Marco Odermatt ne cesse d'impressionner en Coupe du monde. Le Nidwaldien (26 ans) se démarque notamment par ses nerfs d'acier, sa confiance en lui et sa sérénité.
Son erreur lors de la deuxième manche du slalom géant d'Aspen? Il passe par-dessus et gagne quand même. Les attentes toujours plus grandes des Suisses et Suissesses, fous de ski? Aucun problème pour lui, la prochaine victoire arrivera.
Monika Wicki-Hess est depuis huit ans la préparatrice mentale du champion olympique et double champion du monde. Elle a récemment tenu une conférence à Wil (SG) pour les parents sur le thème: «Force mentale dans le sport de compétition».
Pendant deux heures, cette femme de 59 ans, originaire de Suisse centrale, a donné un aperçu de son travail. Elle a expliqué comment contrôler les pensées et briser les schémas de comportement. Et elle a souligné l'importance des paroles élogieuses sur le chemin qui mène à l'excellence mondiale.
Monika Wicki-Hess a surtout mis les entraîneurs devant leurs responsabilités:
Monika Wicki-Hess est la cousine d'Erika Hess, l'une des meilleures skieuses du monde dans les années 1980. Aujourd'hui âgée de 62 ans, Erika Hess a été championne du monde à six reprises et a remporté la médaille de bronze en slalom aux JO de Lake Placid en 1980.
Le fait que Monika Wicki-Hess ait décidé de suivre une formation de préparatrice mentale à l'Institut de psychologie appliquée de Zurich est étroitement lié à la carrière d'Erika Hess.
En 1982, aux Championnats du monde de Schladming, les cousines se sont classées première et deuxième après la première manche du slalom géant. Alors qu'Erika a remporté la course et le titre, Monika, âgée de 17 ans seulement, a été éliminée lors de la deuxième manche. «Pas à cause d'un problème technique», explique la préparatrice mentale.
Elle pensait à l'engouement que pourrait susciter une médaille. A la foule qui l'attendait dans la zone d'arrivée. «Pendant une fraction de seconde, j'ai ressenti de la peur». Cette expérience lui a montré qu'au sommet de la hiérarchie mondiale, la tête peut faire la différence.
Le contact entre Monika Wicki-Hess et Marco Odermatt s'est établi au centre de performance de Suisse centrale à Hergiswil (NW), dont elle est la présidente. «Il n'a eu aucune difficulté à me contacter», se souvient-elle. Il s'agissait surtout pour le jeune skieur d'optimiser ses capacités «pour pouvoir livrer la marchandise le jour J».
A cette époque, la préparatrice mentale a donné au Nidwaldien les outils nécessaires et lui a montré comment atteindre de manière autonome un niveau de performance optimal. Cette mère de deux enfants tient à préciser:
L'un des points cruciaux en préparation mentale est la «pensée», fait savoir Monika Wicki-Hess. Les gens pensent souvent aux pires cas possibles. «Et ils se demandent: "Que se passera-t-il ensuite?"» Or, ce qui doit dominer, selon elle, c'est la pensée suivante:
Les schémas de pensée peuvent être reconstruits. «Mais cela doit être entraîné comme un muscle et c'est un travail assidu», prévient l'experte. Les phrases positives ne s'infiltrent que lentement du conscient vers le subconscient.
Quand, début mars, Marco Odermatt a commis une grosse erreur lors du deuxième slalom géant d'Aspen, il n'a pas gambergé ou eu de regrets. Le champion a simplement intériorisé: ce qui est fait est fait. Sa seule pensée était: «Comment vais-je me rattraper?»
Et, au final, le Nidwaldien a remporté cette course. Il avait confié, un jour, avoir une stratégie pour chaque situation. Un exemple? Il lutte contre la nervosité en faisant des exercices de respiration.
Odermatt pratique également beaucoup la visualisation:
Force est de constater que la méthode a fait ses preuves. Le Suisse a écrasé cette saison de Coupe du monde, étant déjà assuré du grand globe et du globe de slalom géant. Au terme des finales de Saalbach ces deux prochains week-ends, il peut ajouter ceux de descente et de super-G.
Adaptation en français: Yoann Graber