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Fin des mesures Covid: «Les Suisses ont-ils envie de revenir au bistro?»

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Image: Keystone
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Fin des mesures: «Les gens ont-ils vraiment envie de revenir au bistro?»

Télétravail, certificat Covid, masque, les mesures anti-Covid sont progressivement en train de disparaître en Suisse. De quoi réjouir les cafés-restaurants. Mais, échaudés par deux ans de pandémie, ils préfèrent rester prudents et se préparent à éponger les dettes de la crise.
07.02.2022, 05:4707.02.2022, 06:32
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Au bout du fil, la méfiance est évidente. Les cafés et restaurants contactés à la suite de la fin du télétravail la semaine passée et à la mise en consultation de la levée des autres mesures, notamment le certificat et le masque, tiennent tous un discours similaire:

«On a de l'espoir, mais on ne croit plus que les actes désormais. On a peur de trop se réjouir»
Christophe Roduit, propriétaire de plusieurs établissements à Lausanne

Responsable du Kiwi à Morges, Tamara Silva confirme ce retour d'un optimisme prudent. «Avec la levée des restrictions, il y a un élan d'espoir. On y croit sans y croire.» La Vaudoise se réjouit notamment de la fin du certificat Covid et de pouvoir accueillir à nouveau des non-vaccinés. «Ils se sont serré la ceinture depuis plusieurs mois, ils n'ont pas pu profiter des restaurants, ils vont être très contents.»

Du côté de Saignelégier, Maurice Paupe sent, lui aussi, que la situation évolue positivement. Il enregistre à nouveau des réservations de groupe, et la fin du télétravail lui fait espérer des jours meilleurs. «Cela nous faisait beaucoup de tort, je m'attends donc à ce que les gens recommencent à venir manger le midi et à prendre l'apéro le soir», souligne le président de GastroJura.

Les clients vont-ils revenir?

La levée du certificat Covid représenterait, forcément, une autre bonne nouvelle. «Surtout que, depuis début février, on a des clients qui ne peuvent plus venir, ou alors qui viennent, mais on doit les refuser parce que leur certificat n'est plus à jour.» En effet, depuis le 1er février, les précieux sésames ont vu leur durée réduite de 365 à 270 jours.👇

Mais Maurice Paupe, lui aussi, se montre méfiant. Il se demande notamment si les clients seront au rendez-vous: «Les gens ont perdu l'habitude de venir au restaurant.» Propriétaire de plusieurs établissements à Lausanne, Christophe Roduit s'interroge également. «Les gens ont-ils vraiment envie de revenir au restau? Ce sera à nous d'être au taquet pour leur montrer que manger au bureau ou manger chez nous, ce n'est pas la même chose.»

Et vous, vous pensez aller manger plus souvent au bistrot une fois les mesures levées?

Patronne du Café du Nord à Sion, Sylvie Borella confirme que ce sera l'un des enjeux du printemps. «On a pris l'habitude de rester à la maison, de se débrouiller autrement. Je ne m'attends pas à un afflux comme lors des premières réouvertures.» Elle reste pourtant confiante:

«Cela prendra peut-être un peu de temps, mais la culture du bistrot en Valais ne va pas disparaître»
Sylvie Borella, Café du Nord à Sion

Si elle affirme que les derniers mois ont été très difficiles, Sylvie Borella confie avoir également appris des choses durant la pandémie. «Humainement, cela a été une sacrée expérience. Il y a eu des moments intéressants, nos clients nous ont soutenu, il a fallu qu'on se débrouille pour trouver des solutions. Mais, maintenant, il faut que cela s'arrête.»

Des dettes à éponger

Car le bilan financier est lourd à encaisser. «On s'en sort tout juste, on a limité la casse durant cette période, mais on repart à moins quelque chose, il va falloir bosser.» Pour survivre, de nombreux cafés-restaurants ont dû s'endetter, comme le rappelle Maurice Paupe:

«Malgré la levée des mesures, les prochains mois seront très tendus, nous avons les prêts Covid à rembourser. On va y laisser des plumes»
Maurice Paupe, président de Gastro Jura

Christophe Roduit approuve, remarquant que plusieurs établissements se retrouvent désormais sur le fil financièrement.
«J'ai peur qu'il y ait pas mal de faillites quand on va devoir commencer à rembourser les prêts.»

Lutter contre le Covid avec Maman j'ai raté l'avion
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