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Le président de Swiss Ski se confie sur la piste de Zermatt

Le président de Swiss Ski se confie sur la piste de Zermatt
Le président de Swiss Ski s'est longuement confié avant le début de la Coupe du monde de ski alpin.Image: KEYSTONE

«Sans pelleteuses, on n'aurait jamais skié au cours des dernières décennies»

Dans une interview accordée à CH Media, le groupe auquel appartient watson, Urs Lehmann, actuel président de Swiss Ski et ancien champion du monde de descente, est revenu sur l'affaire de la piste de Zermatt. Il évoque également le grand champion qu'est Marco Odermatt.
25.10.2023, 11:5525.10.2023, 12:40
Rainer Sommerhalder / ch media
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Urs Lehmann, la préparation des pistes sur le glacier de Sölden, mais surtout de Zermatt, a suscité un vif émoi. A-t-on sous-estimé le pouvoir des images et la sensibilité de la population en matière de changement climatique?
Des faits que l'on connaît depuis 40 ans ont été décontextualisés. Cela a provoqué un émoi que nous devons toutefois mettre en perspective. Je comprends que quiconque voit pour la première fois une pelleteuse sur le glacier, plantée devant le Cervin, soit effrayé.

Mais sans pelleteuses, qui permettent de reconstruire les crevasses à des fins de sécurité, nous n'aurions jamais skié sur un glacier au cours des dernières décennies. Jusqu'à présent, cette utilisation allait de soi.

Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui avec la fonte rapide des glaciers.
Oui, le changement climatique et la durabilité sont devenus des préoccupations majeures. Et avec les images de pelleteuses sur le glacier de Zermatt, on touche évidemment un point sensible. Ceux qui ont produit ces images ont certainement voulu mettre ça en avant.

Les images choquantes de la piste de Zermatt.
Les images choquantes de la piste de Zermatt.Image: KEYSTONE

Les courses de Zermatt sont-elles en danger?
Non, pas du tout. Je suis en contact quotidien avec le comité d'organisation de Zermatt. Swiss Ski est en effet co-organisateur des courses. Ces derniers jours, on m'a assuré à plusieurs reprises que tout s'était déroulé correctement lors de la construction de la piste. Les rapports des médias ont été délibérément mis en lumière, afin d'attiser les émotions.

A la vue des récentes interdictions judiciaires, cette évolution ne vous donne-t-elle pas lentement, mais sûrement, des maux de ventre?
Ce n'est pas agréable de vivre cela de cette manière. Surtout quand on sait ce qui se passe au sein de l'organisation de la course. Je sais que toutes les personnes sur place abattent un travail énorme, et surtout, que le comité d'organisation travaille en son âme et conscience. Nos partenaires à Zermatt m'assurent que rien ne s'oppose à ces courses. Il suffit que la météo soit favorable.

Mais ce ne sont évidemment pas ces titres que l'on souhaiterait lire dans les médias à l'approche d'une telle course.
Il va de soi que personne ne souhaite faire de telles unes. Mais les choses ont été rendues plus grandes qu'elles ne le sont réellement par les médias. Ce qui est important, c'est que le comité d'organisation ait toujours communiqué de manière transparente. Et il sera encore plus important que nous puissions organiser de superbes courses sur les deux week-ends (réd: les 11 et 12 novembre pour les hommes et les 18 et 19 novembre pour les femmes). Cela permettra d'apaiser une grande partie de la vague émotionnelle qui, actuellement, se veut très forte.

L'an passé, l'épreuve avait été annulée par manque de neige.
L'an passé, l'épreuve avait été annulée par manque de neige.Image: KEYSTONE

Passons à Marco Odermatt, le skieur suisse le plus couronné de succès, et de loin. Quelle est sa valeur pour Swiss Ski?
Il a une très grande valeur. Des personnalités comme lui sont une aubaine pour l'ensemble du sport suisse, voire pour la Suisse entière. De tels sportifs sont des idoles et des ambassadeurs de notre pays.

L'équipe autrichienne a subi un immense vide après le départ à la retraite de Marcel Hirscher. Ne pourrait-il pas arriver la même chose en Suisse, en cas de défaillance d'«Odi»?
Notre équipe ne se compose pas seulement de Marco Odermatt. Le collectif n'a jamais été aussi fort depuis des décennies. Même sans les points de Marco, nous aurions gagné le classement des nations l'hiver dernier.

Et au-delà de l'état actuel des choses?
Les Autrichiens, avec lesquels nous avons de très bons rapports, me disent aujourd'hui que les succès de Marcel Hirscher ont masqué différents déficits dans les équipes et la structure nationale. C'était aussi le cas chez nous auparavant. Je me souviens d'un slalom géant où Didier Cuche a gagné, mais où aucun autre Suisse ne s'est classé dans le top 30. Et nous étions en liesse. Actuellement, la situation est vraiment différente. Plusieurs skieurs ne sont pas loin de Marco.

Marco Odermatt visera cette saison un troisième gros globe de crystal.
Marco Odermatt visera cette saison un troisième gros globe de crystal. Image: KEYSTONE

Et pourtant, un coureur aussi exceptionnel est aussi, d'une certaine manière, un défi pour la fédération?
Non, pas dans le cas de Marco. Dans l'histoire de Swiss Ski, il y a eu effectivement des skieurs et des skieuses d'exception, qui ont constitué un défi pour notre structure. Nous avons beaucoup de chance pour cela avec Odermatt. C'est un homme d'équipe. Il a des valeurs et peut entraîner tout un groupe avec lui. C'est un type fédérateur, jovial. Pour lui, ses coéquipiers sont un élément important dans sa réussite, sur et en dehors de la piste. Ce message est également précieux pour les autres athlètes: dans une équipe, on peut s'enrichir mutuellement.

Pour conclure, regardons vers l'avenir. En 2027, Crans-Montana accueillera les Championnats du monde de ski. Là aussi, il y a eu des remous il y a quelques mois. Les Valaisans se sentent floués par Swiss Ski.
Je tiens à préciser que la collaboration avec Crans-Montana est excellente, notamment grâce au Valaisan Didier Defago, CEO de l'événement. Concernant le comité d'organisation, nous avons délibérément choisi une association dans laquelle les communes locales et les remontées mécaniques sont représentées. Il y a toujours des rumeurs qui surgissent lors de grands projets, notamment parce que, dans une première phase, des points restent ouverts et que certains surgissent sans que la solution ne puisse être trouvée d'un claquement de doigts. Il est normal que dans un projet si grand, beaucoup de choses ne se clarifient que petit à petit, jusque dans les moindres détails. Mais je tiens à souligner qu'au sein du comité d'organisation, la collaboration est parfaite.

Vous pouvez donc vous rendre sur place sans craindre de vous faire alpaguer?
Je n'ai jamais eu à craindre quoi que ce soit sur un site de compétition. Je n'aime pas seulement aller à Crans-Montana, mais aussi partout où Swiss Ski organise des compétitions. Les représentants de ces destinations savent que nous ne faisons pas que du sport. Avec ces événements, nous aidons aussi au développement des régions. Ce sont elles qui en tirent la plus grande valeur ajoutée.

Dernière question: la Fédération internationale de ski souhaite planifier pour la première fois les FIS Games en 2028. Swiss Ski a fait part de son intérêt pour l'organisation de cette manifestation. Si l'on accueille les Jeux olympiques deux ans plus tard, est-ce possible?
Non et c'est ainsi. Nous avons toujours dit que dans le cadre de notre stratégie en matière de grands événements, il n'y avait de place que pour l'un ou l'autre. Notre marché ne permet pas d'accueillir les deux événements. La première priorité est sans conteste les Jeux olympiques. S'ils ne sont pas réalisables en 2030, nous examinerons de plus près l'organisation des FIS Games.

Adaptation en français: Romuald Cachod.

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