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Roland-Garros: pourquoi tant de nervosité chez Stan Wawrinka?

Switzerland's Stan Wawrinka plays a shot against Spain's Albert Ramos-Vinolas during their first round match of the French Open tennis tournament at the Roland Garros stadium in Paris, Monda ...
Stan Wawrinka, 38 ans, est parfois nerveux comme un débutant.Keystone

Pourquoi tant de nervosité chez Stan Wawrinka, à son âge?

En démonstration pendant deux sets, Stan Wawrinka a (encore) prolongé inutilement ses souffrances au premier tour de Roland-Garros, par la faute d'une fébrilité suspecte. Il explique.
30.05.2023, 06:17
christian despont, paris
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Il suffit de le regarder jouer quelques minutes pour comprendre que Stan Wawrinka ne souffre d'aucune forme d'obsolescence, ni technique, ni physique. Peut-être (au risque de paraître impoli) a-t-il pris un peu de ventre mais comme il le dit lui-même, c'est sa constitution, il est né avec un physique de bison et tous les régimes pommes-carottes ne suffiront pas à le transformer en poney.

Sur un court No 14 bondé qui scandait son nom, lundi, le plus vieux joueur de Roland-Garros (38 ans) ne faisait absolument pas son âge. Tout le monde voyait bien après deux sets contre Albert Ramos-Vinolas ce qui, en général, sépare un bon ouvrier de la terre d'un triple vainqueur de Grand Chelem. «Stan est revenu à un excellent niveau», validait Henri Leconte, la moue admirative.

Et puis, ce qui pouvait arriver est (encore) arrivé... Après avoir breaké d'entrée au troisième set, Stan Wawrinka est entré dans un état second, mélange de nervosité, de noirceur et de colère (contre lui-même). Il a accumulé les fautes grossières, même les doubles fautes, il a cassé du matériel et du mobilier, avant de traverser le quatrième set comme un vagabond.

Sa victoire en cinq sets (7-6 6-4 1-6 6-7 6-4) ressemble à sa carrière: elle met en opposition une résilience hors norme et une propension étonnante à l'auto-sabordage. «C'est vrai que mentalement, j'ai une marge de progression, avoue Stan Wawrinka. Je ne suis plus à un stade de ma carrière où, avec la fatigue, je réfléchis moins. Honnêtement, ce n'est plus le cas, je reste trop sur la retenue. Après 4 h 30 de jeu, aujourd'hui, j'étais très bien physiquement mais encore une fois, pas assez positif et relâché.»

Henri Leconte raconte qu'à la fin de sa carrière, il a pris «une certaine distance avec le résultat. Je ne tremblais plus pour une balle de break. Mais Stan, lui, est un cérébral. Il réfléchit beaucoup, tout le temps. Je ne sais pas si c'est un défaut mais, dans ce cas précis, ça l'empêche de se libérer.»

Leconte ne sous-estime pas la question du standing: «Contrairement à moi, Stan a remporté trois Grand Chelem. Ces gars-là ont peut-être plus peur de décevoir. Ils ont une réputation à défendre et ils peuvent penser à certains moments qu'ils ne sont pas à la hauteur. Si Stan est plus fort à l'entraînement, c'est parce qu'il y joue relâché, sans arrière-pensée.»

Stan Wawrinka peut respirer apr�s une grosse frayeur.
Trop prise de tête?Keystone

C'est pour «retrouver cette confiance», renouer avec des valeurs anciennes de courage et de patience, que Stan Wawrinka est allé rechercher Magnus Norman en Suède. Personne ne le connait mieux que «le Professeur». C'est Magnus Norman qui l'a convaincu qu'il était bien plus qu'un brave garçon du Gros-de-Vaud, qu'il pouvait remporter des titres. C'est Magnus Norman qui l'a sorti des toilettes, en larmes et sueurs, avant la finale de l'US Open 2016. C'est Magnus Norman qui l'exhorte à croire en lui depuis bientôt dix ans. Mais comment changer une nature profonde? Comment revenir en arrière?

Stan Wawrinka admet qu'il ne «redeviendra jamais le joueur de 2015. Je le sais et je m'en accommode. Je ne vis pas dans le passé. Aujourd'hui, je veux seulement profiter de toutes ces émotions. J'ai gagné un match en cinq sets avec un soutien incoryable. Le public m'a aidé à m'accrocher, à rester dans le coup.»

Cette popularité immense contribue-t-elle aussi, pour une part, à ses inhibitions? Il réfute: «C'est plutôt le contraire. J'ai besoin de cette énergie du public quand, tout à coup, j'ai des baisses de régime mentalement. Dans ces moments-là, j'essaie d'être plus positif, de jouer plus simple. Mais ce n'est pas toujours facile.»

Stan Wawrinka nous expliquait un jour qu'avec l'âge, «les joueurs de tennis deviennent plus nerveux. Pour une raison assez simple: avec l'expérience, nous connaissons les conséquences de nos erreurs. Sur les balles importantes, nous nous mettons à réfléchir. Nous sommes dans l'anticipation négative. Nous créons nous-mêmes les conditions de notre stress.»

Le poète René Char a eu cette maxime célèbre: «Agir en primitif et prévoir en stratège.» Mais un joueur comme Stan Wawrinka n'a pas ce privilège: il n'a plus l'insouciance d'un primate ni l'âge des stratégies à long terme. Il lui reste le bonheur immédiat d'un deuxième tour à Roland-Garros, des retrouvailles avec l'Australien Thanasi Kokkinakis (ATP 108), et la certitude absolue, durement acquise, que rien ne lui sera donné, jamais.

Le superbe point de Stan Wawrinka
Video: twitter
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