Felix Neureuther a conquis le cœur des Allemands. Il est l'un des plus grands slalomeurs de sa génération, et sa popularité va bien au-delà de son pays. On parle d'un gentleman, engagé pour la protection de l'environnement.
Depuis sa retraite sportive en 2019, l'homme a collaboré avec National Geographic à l'occasion d'un documentaire présentant des concepts innovants pour la protection des Alpes. Il a même écrit un livre à ce sujet. Le vainqueur de 13 manches de Coupe du monde est également investi dans la société Green Game, qui tend à rendre le sponsoring sportif plus vert et responsable.
Dans un post publié sur ses réseaux sociaux, entre les étapes de Sölden et Zermatt/Levi, le champion a expliqué s'être posé de nombreuses questions sur sa discipline. Il se demande comment assurer la crédibilité du ski, et ce, malgré les changements climatiques. Il s'interroge également sur l'empreinte CO2 des athlètes, afin de la réduire considérablement. Sa réflexion le pousse à aller plus loin, en évoquant ainsi l'équité entre les athlètes et la pratique du ski chez les jeunes.
Neureuther ne veut pas simplement blâmer le calendrier de la Fédération internationale de ski (FIS), forçant les organisateurs à employer les grands moyens, à savoir les bulldozers. Celui qui se dit consterné quand la FIS parle de mondialisation du ski propose lui-même des alternatives.
Felix Neureuther milite pour repousser le début de la Coupe de monde de ski à mi-novembre, ou mieux encore, fin novembre. Avant, il estime que les fans ne sont pas totalement impliqués, que le ski n'est pas une priorité.
Il propose un week-end d'ouverture retardé du côté de Sölden, avec un géant et un slalom – chez les femmes comme chez les hommes. «Faire d'une pierre deux coups», pour un plus grand retentissement. Ceci éviterait également un voyage à Levi mi-novembre, où l'on demande aux athlètes de courir devant «à peine 1000 spectateurs».
Neureuther considère que les descendeurs devraient débuter leur saison fin novembre / début décembre aux Etats-Unis, comme par le passé. Selon lui, le week-end de Zermatt - dont la première descente prévue ce samedi a été annulée - devrait figurer à la mi-mars, voire fin mars dans le calendrier.
Une telle programmation ferait baisser la pression à bien des niveaux. Les descendeurs pourraient se préparer plus facilement et les organisateurs ne seraient pas contraints à travailler les pistes durant l'été indien.
Après l'annulation de l'épreuve pour manque de neige l'année dernière, et cette édition 2023 déjà impactée à cause des conditions météorologiques, le créneau début/mi-novembre à Zermatt - beaucoup trop aléatoire - sera peut-être revu, et ce, même si les organisateurs et les partenaires de l'événement n'ont pas vraiment intérêt à le déplacer.
La dernière proposition de Felix Neureuther est peut-être la plus radicale, elle est en tout cas la plus commentée. Il suggère d'interdire l'accès aux glaciers durant la période estivale, du 1er mai au 31 août, en comparant cette mesure à la Formule 1, qui interdit les tests en dehors des Grands Prix et des quelques essais hivernaux.
Pour se justifier, le vainqueur des slaloms de Wengen et Lenzerheide évoque «des enfants de 10 ans qui s’entraînent à la mi-juillet et en août sur les glaciers de Zermatt et Saas Fee». Selon lui, cette situation pose un véritable problème, car tous les parents ne peuvent pas offrir ces conditions à leurs enfants. Il mentionne dès lors une «professionnalisation précoce qui fait fuir beaucoup de jeunes».
Cette réflexion l'amène à parler d'équité, en rappelant qu'en raison de la crise climatique, «l’avantage géographique de certains pays sur d'autres n'existera peut-être plus» et que certaines nations «pourront devenir plus compétitives».
Interdire l'accès aux glaciers à ces périodes pourrait également permettre aux athlètes de mieux se régénérer, après une saison épuisante. En restant plus longtemps à la maison, ils éviteraient surtout des déplacements, la source principale d'émissions de CO2.
Felix Neureuther ne le dit pas, mais nul doute qu'il apprécierait l'idée de maintenir une Coupe du monde deux week-ends consécutifs au même endroit.