En France, le parquet enquête sur l’ancien skieur alpin et ex-entraîneur de la fédération, Joel Chenal. Médaillé d’argent en slalom géant aux Jeux olympiques de 2006, il est soupçonné de harcèlement sexuel.
Selon le journal français Le Monde, douze femmes ont témoigné – beaucoup d’entre elles étaient mineures au moment des faits présumés. Chenal a été entraîneur au sein de la Fédération française de ski entre 2013 et 2017.
La Suisse n’est pas épargnée: en février de cette année, un entraîneur a été suspendu pour cinq ans par le tribunal du sport suisse. Les accusations: attouchements inappropriés, propos sexistes, abus de pouvoir. L’homme n’était pas employé directement par Swiss Ski, mais intervenait au niveau des clubs.
Les débordements à l’encontre de jeunes sportifs ne sont malheureusement pas rares. Comme le montrent aussi nos enquêtes, de nombreuses disciplines sont concernées, par exemple le handball récemment encore.
Et les victimes ne sont pas uniquement des mineurs. Des situations abusives ont également été signalées au centre d’élite de l’équipe suisse d’aviron.
Marlen Marconi est responsable de l’éthique chez Swiss Ski. Depuis quatre ans, elle construit au sein de la fédération un système destiné à sensibiliser les entraîneurs, informer les parents et les jeunes, et offrir des voies de recours aux victimes.
Ce dispositif s’appuie sur le statut éthique de Swiss Olympic, instauré sous la pression des révélations contenues dans les Protocoles de Macolin. C’est également dans ce contexte qu’a été créée l’organisation Swiss Sport Integrity (SSI). Elle a pour mission d’enquêter en cas de soupçon et de prononcer des sanctions.
Depuis, les efforts de Swiss Olympic dans ce domaine sont devenus tangibles. Il existe même une série de podcasts consacrés à l’éthique dans le sport. Peut-on pour autant parler d’un monde sportif assaini?
Lorsque Marconi a pris ses fonctions, il n’existait aucune structure en la matière. Elle constate une évolution:
Depuis, Swiss Ski propose des formations à tous les niveaux: de l’équipe nationale aux centres régionaux, jusqu’aux clubs. «Nous travaillons à partir de cas concrets. Les sujets sont délicats, mais les retours sont très positifs», observe Marlen Marconi.
Les journées éthiques, bien que facultatives, rencontrent une forte demande. Des formations obligatoires sont organisées pour les entraîneurs, mais tous ne sont pas touchés: «Ceux qui poseraient problème passent souvent entre les mailles du filet», déplore la responsable de l'éthique chez Swiss Ski.
Au niveau des clubs, les moyens manquent souvent. La fédération compte ici sur les parents pour signaler d’éventuels dysfonctionnements à la SSI ou demander conseil. Mais aussi sur les initiatives personnelles des membres des clubs.
L’objectif est de faire tomber les barrières psychologiques qui empêchent les signalements, même en cas de doute:
Pour Marconi, l’enjeu est de taille:
Le compas éthique de Swiss Olympic, outil à disposition de toutes les fédérations, vise à établir un langage commun. Condition nécessaire pour pouvoir commencer à traiter les problèmes.
Le débat et la sensibilisation sont ici décisifs, car des individus dangereux existeront toujours. «Mais nous voulons créer un environnement dans lequel il leur sera le plus difficile possible de mener leurs agissements à bien», conclut Marlen Marconi.
Adaptation en français: Yoann Graber