La Confédération recommande désormais la vaccination avec deux doses pour les enfants âgés de 5 à 11 ans. Elle s'adresse en premier lieu aux enfants atteints d’une maladie chronique et ceux qui sont en contact étroit avec des personnes vulnérables. Telle est la décision prise par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et par la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) cette semaine.
watson a posé la question à deux experts romands de la médecine pédiatrique pour y voir plus clair.👇
La vaccination n'est pas imposée aux enfants, elle est proposée. Et pour Alessandro Diana, elle poursuit un objectif de santé publique, mais aussi individuelle. Pour le vaccinologue et responsable du Centre de Pédiatrie de la Clinique des Grangettes (GE), vacciner les enfants, c'est leur offrir une défense individuelle contre le virus, mais aussi protéger les personnes vulnérables dans leur entourage:
Pour Pierre-Alex Crisinel, médecin à l'unité pédiatrique et de vaccinologie du CHUV, la vaccination des enfants n’est pas une obligation, il n’y a donc pas de nécessité à la faire. Elle est conseillée surtout aux enfants à risques et pour les parents qui le désirent: «la recommandation est basée sur l'évaluation personnelle, d’un enfant à un autre, par rapport au risque ou au bénéfice de la vaccination».
Selon lui, il y aurait deux raisons principales pour lesquelles on devrait vacciner les enfants. La première est de diminuer le fardeau de la maladie et diminuer le fardeau social:
Pour le Dr Pierre-Alex Crisinel, la vaccination des enfants aura un impact sur le nombre de cas en général, mais elle n’est en aucun cas un outil pour sortir de la pandémie. «Dire que c'est en vaccinant les enfants qu'on va sortir de cette crise, je pense que c'est une erreur et c'est aussi leur mettre une pression inutile et déplacée.»
Même si l’OFSP ne le recommande pas, Alessandro Diana se dit «avocat de la stratégie pré-vaccinale». Il prône l’utilisation de tests sérologiques afin de déterminer si l’enfant a déjà eu le Covid ou non. Cela permettrait aux parents de plus facilement décider de la suite. «À ce jour, on sait que si vous avez une sérologie positive, vous avez une bonne protection contre les complications d'une infection, et notamment les enfants de 5-11 ans».
Dans le cas où la sérologie serait négative, la question se pose alors aux parents: est-ce que j'expose mon enfant au vaccin ou au virus? D'après Alessandro Diana, l’enjeu est alors de déterminer quel enfant n’a pas été exposé au Covid pour pouvoir proposer une vaccination ciblée.
Dr Pierre-Alex Crisinel ne préconise pas les tests sérologiques. D’après lui, c’est une méthode qui alourdirait le processus. «Je pense que c’est plus efficient si on ne rajoute pas cette étape supplémentaire de la sérologie et vacciner un enfant qui a fait la maladie sans le savoir n’est pas grave».
«Non je ne pense pas», indique Alessandro Diana. Selon lui, les parents ne sont pas forcément contre le vaccin, mais se posent beaucoup de questions et cherchent surtout des réponses avant de pouvoir prendre une décision.
Parmi les hésitations, on retrouve le fait que, pour cette catégorie d’âge, les enfants développeront rarement de forme grave. On retrouve aussi la crainte des effets secondaires:
Aux États-Unis, on sait aujourd’hui que six millions d’enfants âgés entre 5 et 11 ans ont été vaccinés. D’après Alessandro Diana, qui se base sur la pharmacovigilance, les effets secondaires graves qu'on pourrait déceler à ce jour seraient de l’ordre de un sur six millions et ce n’est pas le cas , «ce qui est déjà rassurant».
Les effets secondaires qu'on peut retrouver chez l'enfant? Mal au bras, fièvre dans les 36 heures et douleurs dans les muscles et les articulations. Ceux-ci restent des effets secondaires de bas grade selon le pédiatre.
Pierre-Alex Crisinel ne s’attend pas non plus à une forte demande de vaccin en janvier. Un faible niveau de recommandation, la perception que c’est une maladie peu grave chez les enfants et la nouveauté du vaccin sont les éléments qui font que les parents ne vont pas se bousculer.
Il indique cependant que certains parents, dont les enfants sont à risques, attendent ce vaccin avec impatience:
Ils ont d’abord une obligation de diligence, de transmettre à leurs patients les recommandations de l’OFSP. Ils ont également le devoir de pratiquer de la médecine individuelle.
Même s’il ne suit pas de patients individuels dans son quotidien, le Dr Pierre-Alex Crisinel ne recommanderait pas forcément le vaccin:
Pour lui, ce qui compte finalement, c'est d'abord la sécurité du vaccin et le fait de ne pas mettre de pression inutile sur les enfants. «Actuellement, si je dois discuter avec des parents, je manque encore de recul pour leur dire que le risque est nul en termes d'effets secondaires graves. Néanmoins, on peut anticiper un risque très très faible.»