«La première chose que je sais, c’est qu’il est beaucoup plus facile d’atteindre ses objectifs si on est une bonne personne. Si on a une bonne philosophie de vie et qu’on évite de s’en écarter. La deuxième chose que je sais, c’est qu’il est important de toujours connaître son objectif et d’être cohérent, conséquent, par rapport à cet objectif. Entrer dans le top 100 nécessite un certain effort. Devenir No 1 est un choix de vie: l'exigence, le travail, doivent être au niveau de l’objectif. En permanence. Et dans ce domaine, les bonnes personnes réussissent mieux.»
«On entend souvent dire qu’à l’entraînement, l’essentiel n’est pas la quantité, mais la qualité. D’accord. Mais la qualité naît très souvent… de la quantité. On l’obtient généralement après des tentatives répétées. C'est bien joli de dire qu’il faut privilégier la qualité mais la réalité, c’est qu’avant de trouver une solution, on essaie plusieurs fois. De nombreuses fois. Peut-être que pour Federer, il faudra essayer 10 fois, pour Rafael 12 fois, et pour un autre, ce sera même 20 fois. Mieux: si tu es disposé à recommencer 20 fois chaque geste que tu ne maîtrises pas, tu arriveras peut-être au niveau des autres. Tout ce que je sais, c’est que l’on n’obtient jamais rien sans effort. Qualité ou non.»
«Dans ce processus, l'autonomie est essentielle. Jusqu'où tu peux aller, tu veux aller, pour conquérir tes objectifs, ne concerne que toi. Tout dépendra de toi. La responsabilité doit te porter à faire les choses comme tu as besoin de les faire. Tu ne dois pas attendre cela des autres.»
«Je crois que le niveau de concentration dépend des habitudes que l’on prend quand on est enfant. Rafael a reçu une éthique de travail depuis tout petit. Sur le court, il n’avait pas le droit de jeter sa raquette. Il devait toujours avoir un bon niveau de concentration, une bonne attitude. Quand ces habitudes-là sont prises jeunes, elles deviennent assez vite naturelles.»
«C'est une erreur que commettent beaucoup de gens: ils pensent que le talent consiste à bien frapper la balle. Mais le talent, en tennis, c'est plus que cela. C'est beaucoup d’autres choses. C’est courir. Rester concentré pendant des heures. Etre capable de s’entraîner plus longtemps que les autres. La force de travail, elle aussi, est un talent. Et ce talent n’est pas répandu. Il n’est pas à la portée de tout le monde.»
«Pour moi, le talent suprême dans la vie, c'est la capacité d'apprendre. Parmi les personnes que j'ai entraînées, certaines ont franchi très vite la première étape. Mais après, elles ont échoué sur la deuxième. D’autres ont longtemps buté sur la première, mais une fois qu’elles ont dépassé ce blocage, elles ont rapidement accédé aux étapes suivantes. Toute évolution, chez un joueur de tennis, est liée à la capacité d’apprendre. Cet apprentissage peut passer par l’intelligence de jeu mais aussi par la force de travail – on y revient toujours.»
«Non, le résultat n’est pas tout. Parce que tu ne sais jamais si tu vas jouer contre Federer ou Djokovic, ou je ne sais qui. Il y a des jours où tu fais parfaitement les choses mais où une autre personne les fait encore mieux que toi. L’avantage de bien travailler, c'est que quand tu perds, tu n’as jamais l’impression que c'est entièrement ta faute. Je répétais toujours à Rafael quand il était petit: "Si tu ne peux pas gagner contre un adversaire, au moins, ne l’aide pas à te battre." Je lui répétais aussi: "Nous devons toujours sortir du court avec le sentiment que nous avons fait tout notre possible pour donner le meilleur de nous-mêmes." Et ça, c'est le plus important. Ça t’apporte une grande satisfaction personnelle. Pas seulement dans le sport mais dans la vie.»
«Rafael a appliqué ce principe depuis qu'il a commencé le tennis. A 9 ans, 10 ans, 11 ans, 12 ans, il a eu toujours la bonne attitude pour conquérir ses objectifs. Il a joué tous les jours comme s'il disputait une finale. J'ai lu quelquefois qu’il disait: «Pour moi, jouer avec mon oncle était plus difficile qu’une finale.» Oui, c’est vrai. Je pense depuis toujours que le plus important dans la vie, c'est la préparation. Et pour avoir une bonne préparation dans le tennis, il faut travailler chaque matin, chaque après-midi, chaque soir, avec la même intensité. Avec le même niveau de concentration. Comme si c’était une finale.»
«Parfois, un joueur ne tire les bénéfices de son travail qu’après trois ou quatre ans. Il doit savoir patienter et mériter sa victoire. Mais il doit également apprendre à perdre. C’est tout aussi important. Quand tu perds, il n’existe qu’une seule explication irréfutable: ta performance était insuffisante. Tu dois travailler un peu plus. Ce n'est pas la peine de te lamenter: «Oh, j’ai perdu, je suis mauvais.» Si tu veux rester compétitif, tu dois faire mieux. Encore mieux. Tu dois apprendre un peu plus.»
«La persévérance est capitale. Sans elle, tu ne peux pas frapper 10 000 balles jusqu'à ce que tu découvres la façon d’exécuter un très bon coup. Il est presque impossible de percer si tu n'es pas persévérant. Si tu ne sais pas perdre et apprendre de ta défaite.»
«A l'académie de Rafael, ils m’ont demandé d’écrire quelques mots pour motiver les jeunes. Ma citation est inscrite à la sortie des vestiaires: jamais une excuse ne nous fait gagner un match. Et c'est la vérité. Quand, après une défaite, un joueur trouve une bonne excuse, il en retire une sensation de bien-être et de réconfort, mais ça ne l'aide jamais. Il doit accepter la réalité. Essayer de la changer. Ne surtout pas penser que son excuse lui servira à quoi que ce soit.»
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