Ce que les cantons faisaient de leur côté, les villes l’ignoraient. Les municipalités d’Yverdon, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Genève et Delémont ont appris vendredi, au mieux par communiqué, au pire par la presse, les changements consécutifs à l’introduction, dès décembre 2024, de l’«Horaire CFF 2025». «Les cantons de Neuchâtel, Genève et du Jura y travaillaient depuis un an et demi, en collaboration avec la Berne fédérale et les CFF», explique à watson le délégué jurassien aux transports, David Asseo. Plus globalement, tous les cantons formant la Conférence des transports de la Suisse occidentale (CTSO), les Romands plus Berne, étaient, si l’on peut dire, dans la confidence.
La conseillers d’Etat de la CTSO devaient rencontrer lundi soir à Berne le chef du Département fédéral des transports, Albert Rösti, une réunion qui aurait été agendée il y a plusieurs semaines. Au menu, le proche avenir: les dix à quinze ans de travaux d’amélioration des infrastructures ferroviaires dans les cantons de Suisse occidentale. Des chantiers qui s’accompagneront de désagréments et de rallongements des temps de trajet sur de nombreuses liaisons, compensés par un doublement des cadences ici ou là.
Gros souci: sauf «aux heures de pointe», matin et soir, tous les trains InterCity IC5 du pied du Jura jusque-là en direction de Genève et Genève-Aéroport auront Lausanne pour terminus. Les villes citées plus haut, auxquelles on peut ajouter Bienne et Morges, font valoir leur dépit. Non seulement les temps de parcours vont s’allonger, alors même que la déviation par Bussigny permettait aux IC5 de gagner un temps précieux en évitant Renens et Lausanne. Mais encore, les nombreux pendulaires et autres touristes se rendant à Genève ville ou aéroport devront changer de train à Renens. Et ce, pendant les dix ans de la durée prévue des travaux. Inimaginable, répliquent les villes précitées, affirmant avoir été mises devant le fait accompli.
Les précisions de David Asseo:
Mais le délégué jurassien aux transports n’en estime pas moins que la Suisse occidentale est à présent «doublement pénalisée»: «Pénalisée du fait d’un manque d’investissements dans les infrastructures ferroviaires ces dernières années. Pénalisée ensuite par l’effet retard ainsi induit et les travaux de rattrapage qui vont démarrer et occasionner certains désagréments pour les usagers.»
Les conseillers d’Etat de la CTSO attendent du conseiller fédéral Albert Rösti un financement par la Confédération des coûts annexes durant les travaux (mise en place de bus de remplacement, etc.). Ils lui demanderont aussi que Berne, dans le futur, anticipe les chantiers, ne chipote pas pour 400 mètres de voie ferrée. En un mot, que la Confédération soit moins radine avec la Suisse occidentale.