Si Novak Djokovic a l'habitude d'envoyer du bois sur un court de tennis, c'est peut-être grâce à sa relation particulière avec les arbres.
Le numéro 1 mondial – qui affrontera Adrian Mannarino (ATP 19) dimanche en 8e de finale – a surpris cette semaine en conférence de presse à l'Open d'Australie quand il s'est confié sur l'une de ses manières de se préparer.
Enlacer les arbres. Voilà ce qui a retenu l'attention des médias et fait beaucoup parler. Logique, car l'activité, quand elle est pratiquée dans un but spécifique, n'est pas fréquente. Djokovic précise:
Si ces explications ont de quoi intriguer le commun des mortels, elles n'étonnent pas du tout Samuel Ricucci. Comme le tennisman serbe, ce Vaudois de 45 ans pratique la sylvothérapie, cette connexion physique et spirituelle avec les arbres.
«Ça me ressource énormément», pose d'entrée le quadra, qui a découvert cette forme de médecine ado dans ses lectures avant de la tester.
Ses sessions durent entre 20 à 30 minutes, mais les premiers effets peuvent se ressentir après quelques secondes seulement. «Plus on pratique, moins on a besoin de temps», témoigne-t-il. Les bienfaits sont à la fois mentaux et physiques, à en croire le natif de Montreux. «Après une séance, on se sent libéré d'un poids psychologique. Le corps est léger, souple».
Autrement dit, des dispositions essentielles à un tennisman en quête de performance comme Novak Djokovic, dont le niveau exige relaxation physique et apaisement mental complet (d'ailleurs, les deux vont de pair). La première pensée parasite en plein match a de quoi faire vriller n'importe quel joueur, y compris de sa trempe.
C'est pourquoi, comme de nombreux collègues sur le circuit, il accorde une grande importance à la préparation mentale. Visualisation, méditation, yoga, travail sur la respiration et donc sylvothérapie: le recordman de titres en Grand Chelem n'a cessé au fil de sa carrière d'apprivoiser de nouvelles techniques pour devenir toujours plus fort.
Samuel Ricucci voit encore un autre bénéfice à enlacer des arbres. «Ça peut vous amener de l'énergie». Il se base sur une expérience qu'il a vécue sur un végétal en particulier à Montreux.
Interrogé par Eurosport, le sylvothérapeute français Thierry Beaufort croit dur comme ébène à ce transfert d'énergie: «Pour la ressentir, Djokovic doit aller au contact de l'arbre avec les deux mains et le front, certainement».
Même si elle se développe, de nombreuses personnes demeurent sceptiques quant à cette médecine non-conventionnelle. De quoi décourager ses adeptes d'en parler publiquement, de peur des moqueries ou des jugements. «Il est assez simple de comprendre pourquoi les sportifs de haut niveau commencent à s'y intéresser (seulement maintenant)», analyse Thierry Beaufort.
Samuel Ricucci a été confronté à cette méfiance durant son adolescence. «Je n'osais pas en parler, certains proches pensaient que je faisais un délire mystique».
Avec un ambassadeur aussi prestigieux que Novak Djokovic, la sylvothérapie a un joli potentiel de démocratisation. Même le fantasque Nick Kyrgios envisage de la tester, comme il l'a fait savoir non sans humour: «Bon, si Djokovic avait zéro Grand Chelem, je lui dirais qu'il est complètement fou. Mais puisqu'il en a 24, j'imagine que je devrais faire un câlin avec tous les arbres que je trouve!»
Mais ne vous y trompez pas: si vous êtes une vraie pive en tennis, en serrant uniquement des troncs sans entraînement à côté, vous resterez un joueur bout de bois.