Le spot publicitaire de Suisse Tourisme vend du rêve: Roger Federer et Trevor Noah se trompent certes de train à Zurich, mais vu le panorama splendide qu'ils ont sous les yeux, leur erreur s'avère être un coup de chance. Seule une dame âgée les regarde un peu de travers pendant ce voyage imprévu.
Les habitués des transports publics en Suisse sont cependant parfois confrontés à des expériences moins agréables, que les professionnels du tourisme préfèrent passer sous silence. Par exemple? Un retraité raciste dans le tram, des supporters de football déchaînés ou encore un homme qui se masturbe dans le train régional.
Les CFF lancent dès lors un projet pilote pour renforcer le sentiment de sécurité. Pour ce faire, ils ont placé début janvier des codes QR dans certains trains en invitant les voyageurs à signaler anonymement tout «comportement inapproprié». Les personnes qui scannent le code avec leur téléphone portable sont redirigées vers une page contenant un formulaire où il est possible de communiquer «tous les incidents qui vous procurent un sentiment d'insécurité», peut-on y lire. Qu'il s'agisse de bruit, de vandalisme ou de toute autre forme de harcèlement.
Les utilisateurs sont d'abord rendus attentifs au fait que le formulaire n'est d'aucune aide si l'on se trouve en danger. Dans ce cas, mieux vaut appeler la police des transports.
Il n'est pas non plus possible d'y déposer plainte.
Les codes ont été apposés dans les trains de la ligne Intercity 5 de Genève à Zurich via Bienne, car, selon la porte-parole des CFF Jeannine Egi, cette ligne parcourt de longues distances et circule entre les régions linguistiques et les grandes villes.
Le test devrait durer jusqu'à fin mars. L'objectif est d'améliorer la sécurité et le service pour les passagers. Les messages seront analysés et évalués par la compagnie. Selon elle, l'outil de signalement sert à visibiliser les incidents que les voyageurs vivent ou observent eux-mêmes. Un moyen d'affiner l'image de la situation, d'optimiser les mesures de prévention et de planifier plus efficacement les ressources de sécurité, comme la police des transports. Il s'agit également d'adapter les offres de soutien aux personnes concernées.
La porte-parole des CFF, Jeannine Egi, affirme que les voyageurs se sentent généralement bien dans les convois. Elle reconnaît toutefois:
Depuis décembre, on peut également dénoncer les incidents survenus dans les trains sans code QR via un formulaire en ligne. Les CFF ne communiquent pas encore de chiffres. Leur porte-parole promet la protection des données et l'anonymat.
La ville de Zurich avait lancé un instrument similaire en 2021 avec «Zürich schaut hin». Il permet de signaler les cas de harcèlement sexuel, sexiste, homophobe et transphobe. Cet outil ne remplace pas non plus une plainte ou, en cas d'urgence, un appel à l'aide auprès de la police, mais il aide les autorités et les services spécialisés à évaluer la situation, fournit des conseils et des informations sur la manière de se défendre.
Entre mai 2021 et fin décembre 2022, 1400 signalements ont été déposés – en moyenne deux par jour. Rien qu'au cours des huit premiers mois, on enregistrait 250 cas de harcèlement dans les transports publics ou dans les gares.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker