Chez Rafael Nadal, il n'y a pas que la coupe de cheveux ou la longueur des vêtements qui ont changé au fil des ans. Sa prise de raquette en volée de revers et en revers coupé a, elle aussi, évolué.
Les plus observateurs d'entre vous auront remarqué que l'Espagnol place désormais sa main beaucoup plus haut sur le manche (quasiment au milieu) quand il exécute ces deux coups. A l'image des joueurs de badminton, par exemple.
Nadal est l'un des très rares professionnels du tennis – hommes et femmes mélangés – à avoir une telle prise. Vous pouvez le constater avec les images suivantes: des stars comme Roger Federer, Novak Djokovic, Stefanos Tsitsipas ou Stan Wawrinka tiennent tous leur raquette au bout du manche quand ils jouent des volées de revers (et tous leurs autres coups, d'ailleurs), à l'instar de la grande majorité des tennismen et tenniswomen.
Rafael Nadal lui-même optait pour cette prise conventionnelle il y a encore deux ans, comme le prouve ce cliché pris au tournoi de Paris-Bercy en novembre 2020.
Mais pourquoi le Majorquin a-t-il changé sa manière de tenir sa raquette? «Tenir son manche plus haut offre davantage de contrôle dans ses frappes», explique Benjamin Dracos, ex-561e joueur mondial et directeur du tournoi pro féminin «Elle Spirit Open» à Montreux (VD).
Cette précision accrue s'explique par un bras de levier raccourci (la distance main-point d'impact de la balle sur le cordage est réduite). En quelque sorte, on sent mieux la balle, frappée plus proche. Bien que confortable et efficace – pour Nadal en tout cas, «qui commet très peu de fautes en volée et en slice» –, cette prise n'est pas la panacée pour tous les joueurs. «C'est surtout une question de sensations», témoigne Benjamin Dracos. «Et elles sont différentes pour chacun et chacune.»
Le Vaudois (38 ans) est très bien placé pour le savoir: comme Nadal, il a lui-même adopté une prise plus haute sur le manche en volée en cours de carrière. «Elle m'a mieux convenu, c'était mon entraîneur argentin qui me l'a fait découvrir», rembobine-t-il. Benjamin Dracos a remarqué une particularité culturelle:
Si elle offre davantage de contrôle, cette manière de tenir la raquette réduit – à cause du bras de levier plus court – l'amplitude du geste. Et, par conséquent, diminue la puissance de la frappe. Ce n'est pas un problème pour des coups comme les volées ou le slice, avec lesquels on cherche plus l'effet imprimé à la balle que la vitesse. Ça le devient pour des coups frappés ou liftés depuis le fond du terrain, par exemple.
A tel point que les joueurs avec un petit gabarit utilisaient, à l'époque, un subterfuge pour gagner en amplitude (en plus de tenir leur raquette au bout du manche). «Les marques commercialisaient systématiquement deux modèles pour chaque nouvelle raquette», se souvient Benjamin Dracos.
Et pour revenir à cette prise raccourcie de Nadal: Benjamin Dracos la conseille-t-il parfois à ses élèves? «Ça m'arrive, oui. Elle est pratique pour gommer l'erreur de vouloir frapper les volées avec élan alors qu'il faut en fait les poser. Et elle permet aussi d'éviter que le poignet bouge, on doit avoir la main ferme quand on exécute une volée.» Parce que oui, raccourcir le manche (ou le bras de levier) limite aussi les vibrations parasites.
Alors si vous voulez imiter Rafael Nadal la prochaine fois que vous irez sur un court, pourquoi pas! De là à gagner 22 tournois du Grand Chelem, on ne peut rien promettre. Mais si vous maîtrisez mieux vos volées et vos revers slicés, vous penserez à nous 😉