Avec des tennismen aussi fantasques que Bublik, Kyrgios ou encore Monfils, on croyait avoir tout vu sur le circuit ATP. Exemples: des services à la cuillère, des coups frappés avec le manche de la raquette, entre les jambes ou encore en mimant un dunk de basketteur. Lundi, c'est pourtant un joueur nettement moins excentrique qui a innové.
Son nom ne vous dit sans doute rien, et c'est normal, parce qu'il n'est «que» 120e au classement mondial: Tomas Barrios Vera. Ce Chilien de 26 ans – dont le meilleur résultat en Grand Chelem est un 2e tour à Wimbledon (2023) – a marqué un point stupéfiant lundi, en 16e de finale du tournoi de Rio. Voyant son adversaire, le Brésilien Gustavo Heide, très reculé, il a logiquement choisi l'option de l'amorti (en le masquant très bien, au passage). Jusque là, rien de fou. Ce qui l'est, c'est la prise avec laquelle le Chilien a réalisé ce coup: en tenant la raquette à hauteur du... triangle en dessus du manche.
Si cette prise si peu académique n'est pas enseignée dans les écoles de tennis, elle présente toutefois des avantages. Un bras de levier (distance main - point d'impact de la balle sur le cordage) si court offre davantage de contrôle et, donc, de précision. Un certain Rafael Nadal, par exemple, opte pour cette technique sur ses volées, en serrant sa raquette au milieu du grip (contrairement à la très grande majorité, qui la tient au bout).
«C'est surtout une question de sensations», témoignait Benjamin Dracos, directeur du tournoi féminin de Montreux et ancien tennisman pro. «Et elles sont différentes pour chacun et chacune.»
Le Vaudois, qui travaillait avec un entraîneur Argentin, nous expliquait aussi que l'école sud-américaine était davantage encline à tenir sa raquette plus haut sur le manche. On se souvient notamment de la prise en coup droit de l'Argentin David Nalbandian (ex-ATP 3).
Mais une «prise triangle» comme celle de Tomas Barrios Vera n'est possible que sur des coups en finesse, car un bras de levier si court empêche de donner de la puissance à la balle.
Aucun souci pour le Chilien, qui a prouvé qu'il savait aussi cogner depuis le fond du court. Il s'est imposé 7-5 6-3. La prochaine victime de ses amortis insolites pourrait être le Britannique Cameron Norrie, qu'il affrontera ce mercredi en 8e de finale.