Avez-vous un conseil à nous donner sur la manière de gérer les défaites?
MURAT YAKIN: Il existe plusieurs façons de procéder. Chacun doit trouver sa propre voie. Le mieux est bien sûr de perdre le moins possible. En fin de compte nous sommes tous des gagneurs, n'est-ce pas? Après une défaite, l'important est d'analyser brièvement le match, mais de ne pas y penser indéfiniment. Bien dormir, bien manger. Et ensuite bien s'entraîner pour gagner le prochain match.
Comment avez-vous vécu le moment où vous êtes devenu entraîneur national?
Une grande émotion. Une joie immense. Devenir sélectionneur national, c'est probablement le rêve de tout entraîneur. J'ai aussi beaucoup travaillé pour cela. J'ai eu de nombreuses et belles étapes dans ma carrière. Avec le FC Lucerne, j'ai été vice-champion et nous avons atteint la finale de la Coupe, ce qui a certainement joué un rôle dans le fait que j'ai pu devenir sélectionneur.
Avez-vous un rituel avant un match important?
Cela dépend de la situation et de l'adversaire. Certaines choses sont imposées, mais je suis volontiers prêt à en inventer d'autres.
Quel a été votre plus grand succès?
Il est difficile d'en retenir un en particulier. Après tout, cela fait presque quinze ans que je suis entraîneur. Si je devais vraiment choisir, je diras les belles soirées en Ligue des champions, comme joueur avec GC et Bâle, mais aussi comme entraîneur avec le FCB. Et bien sûr la Coupe du monde l'année dernière: c'était un moment fort aussi.
Quelle est la meilleure chose à manger avant un match ou un entraînement?
Ce n'est pas seulement ce que vous mangez avant le match qui est important, mais comment vous vous nourrissez de manière générale. Vous ne pouvez pas vous contenter de prendre soin de vous le jour du match, il est déjà trop tard. L'alimentation est un paramètre extrêmement important. Avez-vous déjà reçu des conseils nutritionnels au club? Savez-vous ce qui est nocif?
Le fast food?
Oui, et vous le devez savoir: il y a beaucoup de sucre dans le fast food. Le sucre est caché un peu partout. Et il est très nocif. Donc: pas de boissons sucrées. Si vous contrôlez votre consommation, vous pourrez certainement courir davantage que votre adversaire.
À quel poste la Nati est-elle la mieux équipée?
Je pense qu'au milieu de terrain, dans l'axe, nous avons de très bons joueurs. Là où nous sommes moins bien lotis, c'est sur les côtés. Nous n'avons pas beaucoup de pieds gauches, ni en défense, ni à l'aile. Bon, on peut toujours placer un droitier sur l'aile, mais au poste de latéral, c'est malheureusement compliqué. Qui est gaucher ici? Un seul? Alors nous devons bien te suivre (rires).
Ronaldo ou Messi?
Hmmm, qu'est-ce que tu en dis?
Ronaldo!
Alors je dis: aucun des deux!
Ardon Jashari pourrait-il remplacer Granit Xhaka?
Il est en très, très bonne voie pour y arriver. C'est très réjouissant de voir qu'il ne se contente pas de bien jouer, mais qu'il prend déjà des responsabilités à un si jeune âge. Il est capitaine à Lucerne. C'est déjà une bonne indication. Maintenant, tout dépend de lui. Que fait-il de son potentiel?
Comment gérez-vous la pression, celle du public et celle que vous vous imposez vous-même?
Eh bien, j'ai plus de pression face à vous que lorsque je suis devant les journalistes (rires). Parce que c'est là que viennent les vraies bonnes questions. La plupart du temps, les journalistes posent toujours les mêmes. Il est agréable d'être naturel et détendu; cela dit, la pression fait partie du job. Mais pour moi, le plaisir du sport et du football est plus important que de se préoccuper constamment du business ou de la pression.
Quel était votre club préféré quand vous étiez enfant?
J'aimais beaucoup regarder le Naples de Diego Maradona. Les Argentins en général. J'étais impressionné par la passion, la mentalité et la culture du football dans ce pays.
Et quel était votre joueur préféré?
Vous ne les connaissez probablement plus tous (rires). En tant qu'ancien No 6, mon joueur préféré était Fernando Redondo. Un stratège au milieu de terrain, bonne technique, bonne vision du jeu. Et sinon, qui d'autre? Beaucoup de joueurs! Mais les autres étaient plutôt ceux que l'on aimait regarder. Comme Messi et Ronaldo pour vous.
Quels sont vos prochains objectifs avec la Nati?
Bien sûr, nous avons le devoir d'atteindre l'Euro après la Coupe du monde. De manière générale, on peut toujours s'améliorer. Être encore plus dominateur dans le jeu. Un autre objectif important est d'intégrer de jeunes joueurs. Il y aura peut-être un changement au poste de gardien dans un an ou deux, ou même sur le terrain. Si vous voyez le parcours d'Amdouni, il peut jouer pour les M21 et l'équipe nationale A, c'est très impressionnant de voir qu'il ne se contente pas d'obtenir des opportunités, mais qu'il les exploite aussi. C'est très gratifiant de pouvoir développer et épauler un tel joueur.
Quels sont vos hobbies en dehors du football?
Il y a beaucoup de choses que j'aime faire. Jouer au golf par exemple, ou au padel. Et puis j'aime aussi bien manger. Mais je place toujours ma famille au centre, ma femme et mes enfants, avec qui j'aime passer le plus de temps possible.
La défense suisse serait-elle plus faible sans Akanji?
Tu as bien observé la situation (rires). Manu joue actuellement à un très haut niveau et avec une belle régularité. Il peut même jouer à droite ou à gauche de la défense. C'est réjouissant de voir quelqu'un d'aussi flexible.
Avez-vous un conseiller qui vous prépare des stratégies tactiques pour affronter les autres équipes?
J'ai beaucoup d'aide, bien sûr. Par exemple pour l'analyse de nos adversaires. Mais pour ce qui est de la manière dont nous voulons jouer, j'ai mes propres idées (rires).
Qu'est-ce qui fait un bon joueur, selon vous?
De nos jours, un footballeur doit beaucoup donner. Beaucoup de discipline. Beaucoup d'implication. Et il faut aussi être prêt à sacrifier des choses, à renoncer à beaucoup de choses. J'ai encore un conseil important à vous donner: soyez humbles à l'entraînement. Soyez capables d'auto-critique. Écoutez ce que les entraîneurs vous disent. Car ce n'est plus le cas de tous, de nos jours: certains jeunes joueurs savent déjà tout mieux que les autres. Enfin, nous ne pouvons pas occulter qu'il faut un peu de chance pour ne pas se blesser.