L'intégration de la collection Bührle dans le nouveau bâtiment du Kunsthaus, récemment inauguré, a fait jaser. Beaucoup. Voici le pourquoi du comment.
La collection Bührle doit son nom à son créateur: Emil Georg Bührle. Qui était donc ce monsieur à l'air un peu austère?
En effet, notre fameux Emil G. Bührle a fait affaire avec des nazis et s'est considérablement enrichi grâce à eux.
La question qui se pose désormais est de savoir si certaines de ses oeuvres ont été volées aux Juifs par les nazis pendant la Guerre.
Aujourd'hui, l'origine de la grande majorité des 203 oeuvres concernées est établie. Selon le directeur de la Fondation Bührle, Lukas Gloor, l'origine de 113 tableaux a été «complètement clarifiée», et «ne pose aucun problème».
Mais il subsiste, toutefois, certaines lacunes au sujet des 90 œuvres restantes.
Mise sous pression et vivement critiquée pour son manque de transparence, la société d'art du Kunsthaus va mandater un groupe d'experts indépendants afin de faire toute la lumière sur cette sombre affaire.
Le canton et la ville de Zurich avaient notamment exigé ces éclaircissements.
Ce groupe d'experts va se plonger dans les archives pour vérifier si le traçage des oeuvres, réalisé et présenté par les responsables de la collection, a été accompli correctement.
Même s'il est évident que l'industriel zurichois a fait fortune grâce au IIIe Reich, le directeur de la Fondation Bührle, Lukas Gloor, en est convaincu:
Le directeur du Kunsthaus a, pour sa part, affirmé mercredi lors d'une conférence de presse:
Pour l'instant, le Kunsthaus réfute les accusations selon lesquelles Emil Bühlre n'aurait jamais pu acheter certains de ses tableaux autrement qu'en profitant de la fuite urgente des Juifs du nazisme.
Mercredi, Christoph Becker s'est contenté de souligner que 100 000 visiteurs ont visité le musée depuis l'ouverture de l'extension du Kunsthaus en octobre – et pu profiter d'admirer la sulfureuse collection.
Dans certains cas, les musées peuvent restituer les œuvres spoilées à leurs propriétaires. C'est le cas du Kunstmuseum de Berne qui a rendu deux tableaux de la collection Gurlitt – même s'il n'a pas été totalement prouvé que les œuvres ont bien été pillées ou prises à des réfugiés.
Pour leur part, la Fondation Bührle, le Kunsthaus et la société d'art ont choisi de rejeter toute demande de retour. Ils n'utiliseront pas non plus le nouveau terme «retrait lié à la persécution des nazis», utilisée comme norme par le Kunstmuseum de Berne.
Toutefois, le Kunsthaus approuve l'idée que la Confédération soutienne les musées suisses dans le traçage et la restitution d'oeuvres volées. En attendant, le sujet devient politique: motion en ce sens est en cours de traitement par les Chambres fédérales.