Ce n'est pas l'insolvabilité qui a brisé le cou du Credit Suisse, mais une perte de confiance. Ce souci est connu depuis longtemps en Suisse. Il s'avère désormais que le Conseil fédéral souffre du même problème, notamment en interne. C'est précisément ce que montre la débâcle de Credit Suisse.
Ueli Maurer, ministre des Finances jusqu'à fin 2022, connaissait la situation critique de la deuxième banque du pays. En octobre dernier, il avait élaboré des scénarios d'urgence avec le président de la Banque Nationale suisse (BNS) Thomas Jordan et la présidente de la Finma, Marlene Amstad.
Mais Maurer n'en a informé l'ensemble du Conseil fédéral qu'avec beaucoup de retenue. Le ministre craignait des indiscrétions: si la situation de Credit Suisse avait été rendue publique, la panique aurait pu se répandre parmi les clients.
A cause de sa discrétion, Maurer a été accusé de ne pas avoir vu venir le danger. C'est faux, mais le problème n'est pas là. Ce qui est dévastateur, c'est que les conseillers fédéraux ne se font pas confiance. Les Covid-Leaks l'ont encore rappelé. Le fait que la nouvelle ministre des Finances Karin Keller-Sutter n'ait jamais pris contact avec son prédécesseur dans le cas de Credit Suisse pour discuter avec lui des antécédents en dit long également.
La semaine dernière, Guy Parmelin a pris seul la décision de ne pas participer à la task force internationale sur les oligarques, malgré les critiques des pays du G7.
Covid, Credit Suisse, guerre en Ukraine: notre gouvernement, conçu comme une autorité collégiale, pourrait trouver ensemble les meilleures solutions en tant qu'équipe soudée. Mais pour cela, il manque manifestement la base la plus importante: la confiance.