La diversité des espèces est riche en Suisse, mais subit de plus en plus de pression, selon l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Ainsi, 17% de toutes les espèces sont «au bord de l’extinction» ou «en danger». En outre, 16% sont vulnérables. Au total: leurs populations ont reculé de 30% depuis 10 ans.
L'OFEV a publié deux rapports lundi à l'occasion de la journée internationale de la diversité biologique. Ils dessinent «une image claire: il reste beaucoup à faire pour protéger et conserver la biodiversité», souligne la directrice de l'Office, Katrin Schneeberger.
«Fort heureusement, ils font également état de quelques réussites. Grâce à des mesures ciblées, la cigogne blanche a ainsi été retirée de la liste rouge», nuance-t-elle.
A contrario, la menace pesant sur de nombreuses espèces de poissons, de reptiles et d'oiseaux s'est accrue, ces dix dernières années. Au final, environ 6% de toutes les espèces sont menacées d'extinction,11% sont fortement menacées et 16% sont considérées comme vulnérables.
Ces rapports pointent en outre la détérioration de plusieurs milieux précieux sur le plan écologique et le manque de connexion entre ceux-ci.
Avec une diversité des espèces et une diversité génétique élevées, la nature a plus de chances de s'adapter aux événements extrêmes, tels que la sécheresse et les fortes chaleurs. «Une biodiversité riche profite également à la protection du climat. Des progrès ont été réalisés ces dernières années. Ils ne sont cependant pas suffisants pour inverser la tendance. Tous les acteurs doivent se mobiliser», confirme Katrin Schneeberger.
Le secteur agricole a réussi, ces dernières années, à accroître la part des surfaces en faveur de la biodiversité, ce qui se veut bénéfique pour la diversité des espèces. Mais des efforts supplémentaires doivent être déployés. D'après le Conseil fédéral, le milieu bâti recèle également un grand potentiel en la matière.
Concrètement, il s'agit d'aménager des zones proches de l'état naturel, tels que des espaces verts, des espaces réservés aux eaux, des forêts urbaines, des plans d'eau ou des toits et des façades végétalisées.
Par ailleurs, il conviendra de procéder à une pesée des intérêts dans le cadre de l'encouragement des énergies renouvelables. En matière de construction, le Conseil fédéral souhaite dès lors accorder la priorité aux zones appropriées tant du point de vue de la production que de celui de la protection.
Les défenseurs de la nature critiquent depuis longtemps le manque d'efficacité des mesures de protection de la biodiversité en Suisse. L'organisation de protection de la nature Birdlife Suisse a écrit la semaine dernière que «la Suisse avait abandonné, sans faire de bruit, en 2020, l'objectif fixé en 1998 de réduire chaque année de 1%, le nombre d'espèces figurant sur la liste rouge.»
En avril 2022 déjà, Birdlife Suisse conclait dans une étude que dix ans après l'adoption de la stratégie pour la biodiversité du Conseil fédéral en 2012, aucun des 18 objectifs fixés n'avait été atteint. La Suisse n'était sur la bonne voie que pour la conservation de la biodiversité en forêt. Pour deux tiers des objectifs, il n'y avait eu aucun progrès, voire même un recul. (jod/ats)