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Pour éviter le naufrage, les trois défis du PLR

Pierre-Antoine Hildbrand, conseiller municipal et candidat PLR, s'exprime lors d'une conférence de presse sur le 2ème tour à la Municipalité de Lausanne le jeudi 11 mars 2021 à Lausanne.
Un programme ne suffira pas pour que le parti se redresse en Suisse romande.Image: KEYSTONE
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Pour éviter le naufrage, les trois défis du PLR

Le Parti libéral-radical (PLR) a perdu beaucoup de plumes dans les cantons romands aux dernières échéances électorales. Voici trois exercices d'auto-critique auxquels il n'échappera pas, de l'avis des pontes mêmes du parti.
31.03.2021, 14:2331.03.2021, 17:04
Jonas Follonier
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C'est l'heure de l'auto-questionnement. Aux dernières élections cantonales et communales en Suisse romande, le 28 mars dernier, le Parti libéral-radical (PLR) a perdu un nombre significatif de sièges. Dans le canton de Vaud, c'est un recul de 13% dans les conseils communaux et de 16% dans les conseils municipaux. A Fribourg, la perte d'un siège au Conseil d'Etat. A Genève, le PLR n'a même pas présenté de candidat au second tour de la course au gouvernement cantonal, à la suite du succès de Pierre Maudet au premier tour qui a grignoté des voix à son ancien parti.

Les premiers concernés sont en train de tirer les leçons de cette baisse de vitesse, qui a commencé déjà lors des dernières élections fédérales (-4 sièges au Conseil national) et qui se fait surtout au profit de la fameuse «vague verte». Chacun y va de ses pistes dans les coulisses, sur les réseaux, dans les médias et même dans des bouquins. Trois chantiers intellectuels, politiques et stratégiques ressortent de ce que le parti semble envisager pour pouvoir espérer se relever avant 2023, année d'élections fédérales.

Développer d'autres arguments que celui du pragmatisme

Avoir un bon bilan ne suffit pas pour se faire élire. C'est d'autant plus vrai quand on a affaire à un système majoritaire, où ce sont les personnes et leurs projets qui comptent. Briguer un mandat suppose d'être une force de propositions. Et, si possible, autres que cette fameuse promesse de pragmatisme, qui veut à la fois tout dire et ne rien dire.

Il s'agit pour les candidats de centre-droit d'assumer leurs idées libérales et de les appliquer au monde d'aujourd'hui. Et en particulier aux préoccupations des citadins. La gauche, elle, sait parler aux villes; c'est d'ailleurs devenu son électorat type. La droite thématise peut-être trop dans le domaine général – baisse des impôts, amélioration des conditions cadres pour garantir la compétitivité d'une commune ou d'un canton, bonne gestion de l'argent public etc. – et pas assez dans le domaine concret de thèmes propres aux centres urbains.

Un problème constaté par le vice-président du PLR Suisse Philippe Nantermod, qui apporte cette piste au 19h30 de la RTS:

«On doit adapter nos projets, nos réponses non pas sur les valeurs libérales qui restent libérales, mais en fonction des préoccupations, qu’elle soient sur les plans environnementaux, des questions de transports, des questions du bien vivre et du bien-être dans les zones urbaines, en donnant des réponses qui soient libérales et qui ne soient pas des réponses étatistes»
Le vice-président du PLR Philippe Nantermod

Faire de la pédagogie

Dans un ouvrage commun venant de sortir aux Editions Slatkine, l'historien Olivier Meuwly et le philosophe Enzo Santacroce réfléchissent à l'essence du libéralisme et à la manière dont il doit être défendu aujourd'hui, à commencer par le PLR. Il ressort de leurs riches réflexions un élément fondamental et peu souvent évoqué: la pédagogie.

«Le libéralisme ne peut plus faire l'économie de la justification. Si ses positions restent justes, il doit les expliquer. Plus rien n'est évident et l'évolution du climat social et politique indique que cette situation ne va pas changer.»
Olivier Meuwly et Enzo Santacroce, Pour une régénération du libéralisme, Slatkine (2021)

Notons que des initiatives sont d'ores et déjà prises dans ce sens. Depuis trois ans, la thématique de la liberté est abordée sous tous les angles de façon engagée et explicative dans le podcast Liber-thé, animé par trois jeunes, dont le vice-président des Jeunes libéraux-radicaux (JLR) suisses Nicolas Jutzet. Depuis, le podcast a évolué en un média qui réunit non seulement des épisodes enregistrés, mais aussi des articles, des interviews, des dessins...

«Infuser une culture pop libérale»

«Quand tu habites dans un pays riche, tu as tendance à oublier d'où vient son succès. Il faut le rappeler de manière didactique et hors du champ purement politique, infuser une sorte de "culture pop" libérale, comme le fait par exemple l'essayiste et romancier français Gaspard Koenig en écrivant des livres qui concernent la liberté mais qui n'en traitent pas explicitement. Ayn Rand, avec son roman "La Grève", a fait plus pour la liberté que n'importe quel politicien»
Nicolas Jutzet, fondateur de Liber-thé, interrogé par watson

S'assurer d'être incarné et de parler aux gens

La politique, ce ne sont pas seulement des idées. Ce sont aussi des personnes pour les porter. Et ces personnes doivent savoir parler aux émotions des gens. Or, comme la société change, le personnel politique doit changer lui aussi. Un passage de témoins à des jeunes est attendu, comme l'a noté Olivier Feller dans le quotidien 24 heures le 30 mars:

«Celles et ceux qui avaient une image "usée" ont eu plus de peine à se faire réélire»
Olivier Feller, conseiller national (PLR/VD)

Un constat partagé par Barry Lopez, conseiller communal au Mont-sur-Lausanne et ancien président des JLR Vaud: «On s'est trop reposé sur des personnes certes brillantes mais qui sont installées depuis longtemps.» A savoir, les Philippe Leuba, les Christian Lüscher, etc. «Les électeurs ne se reconnaissent plus forcément dans des PLR costard-cravate», complète l'ancien porte-parole de la plateforme easyvote. «Il faut une diversité de styles, avec des gens qui savent parler aux villes. La gauche, elle, a su trouver des jeunes de qualité qui ont cette étoffe-là. Ils ont compris le rôle de la formation.»

Le cas de Morges donne raison à cette idée. Suite à une entente entre Vert'libéraux, PLR et UDC, l'exécutif a basculé à droite et compte quatre nouveaux venus. Or, la mise en avant de nouvelles têtes ne s'improvise pas. De manière générale, un véritable travail de fond devra être mené pour satisfaire aux différentes conditions d'une survie du PLR en Suisse romande. Cela vaut aussi pour d'autres partis, à commencer par le PDC.

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