Si l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs, on ne peut pas en dire autant de la terre battue. Car, contrairement à l'Europe, l'Amérique du Sud et une bonne partie du reste du monde où cette surface du tennis est orange, elle possède une couleur verdâtre aux Etats-Unis.
La raison n'a rien à voir avec une lubie artistique, comme cela avait par exemple été le cas lors du tournoi de Madrid en 2009 avec sa terre bleue. Non, ce vert est simplement lié au matériel utilisé: la terre battue américaine provient d'une roche gris-vert des montagnes Blue Ridge en Virginie, qui est ensuite concassée et déposée, en guise de dernière couche, sur un revêtement dur. Le procédé est le même avec l'ocre, mais celui-ci est issu de briques pilées, ce qui lui confère sa couleur orange.
En plus d'une apparence différente, la terre battue américaine – la green clay, également appelée «Har-Tru» ou «Rubico» (du nom des entreprises qui fabriquent les courts) – a des caractéristiques différentes de sa cousine orange, qui influencent le jeu. Les terrains en green clay sont «plus rapides, plus durs et souvent beaucoup plus réguliers et indulgents concernant les rebonds, qui sont moins hauts» que sur la terre battue européenne, témoigne dans un article de tennis.com Nina Pantic, une ex-tenniswoman américaine reconvertie journaliste.
«Etant donné que les particules d'argile sur la couche supérieure sont légèrement plus grosses que celles de la terre battue orange, les courts en green clay sont un peu plus rapides», précise l'équipementier Wilson sur son site.
Même si la terre verte reste bien plus lente et offre davantage de rebonds qu'une surface dure, elle se rapproche des conditions de jeu sur celle-ci. Et notamment avec un avantage pas négligeable quand on fait soi-même ses lessives et son ménage: moins poussiéreuse que l'ocre, la green clay salit moins les vêtements et les chaussures. Elle est aussi une alliée des caisses de clubs et des concierges puisqu'elle exige moins d'entretien.
Et niveau glissade, l'une des spécificités du jeu sur terre, ça donne quoi, cette version américaine? «Elle a tendance à être plus glissante que l'ocre et plus difficile en termes de changements de direction lors des déplacements», fait remarquer le site spécialisé tennisct.com. En d'autres termes, les appuis y sont moins aisés. «Les chaussures s’enfoncent moins profondément que sur terre battue orange», souligne Nina Pantic.
En cas de chute intempestive sur les courts de Charleston, les tenniswomen pourront au moins se consoler en se disant qu'elles n'auront pas trop d'habits à nettoyer après le match. Un privilège qu'elles n'auront pas sur l'ocre de Roland-Garros...