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L'option suisse face à la pénurie de gaz? Poutine

epa09275881 Russian President Vladimir Putin (L) talks with Swiss President Guy Parmelin (R) as he arrives at Villa La Grange for the US-Russia summit, in Geneva, Switzerland, 16 June 2021. US Preside ...
Vladimir Poutine et le ministre de l'Economie Guy Parmelin, il y a un an, lors du sommet USA-Russie à Genève. Il n'était guère question de gaz dans la discussion.image: keystone
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L'option suisse face à la pénurie de gaz? Placer ses espoirs en Poutine

La Suisse doit se préparer à une pénurie de gaz et d'électricité en hiver. Tout (ou presque) repose sur la question de la continuité de l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel russe. Et surtout, de la quantité livrée.
21.07.2022, 18:5421.07.2022, 18:54
Peter Blunschi
Peter Blunschi
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Parler de l'hiver prochain lorsqu'il fait une température caniculaire n'est pas chose aisée. Les experts de la Confédération et du secteur de l'énergie ont tout de même tenté le coup mercredi. Il s'agit, en effet, d'un sujet sérieux: la Suisse disposera-t-elle de suffisamment de gaz et d'électricité pendant la saison froide? Ou, pour formuler les choses de manière plus pointue: allons-nous nous retrouver dans le noir et le froid?

De telles questions bouleversent notre perception de notre qualité de vie. Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous nous sommes habitués à ce que l'énergie soit toujours disponible en quantité suffisante. La seule exception a été l'embargo pétrolier de 1973, qui a étouffé la longue période de haute conjoncture européenne de l'après-guerre et a conduit à des mesures insolites comme les trois dimanches sans voiture.

Mais même cet épisode n'est pas comparable à la situation actuelle, selon Benoît Revaz, directeur de l'Office fédéral de l'énergie:

«Nous vivons actuellement la première crise énergétique mondiale, et l'Europe est à son l'épicentre»

En effet, les prix de l'énergie crèvent le plafond partout, mais l'Europe est particulièrement touchée par la guerre en Ukraine.

Le plan d'urgence de l'UE

En réaction aux sanctions occidentales, la Russie a réduit ses livraisons de gaz à l'Europe. Le gazoduc Nord Stream 1 qui a été arrêté pour des travaux de maintenance et a redémarré. Toutefois, la Commission européenne a présenté, mercredi, un plan d'urgence avec une possible mesure d'austérité au cas où Poutine couperait le robinet.

La menace de pénurie de gaz est un sujet de préoccupation majeur en Allemagne, mais la Suisse a longtemps préféré ignorer le problème. Chez nous, le gaz naturel ne tient pas un rôle central, mais il n'est pas non plus négligeable. Il couvre environ 15% de la consommation totale d'énergie et est utilisé dans la production industrielle ainsi que dans les ménages privés pour le chauffage et la cuisine.

La naïveté face au gaz

Ce faisant, la Suisse est entièrement dépendante des importations, même en hiver, faute de stockage propre. Malgré ce fait, on a cru naïvement qu'il y aurait toujours suffisamment de gaz disponible. Cela rappelle la crise de 1973, lorsque les exportateurs de pétrole du Proche-Orient avaient décidé de boycotter les livraisons en raison du soutien occidental à Israël lors de la guerre du Yom Kippour.

Leere Autobahnen an einem Autofreien Sonntag im November/Dezember 1973 in der Schweiz. Wegen der unsicheren Versorgungslage auf dem Erdoelmarkt erlaesst der Bundesrat am 21. November 1973 ein Autofahr ...
En raison de la crise pétrolière, le Conseil fédéral a décrété fin 1973 trois dimanches sans voiture.image: KEYSTONE

Aujourd'hui, la Confédération et le secteur de l'énergie tentent de rattraper le retard au pas de charge, avec des capacités de stockage réservées à l'étranger, des options pour des livraisons supplémentaires de gaz «non russe» et des accords de solidarité avec les pays voisins. Il n'y a toutefois aucune garantie que la Suisse sera approvisionnée si le gaz vient effectivement à manquer.

Une «incertitude considérable»

Il existe une «incertitude considérable», a déclaré Bastian Schwark, responsable du secteur énergie de l'approvisionnement économique du pays (WL), lors de la conférence de presse de mercredi. C'est pourquoi la Confédération a également développé un plan de mesures en quatre étapes à l'intérieur du pays. Il commence par des appels aux économies et va jusqu'au contingentement.

En ce qui concerne l'approvisionnement en électricité, un tel scénario de crise existe depuis des années. La situation est à première vue moins dramatique que pour le gaz, car la Suisse s'approvisionne en grande partie elle-même grâce à ses centrales nucléaires et hydrauliques. Mais pendant la saison froide, lorsque les besoins sont particulièrement importants, la Suisse est depuis longtemps dépendante du courant importé.

«Nettement moins résilient»

Et l'hiver prochain, il pourrait y avoir une demande supplémentaire. En effet, le niveau de remplissage des barrages pourrait être plus bas que d'habitude. Les importations sont, toutefois, sujettes à caution en raison de l'incertitude entourant les centrales nucléaires à l'arrêt en France. Et là encore, le gaz russe pose problème: il joue un rôle important dans la production d'électricité européenne.

11.07.2022, Mecklenburg-Vorpommern, Lubmin: Rohrsysteme und Absperrvorrichtungen in der Gasempfangsstation der Ostseepipeline Nord Stream 1 und der
Le gaz devrait à nouveau circuler à la station de réception de Nord Stream 1 à Lubmin, dans l'est de l'Allemagne.image: keystone

Si une autre centrale nucléaire suisse devait tomber en panne de manière imprévue, la situation pourrait devenir tendue. «L'ensemble du système est nettement moins résilient et une situation de pénurie ne doit pas être exclue», a déclaré Urs Meister, directeur de la Commission fédérale de l'électricité (ElCom). Le dilemme suisse peut donc se résumer en un seul point: placer ses espoirs dans Vladimir.

L'arrêt des livraisons n'est pas sans risque

Pour l'électricité et le gaz, la Suisse dépend de l'approvisionnement de l'Occident par le chef de guerre Poutine. Il y a des raisons d'être «modérément optimiste», a déclaré Bastian Schwark. Après les travaux de maintenance, le gaz devrait à nouveau circuler par Nord Stream 1. Poutine lui-même a déclaré, mercredi, que le groupe Gazprom respecterait ses engagements.

Un arrêt des livraisons ne serait pas sans risque pour Poutine, et pas seulement en raison du déficit de revenus. Il en va également de la réputation de la Russie en tant que fournisseur d'énergie fiable. Le maître du Kremlin a, toutefois, mis en garde contre une baisse de la quantité livrée. Il semble bien qu'il tente de maintenir la pression sur l'Occident de cette manière.

Une réduction des exportations de gaz ne serait pas une bonne nouvelle pour la Suisse, car elle se trouve au bas de la «chaîne alimentaire». En cas d'urgence, le reste de l'Europe sera trop occupé à se soucier de leurs propres besoins. Au final, nous serons peut-être heureux des mesures qui nous aideront à passer l'hiver. Première priorité: l'extinction des lumières de Noël.

Pour l'instant, le régime de Poutine s'en fiche de mes vidéos YouTube»
Video: watson
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