Ce sera serré le 3 mars: les derniers sondages sur l'initiative pour une 13e rente AVS prédisent un dimanche de votation passionnant. Selon le sondage de la SSR réalisé par l'institut de recherche GFS Berne, 53% des personnes interrogées comptent encore accepter la 13e rente AVS, 43% la rejettent. De son côté, le sondage de Tamedia a révélé une part de oui de 59% et une part de non de 40%.
Entre le premier sondage de la SSR en janvier et le deuxième sondage publié fin février, les valeurs du pourcentage de non et de l'intention de participation ont augmenté chez les 18-39 ans. En d'autres termes, les jeunes sont plus nombreux à rejeter l'initiative et à avoir l'intention de participer à la votation.
La proportion de «non» a également augmenté chez les plus de 65 ans, alors que l'intention de participer a diminué. Si cette tendance devait se consolider d'ici dimanche prochain, ce serait une bonne nouvelle pour les opposants à l'initiative. En effet, selon le sondage de la SSR, le taux d'approbation de la 13ᵉ rente AVS est nettement plus élevé chez les plus de 65 ans (60%) que chez les 18-39 ans (42%). Lukas Golder, co-directeur de GFS Berne, explique:
Pour expliquer cette tendance, Lukas Golder s'attache à un phénomène appelé commentaires contradictoires. Pour mieux le comprendre, il faut faire la distinction entre «pensée rapide» et «pensée lente». En effet, le premier sondage a été réalisé à un moment où le débat sur l'initiative n'en était qu'à ses débuts.
A première vue, de nombreux électeurs âgés ont associé cette thématique à la question du pouvoir d'achat, très présente en cette année électorale. Les électeurs ont donc constaté que la question concernait leurs propres intérêts. Cela a conduit à une très forte approbation.
A mesure que la campagne de votation avance, la «réflexion lente» joue un rôle plus important. A deuxième vue, le financement, la solidarité entre les générations et les effets à long terme ont pris plus d'importance. Les électeurs âgés ont reçu de nombreuses réactions, parfois contradictoires, de leur environnement social, ce que les spécialistes appellent des «pressions croisées».
La jeune génération pourrait reprocher aux personnes âgées de laisser aux jeunes l'intégralité du financement. En même temps, les seniors connaissent aussi des personnes de leur âge, à la retraite qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Marc Rüdisüli, opposant à l'initiative et président des Jeunes du Centre, a, lui aussi, observé ce comportement.
Cette fois-ci, ce sont les jeunes qui doivent décider, car il s'agit de leur avenir, selon le président des Jeunes du Centre. Ces réactions l'ont réjoui dans la mesure où elles montraient «que ces personnes âgées se préoccupent de leur responsabilité».
C'est principalement aux électeurs âgés que les opposants à la 13ᵉ rente font appel. Josef Marty, directeur de campagne d'Economiesuisse, l'organisation faîtière de l'économie qui dirige la campagne du non, explique que mis à part les jeunes, il s'agit aussi d'atteindre les personnes âgées de leur entourage:
Par contre, les soutiens de la 13ᵉ rente ne misent pas sur de telles stratégies de mobilisation spécifiques aux générations. Le PS et l'Union syndicale suisse (USS) se focalisent sur les classes de revenus plutôt que sur les classes d'âge. «Celui qui a travaillé toute sa vie mérite une rente qui lui permette de vivre. C'est évident pour toutes les générations», explique Urban Hodel, porte-parole de l'USS.
En effet, selon le sondage de la SSR, l'approbation de la 13ᵉ rente AVS est fortement corrélée à la situation économique: les riches la rejettent majoritairement, les personnes à bas et moyens revenus l'approuvent.
Dans le camp en faveur de la 13ᵉ rente, on ne croit pas vraiment à une démobilisation des électeurs âgés:
Le politologue Lukas Golder confirme le fort intérêt pour le sujet. Indépendamment du résultat, il tire un bilan positif de la campagne de votation.
Un dialogue s'est instauré au-delà des clivages sociaux et des générations. L'intérêt pour la thématique complexe de la prévoyance vieillesse a augmenté, en particulier chez les jeunes.
Ce dialogue est extrêmement important pour l'avenir : «Avec les baby-boomers, c'est une génération fortement individualisée qui arrive à l'âge de la retraite». En raison de son nombre, cette génération a un poids politique extrêmement important. La question de la répartition des charges entre les baby-boomers et les jeunes générations, elles aussi très individualisées, va bien au-delà de la prévoyance vieillesse:
Traduit de l’allemand par Lara Lack