Iga Swiatek a conquis son troisième titre à Roland-Garros, le quatrième de sa carrière en Grand Chelem. Au terme d'une finale passionnante qui, une fois n'est pas coutume dans ce stade, a duré longtemps (très exactement 2 h 46), la Polonaise a battu la Tchèque Karolina Muchova (WTA 43) 6-2 5-7 6-4.
Iga Swiatek ne cache pas qu'elle a souffert: «J'ai vraiment dû m'accrocher.» Son palmarès à Roland-Garros est impressionnant et ressemble de plus en plus à celui de son modèle Rafael Nadal. A tout juste 22 ans, Iga Swiatek a déjà fait aussi bien que Serena Williams, Monica Seles et Arantxa Sanchez-Vicario. Seules cinq femmes ont triomphé plus souvent à Paris, la recordwoman étant Chris Evert (7) qui, samedi, lui a remis le trophée en main propre.
La domination de la No1 mondiale sur cette surface est pourtant moins flagrante que par le passé. Mais le résultat final est le même. Depuis que ses rivales biberonnent (Barty, Osaka), Iga Swiatek est bien devenue le nouveau visage que le tennis féminin attendait depuis longtemps, et qu'il cherchait désespérément derrière des profils trop stéréotypés (Rybakina, Kvitova, Azarenka), trop instables (Bencic, Raducanu, Garcia, Jabeur, etc) ou trop fragiles (Andreescu).
D'une ancienne adolescente timide, «incapable de regarder les gens dans les yeux», Iga Swiatek est devenue une vraie patronne, totalement assumée et légitime. Sans nier une part de maniaquerie et de nervosité. «On dit la même chose de Nadal», relève-t-elle au sujet de son idole, auquel elle a tout pris: la positive-attitude, l'analyse permanente, l'adaptabilité, l'humilité, le travail, le défi physique et mental qu'elle impose à ses adversaires.
Certes, il s'en est fallu de peu pour qu'Iga Swiatek ne tombe de son piédestal durant cette quinzaine. En demi-finale, la gauchère brésilienne Beatriz Haddad Maia a gâché une balle d'égalisation à un set partout, avant de perdre quatre des cinq derniers points du match.
Karolina Muchova, plus encore, est parvenue à faire douter Iga Swiatek, alors que cette dernière menait tranquillement 6-2 3-0. La Tchèque de 26 ans, qui jouait sa première finale majeure, a même bénéficié d'une balle de break à 4-4 dans la manche décisive, après avoir mené 2-0 puis 4-3 service à suivre dans cet ultime set.
Esthète dans l'âme, Muchova offre un tennis différent, résolument intuitif et varié. Elle reconnaît avoir beaucoup étudié le jeu de Roger Federer et reproduit certaines de ses caractéristiques dominantes: le slice, la volée, le revers, le jeu vers l'avant.
Même s'il est impossible de prédire que son épopée aura une suite, Muchova a tout en main (et quelle main!) pour devenir une vraie rivale et offrir au tennis féminin une opposition de style à la Federer-Nadal. (chd/ats)