Au bout du fil, la méfiance est évidente. Les cafés et restaurants contactés à la suite de la fin du télétravail la semaine passée et à la mise en consultation de la levée des autres mesures, notamment le certificat et le masque, tiennent tous un discours similaire:
Responsable du Kiwi à Morges, Tamara Silva confirme ce retour d'un optimisme prudent. «Avec la levée des restrictions, il y a un élan d'espoir. On y croit sans y croire.» La Vaudoise se réjouit notamment de la fin du certificat Covid et de pouvoir accueillir à nouveau des non-vaccinés. «Ils se sont serré la ceinture depuis plusieurs mois, ils n'ont pas pu profiter des restaurants, ils vont être très contents.»
Du côté de Saignelégier, Maurice Paupe sent, lui aussi, que la situation évolue positivement. Il enregistre à nouveau des réservations de groupe, et la fin du télétravail lui fait espérer des jours meilleurs. «Cela nous faisait beaucoup de tort, je m'attends donc à ce que les gens recommencent à venir manger le midi et à prendre l'apéro le soir», souligne le président de GastroJura.
La levée du certificat Covid représenterait, forcément, une autre bonne nouvelle. «Surtout que, depuis début février, on a des clients qui ne peuvent plus venir, ou alors qui viennent, mais on doit les refuser parce que leur certificat n'est plus à jour.» En effet, depuis le 1er février, les précieux sésames ont vu leur durée réduite de 365 à 270 jours.👇
Mais Maurice Paupe, lui aussi, se montre méfiant. Il se demande notamment si les clients seront au rendez-vous: «Les gens ont perdu l'habitude de venir au restaurant.» Propriétaire de plusieurs établissements à Lausanne, Christophe Roduit s'interroge également. «Les gens ont-ils vraiment envie de revenir au restau? Ce sera à nous d'être au taquet pour leur montrer que manger au bureau ou manger chez nous, ce n'est pas la même chose.»
Patronne du Café du Nord à Sion, Sylvie Borella confirme que ce sera l'un des enjeux du printemps. «On a pris l'habitude de rester à la maison, de se débrouiller autrement. Je ne m'attends pas à un afflux comme lors des premières réouvertures.» Elle reste pourtant confiante:
Si elle affirme que les derniers mois ont été très difficiles, Sylvie Borella confie avoir également appris des choses durant la pandémie. «Humainement, cela a été une sacrée expérience. Il y a eu des moments intéressants, nos clients nous ont soutenu, il a fallu qu'on se débrouille pour trouver des solutions. Mais, maintenant, il faut que cela s'arrête.»
Car le bilan financier est lourd à encaisser. «On s'en sort tout juste, on a limité la casse durant cette période, mais on repart à moins quelque chose, il va falloir bosser.» Pour survivre, de nombreux cafés-restaurants ont dû s'endetter, comme le rappelle Maurice Paupe:
Christophe Roduit approuve, remarquant que plusieurs établissements se retrouvent désormais sur le fil financièrement.
«J'ai peur qu'il y ait pas mal de faillites quand on va devoir commencer à rembourser les prêts.»