En 2022 à Pékin, Beat Feuz était encore de l'autre côté de la caméra. «Maintenant, il est l'un des vôtres», a déclaré son coéquipier Marco Odermatt, lors d'une conférence de presse organisée avant le début de saison.
Beat Feuz a toujours été un athlète de peu de mots. Il va pourtant devoir forcer un peu sa nature cet hiver puisque l'Emmentalois de 36 ans se glissera dans le rôle d'expert en ski pour la radio et la télévision suisse alémanique lors de cinq étapes de la Coupe du monde. Ce week-end à Zermatt, puis également à Val Gardena, à Wengen, à Kitzbühel et lors de la finale de la Coupe du monde à Saalbach.
Beat Feuz aborde son nouveau rôle avec le caractère qu'on lui connaît. Après avoir accepté le poste, le champion olympique de Pékin n'a pas décroché son téléphone pour écouter les conseils de ses ex-collègues présentateurs. Ce qu'il souhaite avant tout, c'est trouver sa propre voix.
Feuz était en contact avec la SRF depuis le printemps. La première approche de la télévision publique consistait à créer un nouveau rôle pour le meilleur descendeur de la dernière décennie. Mais finalement, c'est la fonction de consultant dont l'Emmentalois a hérité; une tâche très respectée depuis l'époque de Bernhard Russi, qui est en quelque sorte le parrain des experts TV à la SRF.
Feuz sourit lorsqu'il se souvient de sa rencontre avec la télévision alémanique à Leutschenbach (ZH). «Une sorte d'entretien d'embauche», glisse-t-il. Après avoir participé à l'enregistrement d'une ancienne course à titre d'essai, il s'est rapidement décidé. Récemment, il a également fait une répétition générale avec Stefan Hofmänner, le commentateur de la SRF à Zermatt. Beat Feuz dit qu'il s'est senti à l'aise.
On imagine volontiers que l'exercice n'est pas simple pour ce père de deux enfants qui, contrairement aux fans de ski, n'a pratiquement jamais regardé des courses de ski à la télévision, puisque c'est souvent lui qui était l'acteur principal des descentes. Il n'a donc pas entendu les avis d'experts TV et radio et ne souhaite pas le faire avant de débuter sa nouvelle aventure. «Je ne veux pas trop d'informations pour me préparer. C'est aussi comme cela que j'abordais les compétitions en tant que skieur.»
Beat Feuz estime que sa valeur ajoutée résidera dans ses connaissances encore bien fraîches du ski alpin. Il pourra ainsi transmettre l'expérience de nombreux détails aux profanes.
Il n'y a qu'un seul endroit que Feuz (comme les skieurs actuels) ne connaît pas et c'est justement Zermatt. Le néo-consultant dit donc qu'il aurait été plus simple pour lui de commencer à Wengen ou à Kitzbühel. Malgré tout, il ne ressent pas de pression particulière. Il est même plus détendu que dans un portillon de départ, tout simplement «parce que j'ai plus que deux minutes pour me produire. Si je fais une erreur avec un coureur, j'en ai quarante autres pour convaincre», explique Feuz.
Toutes les conditions semblent réunies pour qu'il suive les traces du grand Bernhard Russi. Mais Feuz balaie la comparaison:
Peut-être qu'il ne convaincra pas le public, peut-être qu'il trouvera du plaisir dans sa nouvelle vie. Il faut surtout espérer que son humour pince-sans-rire passe au micro, car tout comme son talent de skieur, il est de classe mondiale.