A la pause, le FC Sion n'était pas loin de basculer dans sa première crise annuelle, avec déjà des questions sur l'adaptabilité de «Pep» Celestini dans le contexte court-termiste de Tourbillon et l'influence de l'isotherme du zéro degré sur l'ardeur de certains joueurs.
Les Valaisans s'étaient complètement troué en défense (mention à Balthazar sur le 1-0, mais que dire du 2-0?), Cyprien était expulsé après un double avertissement pour une faute pas bien méchante d'abord, puis pour une crise d'autorité de M. Schnyder (41e) qui n'aime pas les félicitations, même timides, si elles ne sont pas sincères. Et Sion jouait mal, vraiment très mal.
C'est là que Servette était attendu comme le digne challenger de Young-Boys et l'équipe la plus bonnard de l'Ouest. Les Genevois évoluaient à 11 contre 10, même à 9 depuis l'entrée de Mario Balotelli, dont les rares démarrages semblaient n'avoir pour seule ambition que de poser un tacle et d'obtenir un avertissement. A force d'insister, Balo a fini par recevoir son carton, ce qui lui vaudra une suspension au prochain match (un anniversaire de prévu?).
C'est donc au moment où les 14 000 spectateurs se préparaient à un one-team-show que Servette a décidé d'en rester là, comme s'il en avait déjà assez fait. L'équipe genevoise s'est vautrée dans une sorte d'attentisme dont il était difficile de savoir s'il était cossard ou froussard. Voire les deux.
Sur Blue Sports, son gardien Jérémy Frick l'avouait avec une une honnêteté superbe:
FC Sion rentre en Valais avec le sentiment d'avoir gagné ce derby. Il est vrai que cette improbable remontada s'apparente à une victoire. Elle valide aussi le coaching de Fabio Celestini avec les introductions de Sio et de Balotelli à la pause, comme celle de Kevin Bua à la 77e minute: Bua a offert à Sio une balle de 3-2 dans le temps additionnel que l'Ivoirien n'a pas réussi à exploiter.
Certes, Sion a eu une chance indécente. Il a marqué le premier but sur un assist du défenseur servettien Gaël Clichy et le second sur un autogoal cadeau de Douline. Mais la chance ne sourit-elle pas aux audacieux disciples de Pep Guardiola? (chd/ats)