Andri Ragettli était sur le point d'abandonner: «J'allais dire, c'est trop difficile». Il s'est finalement acharné, et est parvenu à rider une barrière de sécurité, en baskets.
La dernière vidéo du champion ne dure que 20 secondes, mais elle est devenue virale sur le net. Elle a surtout demandé beaucoup de travail; «462 tentatives plus tard» avait écrit Ragettli en description. Le skieur suisse n'exagère pas, il existe plus de 300 vidéos où on le voit échouer. Et avant qu'il ne commence à filmer, il avait déjà effectué de nombreux tests.
Le succès de Ragettli sur les réseaux sociaux est le fruit d'un long travail. Mais sa profession à lui, c'est bien celle de skieur freestyle. Il compte parmi les meilleurs du monde. En 2021, il décrochait le titre de champion du monde de slopestyle. Et en 2023, il remportait le bronze. Mais ce sont bien ses vidéos qui font de lui une célébrité. Il est suivi par 1,9 million de personnes sur TikTok, 632 000 sur Instagram. Ses enregistrements, dans lesquels il réalise diverses cascades, deviennent souvent viraux. Parfois, il glisse le long d'une barrière, parfois il enchaine les sauts périlleux du haut d'un pont, parfois il prend part à une course d'obstacles.
La rencontre a lieu à Saas-Fee, quelques jours après le «coup» de la barrière de sécurité. Sur le glacier, il se prépare - comme une grande partie de ses adversaires - pour la reprise de la Coupe du monde (ce week-end à Coire). Il raconte qu'il s'est fixé comme objectif, à l'occasion de cette saison sans Mondiaux, d'être constamment en tête de la Coupe du monde. Mais Ragettli parle aussi de ses vidéos, bien sûr. Il sait à quel point elles sont demandées.
Si ses collègues se reposent durant les week-ends sans compet', lui en profite pour mettre en place une nouvelle vidéo. «Je ne suis pas quelqu'un qui perd son temps», dit-il, même si ses vidéos sont chronophages. Sa dernière publication à succès lui a demandé deux jours de travail, pour un enregistrement final de 20 secondes.
«Nous sommes généralement trois ou quatre amis à partir ensemble. J'aime laisser libre cours à ma créativité», eplique Ragettli. Son frère Gian se trouve souvent derrière la caméra. Le freestyler dispose de sa série sur Blue Zoom. Sur le net, ses objectifs sont élevés, il aimerait un jour franchir la barre du million d'abonnés sur Instagram. Tout ceci lui rapporte. Grâce aux contrats publicitaires, il dit bien gagner sa vie avec les réseaux sociaux: «Je ne fais pas ça pour des raisons financières, mais bien sûr, le fait d'avoir du succès sur les réseaux et dans le sport est bien vu par les sponsors».
Andri Ragettli pourrait très bien se lancer dans la vidéo à plein-temps. Certains freestylers ne font que ça. «Peut-être que je gagnerais beaucoup plus d'argent de cette manière», avoue-t-il. Mais le garçon est beaucoup trop ambitieux pour se contenter de cette activité: «J'ai ce besoin de compétition. Ne faire que des films ou des vidéos serait trop ennuyeux pour moi. Le mélange me convient bien». Il faut dire que l'un amène l'autre. Alors qu'il profite de ses talents de skieur pour faire des vidéos, celles-ci le font également progresser en tant que sportif.
Lorsqu'il est parvenu à rider la barrière de sécurité, après 462 essais, il a appris à connaître la patience et la persévérance.
Ragettli a su très tôt qu'il ferait un jour carrière dans le sport. Quelle que soit la discipline, son talent est toujours évident. Il est doué pour le foot et le ski alpin. Il se décrit comme quelqu'un qui ne lâche jamais rien: «Je crois que ce qui m'a toujours caractérisé, c'est ma ténacité».
À huit ans, il passe de l'alpin au freestyle. «Je me souviens encore de ce que j'ai ressenti le jour où j'ai chaussé des skis freestyle pour la première fois», confie-t-il.
Les parents des autres enfants se moquaient de ce garçon talentueux, ayant décidé de se lancer dans ce «drôle de sport». Plus tard, il connaîtra le même sort en section sport, où d'autres sportifs sont plus respectés. Mais Ragettli veut prouver à tous qu'il a raison.
C'est chose faite, les gens savent qui est Andri Ragettli. Grâce à ses vidéos, et dès ce week-end, à nouveau grâce à ses sauts sur les tremplins de la Coupe du monde de ski freestyle.
Adaptation en Français: Romuald Cachod.