Claudine Schafer participera samedi à ses premiers championnats du monde de natation en eau glacée, à Samoëns en Haute-Savoie. Pourtant, il y a seulement six ans, cette Genevoise de 55 ans n'aurait jamais cru ça possible. «Je détestais le froid, c'était horrible pour moi!», rigole-t-elle au bout du fil.
Mais depuis, beaucoup d'eau (glacée) a coulé sous les ponts. Son déclic, Claudine Schafer l'a eu grâce à des séances de cryothérapie, ce traitement où le patient est complètement immergé dans un caisson avec une température extrêmement basse. «Je devais soigner une tendinite aux épaules qui m'empêchait de nager à la piscine», se souvient alors cette triathlète qui venait de reprendre le sport après plusieurs années de pause. Bingo! La cryothérapie est une véritable révélation pour elle:
C'est peu dire que la glace a été complètement brisée entre Claudine Schafer et l'eau froide. Cet hiver est le quatrième que la Genevoise traverse entièrement en allant nager dans le Léman. Détail important: elle y va en costume de bain, histoire de retrouver les conditions des compétitions officielles, où les combinaisons sont interdites. Elle a tenu sa bonne résolution, en s'entraînant hebdomadairement au sein de la structure Performa Training Milesi avec un coach. «Parfois, il n'est pas physiquement là, mais il dirige la séance en ligne», précise la cinquantenaire.
Vous l'aurez compris, elle est du genre déterminée. Au point d'être allée en février 2022 jusqu'en Russie, pour se tester dans l'eau glaciale de la Neva à Saint-Pétersbourg. «Elle était à 0° C», grelotte encore Claudine Schafer.
Mais, au final, la Genevoise s'est rassurée lors de son séjour russe, où elle a décroché deux 3e place dans sa catégorie d'âge.
Elle a aussi pu constater qu'elle supporte de nager 100 mètres dans des conditions extrêmes, elle qui se contentait de plus petites distances en compétition auparavant (25 m et 50 m). Parce que oui, même pour une athlète avec une excellente condition physique comme Claudine Schafer (elle participe à des ironmans et mesure 170 cm pour 52 kg), cette activité reste risquée. Et parfois douloureuse. «Les premières secondes dans l'eau, on se dit: "Wow!" C'est une sensation exceptionnelle dans le corps, comme si on avait une montée d'hormones euphorisantes», témoigne la nageuse du Léman.
Jusqu'à 50 mètres de course (environ 40 secondes), elle affirme ne pas ressentir le froid. Mais cet effet agréable peut vite s'estomper et se transformer en inconfort.
Contrairement à d'autres, Claudine Schafer a la chance de ne pas avoir de maux de tête ou de douleurs aux pieds, par exemple. «Parfois, on ne sent plus rien au niveau des bras. On a l'impression d'avoir des aiguilles voire des couteaux qui se plantent dans les mains. La douleur est intense», raconte pour Franceinfo le crack français Axel Reymond, qui s'aligne sur le 1000 m.
Une distance que ne veut pas tenter Claudine Schafer, qui nagera les 50 et 100 m nage libre ainsi que le relais 4x250 m. «Comme je suis maigre, j'ai trop peur pour mes organes», argumente-t-elle.
Avant de voir leur inscription pour ces Mondiaux validée, la Suissesse et tous les autres participants ont dû amener un certificat médical et passer des tests sur place, notamment un électrocardiogramme. Tous les nageurs qui parcourent 250 mètres ou plus sont munis d'une ceinture de sécurité et des médecins veillent à tout moment au bord du bassin. «Dès qu'ils voient que notre manière de nager devient moins fluide ou qu'on ralentit trop par rapport aux précédentes longueurs, ils nous sortent de l'eau. Et on est obligé d'accepter cette décision», fait savoir Claudine Schafer, tout en applaudissant ce protocole.
Et contrairement aux compétitions en piscine, où les athlètes commencent la course par un plongeon, les nageurs d'eau glacée ont droit à cinq secondes dans la flotte avant le coup de pistolet pour s'habituer à la température, histoire d'éviter un choc hypothermique.
Et quid de ses objectifs sportifs? «J'espère finir dans le top 15 sur 100 m». Elle enchaîne, en rigolant:
Sa voix enjouée ne trompe pas: Claudine Schafer a hâte de débuter ses premiers Mondiaux. Ce sera samedi, avec le 100 m, sa discipline phare. Mais la Genevoise est prête à se laisser surprendre: «Comme je suis une spécialiste des sports d'endurance, il y a des chances que je sois encore meilleure sur 250 m, même si c'est la première fois que je nagerai cette distance en compétition», sourit-elle.