Il est de coutume dans l’ovalie de faire face au haka en se tenant sur sa ligne des 40 mètres. Parfois, les nations dérogent à cette règle et font le choix de s’avancer. C’est le cas du XV de France, qui, lors du quart de finale du Mondial 2007, s’est positionné sur la ligne médiane, afin de défier au plus près la Nouvelle-Zélande. Une confrontation droit dans les yeux, qui a longtemps marqué les esprits. On se demande encore comment Sébastien Chabal, habité, n’en n’est pas venu aux mains.
Le signe V, symbole de victoire, a largement été popularisé par le premier ministre anglais, Winston Churchill. Pas étonnant donc que le XV de la Rose se serve régulièrement de la formation en V pour contrer le haka néo-zélandais. En 2019, lorsque les deux équipes s’étaient affrontées pour une place en finale de Coupe du Monde, les Anglais – disposés en V – s’étaient même permis le luxe de s’installer dans le camp adverse. Ce qui leur avait valu une amende, le règlement World Rugby ne permettant pas aux joueurs de dépasser le centre du terrain.
Un silence de cathédrale durant un haka, ça n’arrive que très rarement. À mesure que le rituel débute, l’effervescence monte en tribunes. Parfois, notamment lorsque la Nouvelle-Zélande évolue à l’extérieur, il arrive que les fans locaux se fassent entendre. Les joueurs ne bronchent pas, mais tout un stade reprend à l’unisson un chant de ralliement. Exemple en 2021, quand lors des test-matchs de novembre, les supporters irlandais avaient entonné à l’Aviva Stadium The Fields of Athenry. Les Anglais, eux, dégainent régulièrement le célèbre Swing Low, Sweet Chariot, tandis que les Sud-Africains chantent Waltzing Matilda.
En 2006, un désaccord sur le protocole du match Pays de Galles - Nouvelle Zélande avait conduit les All-Blacks à «performer» dans le couloir du Millennium Stadium. Ils protestaient contre la décision de la fédération galloise de répondre au haka par l'hymne officiel du Pays de Galles: Land Of My Fathers.
Le Mondial 91 nous a réservé une scène d’anthologie. Avant sa demi-finale contre les All-Blacks, David Campese, l’aillier des Wallabies, n’a pas tremblé. Celui que l'on surnomme «Campo» s’est complètement désintéressé du cérémonial du haka, poursuivant ainsi son échauffement. L’histoire retiendra que ce jour-là, Campese a probablement réalisé le meilleur match de sa carrière. Bob Dwyer, le sélectionneur australien de l’époque, en est en tout cas convaincu. La preuve avec cette déclaration, lâchée dans The Rise and Rise of Australian Rugby, un documentaire réalisé par ABC.
Techniquement, le haka prend fin lorsque les adversaires des Néo-Zélandais se retournent, pour prendre place sur le terrain. En 2008, les Gallois – joueurs – n’ont pas voulu être les premiers à tourner le dos à l'adversaire. De marbre, les hommes de Warren Gatland sont restés en place de longues secondes, défiant les Blacks du regard. Finalement, ce sont les joueurs du Pacifique qui ont cédé les premiers, après que l’arbitre de la rencontre ait demandé aux deux équipes de laisser place au jeu.
Le haka existe dans plusieurs versions. Il y a le «Ka mate», le plus courant, ou encore le «Kapa o pango», le plus guerrier, parfois ponctué par un geste d’égorgement. Mais la Nouvelle-Zélande n’est pas la seule équipe à «exécuter» une danse en avant-match. D’autres nations du Pacifique entament des chorégraphies martiales après les hymnes. Les Fidji ont le «Cibi», les Samoa le «Siva tau» et les Tonga le «Sipi tau».
Quand deux de ces pays s'affrontent, il y a match aussi en matière de danse rituelle. Dans pareille situation, un protocole strict est établi. L'équipe qui remporte le tirage au sort «performe» en premier. La seconde dispose de deux options: répondre après le début de la performance de l'équipe A ou attendre qu'elle ait terminé.