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Saut à ski

Les sauteurs à ski en ont (un peu trop) dans le pantalon

Piotr Zyla a-t-il vraiment passé tous les contrôles?
Piotr Zyla a-t-il vraiment passé tous les contrôles?

Les sauteurs à ski en ont (un peu trop) dans le pantalon

L'ancien champion Janne Ahonen pointe un excès de tissu dans l'entre-jambe de certains sauteurs, méthode classique pour améliorer la portance. Mais que fait la FIS?
04.01.2023, 07:1504.01.2023, 08:30
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Depuis que l'homme est homme et qu'il se prend pour un oiseau, il a toujours cherché des moyens plus ou moins malins de s'arracher à la gravité terrestre. Les sauteurs à skis les premiers: personne n'a poussé aussi loin la quête monomaniaque de portance, en soupesant chaque mouvement du corps, chaque gramme de chair, chaque millimètre de tissu.

Il y a eu beaucoup de triche, fatalement (puisque l'homme est homme), et il y en aurait encore. C'est ce que laisse entendre le légendaire Janne Ahonen, homme-oiseau devenu poivrot (selon ses propres mots). Le Finlandais publie ces deux photos sur Instagram:

En rouge, la combinaison que portait Janne Ahonen en 2005. En bleu, celle du Polonais Piotr Zyla sur l'actuelle Tournée des 4 tremplins.
En rouge, la combinaison que portait Janne Ahonen en 2005. En bleu, celle du Polonais Piotr Zyla sur l'actuelle Tournée des 4 tremplins.

Ahonen assure que sa vieille tenue rouge atteignait «la taille maximale autorisée par le règlement», voire un chouilla de plus, insinue-t-il. «Je ne sais pas comment est fabriquée la bleue, mais ce que je sais, c'est que soit les contrôles modernes sont à côté de la plaque, soit les sauteurs de mon époque et moi-même étions vraiment stupides.»

Ce message est relayé par l'ancien sauteur olympique Sylvain Freiholz, aujourd'hui consultant sur la RTS:

«Petit coup de gueule de Janne Ahonen qui va bien dans le sens de ce que nous déplorons à l'antenne depuis ce début de saison. L'entre-jambe de certains sauteurs est clairement beaucoup trop bas, ce qui les avantage énormément dans la phase de vol. Il y a pourtant un règlement et des contrôles, à huit clos hélas. La Tournée n'est peut-être pas encore jouée...Ce serait souhaitable que la FIS remette de l'ordre, sans utiliser la manière forte du concours mixtes des Jeux de Pékin. Sinon, nous allons retrouver Deschwanden Gregor et des Japonais sur le podium final. Cool pour ces deux pays en queue de peloton, dommage pour l'image du saut à ski.»
Sylvain Freiholz sur Facebook

A Pékin, la la Fédération Internationale de ski (FIS) avait disqualifié cinq athlètes dans le concours par équipes, au motif de «combinaisons non conformes». Or ces mêmes combinaisons n'avaient soulevé aucune étonnement quelques jours plus tôt, dans les épreuves individuelles. Les contrôles modernes sont-ils versatiles?

Sur le fond, la démarche est imparable: la FIS veut éviter que le saut à ski devienne du wingsuit. Dans le règlement interne, la combinaison est rigoureusement calibrée de la tête aux pieds, en passant par les sous-vêtements. Des contrôles aléatoires en vérifient l'épaisseur, la perméabilité, mais aussi, surtout, les coutures.

«Toute transformation des coutures (...) afin d'atteindre un plus grand volume ou plus de caractéristiques aérodynamiques n'est pas autorisée»
Le règlement de la FIS

C'est tout le problème que posent certains sauteurs à la virilité suspecte: «Si la longueur entre le sol et l'entrejambe est inférieure à celle mesurée en début de saison, c’est qu’il y a plus de tissu que normalement et donc plus de portance, ce qui est un avantage pour le skieur, surtout avec du vent», explique Caroline Espiau, ancienne couturière des équipes de France, sur francetvinfo.fr .

Son collègue Christian Hoffelinck reconnaît que «tout le monde joue constamment avec la limite autorisée. Il n’y a pas beaucoup de combinaisons qui se plient au règlement». Pour quelques centimètres de tissu, la différence en vol peut atteindre cinq à six mètres, selon les spécialistes. Ce n'est pas par coquetterie que les fédérations engagent des couturiers.

epa10361267 Piotr Zyla of Poland reacts during the Men's Large Hill Individual competition at the FIS Ski Jumping World Cup in Titisee-Neustadt, Germany, 11 December 2022.
Franchement...Image: EPA

La confection des combinaisons est d'autant plus poussée depuis que le poids des sauteurs, lui, ne fait pas un pli. Aujourd'hui, la longueur des skis est déterminée à partir de l'indice de masse corporelle (IMC), afin d'ajouter du poids à quiconque serait tenté de trop en perdre. Anorexie, drogue, alcoolisme... Le saut à ski avait un vrai problème de conscience, à envoyer dans les nuages, le ventre vide et noué, une meute d'anges efflanqués. «Sur le chemin du buffet, nous passions aux toilettes pour vomir», témoignait encore Ahonen.

Conclusion: si certaines combinaisons paraissent aujourd'hui trop amples, ce n'est pas parce que les sauteurs ont maigri. Mais bien parce que l'homme reste un drôle d'oiseau.

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