Autant le dire tout de suite: le Park Hotel de Melbourne n'est pas du tout le lieu pour fêter le Noël orthodoxe. Et pourtant, c'est ce qu'a dû faire Novak Djokovic jeudi. Seul dans sa chambre. Dans un immeuble au triste passé récent et qui répugne plus qu'autre chose.
Sur le site web du Park Hotel, on peut lire que l'établissement est un hôtel 4,5 étoiles «luxueux» et très bien situé.
Cet ancien résident n'est pas du tout du même avis, sur Tripadvisor
Un autre internaute ne garde pas non plus un souvenir impérissable du Park Hotel
Ni celui-ci...
Jusqu'en 2020, le Park Hotel a été utilisé comme hôtel de quarantaine contre le Covid-19. Depuis décembre 2020, il sert de centre de détention pour les gardes-frontières et accueille notamment près de 30 réfugiés, dont beaucoup sont bloqués en Australie depuis des années et espèrent obtenir un visa australien. Ils n'ont pas le droit de sortir du bâtiment.
Parmi eux, Mustafa Salah, 23 ans, un demandeur d'asile irakien de 23 ans. Il a fui l'Irak avec son père à l'âge de quatorze ans et a demandé l'asile en Australie. Mais sa demande d'asile n'a pas encore été traitée. Il a été détenu pendant plusieurs années dans un centre à Nauru, avant d'être transféré en Australie en 2019, où il est donc maintenant enfermé au Park Hotel.
L'Australie fait l'objet de critiques depuis des années en raison de sa politique dure en matière d'asile, qui dissuade les réfugiés. Le pays intercepte les réfugiés qui tentent d'entrer par bateau et les envoie dans des camps d'internement sur les îles Christmas, Nauru et Manus. Environ 230 demandeurs d'asile y sont bloqués, parfois depuis des années, sans espoir de voir leur internement prendre fin.
Avec cette tactique de dissuasion, l'Australie veut empêcher d'autres réfugiés de rejoindre son territoire. Une législation sévère empêche même parfois des personnes d'entrer dans le pays, alors que les autorités ont pourtant répondu positivement à leur demande d'asile. Les critiques qualifient ces camps d'«inhumains». Pour le gouvernement australien, ils sont, au contraire, «adéquats».
Des activistes ont déjà protesté à plusieurs reprises devant le Park Hotel contre la détention des réfugiés. Ils ont laissé des messages de soutien sur la façade de l'établissement et sur le bitume dans la rue.
En octobre dernier, une épidémie de coronavirus s'est déclarée parmi les réfugiés hébergés. En décembre, certains d'entre eux se sont plaints que des asticots grouillaient dans leur nourriture.
Des activistes locaux ont exprimé l'espoir que l'attention portée à l'hôtel, en raison du séjour de Djokovic, attirera l'attention de l'opinion publique mondiale sur le sort des réfugiés en Australie. (Yasmin Müller/ats)
Adaptation en français: Yoann Graber