se souvient des chuchotements et des moqueries. «Quand j'étais enfant, grâce à ma vivacité d'esprit, j'ai pu riposter. Je n'ai jamais résolu mes problèmes avec la violence, je n'ai jamais frappé personne au visage.»

«Les personnes de grande taille ont moins la possibilité de se cacher. Parfois, j'aimerais être un peu plus petit et pouvoir traverser la foule sans encombre. Mais seulement cinq jours par an (rire)»

Il chausse du 51. Forcément, il peine à trouver chaussure à son pied. «Mais maintenant, j'ai mes adresses. Le commerce en ligne a joué en ma faveur. Le choix est désormais plus vaste. Il y a 20 ans, j'avais beaucoup plus de mal à trouver du 51. Pour les vêtements, je ne suis pas particulièrement difficile, je prends ce qui vient.»

Le rendez-vous est acté: le roi de la lutte fera sa dernière apparition le 11 juin à Lyss. «J'étais partagé entre deux options: participer à une seule fête ou disputer toute la saison. Avec le risque qu'après une fête, ce soit déjà fini. C'est pourquoi je ne lutterai plus qu'une seule fois. A la maison. Dans ma commune. A la fête de lutte du Seeland. Si c'est humainement possible, c'est là que j'aimerais enfiler ma culotte une dernière fois.»

Puis il reprendra ses tâches ménagères et ses répétitions au théâtre.

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