Deux enquêtes mettent à mal la position des détaillants. Coop et Migros se jouent des prix. Comme l'explique la Fédération romande des consommateurs (Frc) et Heidi.news en collaboration avec Le Temps, les deux mastodontes fixent des taux de marge très élevés, allant jusqu’à la moitié du prix final payé par la clientèle.
En cette période d'inflation, le problème est de taille. La secrétaire générale de la FRC, Sophie Michaud Gigon, explique et martèle l'importance d'informer les clients sur la manière dont les prix sont fixés:
Dans le contexte économique actuel, les prix de certaines denrées augmentent sans que l'on sache toujours si c'est justifié. Hausse du coût ou intermédiaire gourmand cherchant à engranger de plus grosses marges? La FRC réclame donc davantage de transparence.
Une transparence qui permettrait également aux consommateurs de savoir quelle part de leur argent revient aux producteurs et si ceux-ci sont correctement rémunérés.
Mais la «boîte noire» est précieusement gardée: les distributeurs ne communiquent jamais leurs marges brutes, se réfugiant derrière le secret commercial, comme le rappelle la Frc.
Le rapport expose des chiffres (et des marges) qui vont de 32% pour la Coop à 39% pour la Migros. La différence entre les deux géants s'explique notamment par la part importante de produits fabriqués par des sociétés appartenant à Migros.
Coop, par exemple, encaisse près de la moitié (48%) du prix de vente de certains produits de la gamme Sojasun.
Pour comparaison, la FRC mentionne des chiffres de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) expliquant que: «une chaîne de magasins bien gérée devrait se satisfaire d'une marge brute globale de 25% de son chiffre d'affaires pour couvrir ses frais (personnel, loyers, administration, publicité, amortissement des machines et autres).»
En France, par exemple, les hypermarchés encaissent entre 16 et 20% de marge, selon la FRC.
Depuis plus d'un an, la FRC assure travailler au corps les détaillants pour éclairer les zones d'ombre. Elle demande également aux pouvoirs publics de s'emparer de la problématique et de mettre en place les outils adéquats et nécessaires pour améliorer l'information à propos de la formation des prix.
Par ailleurs, la FRC a pu consulter des documents issus des Laiteries Réunies à Genève - disponibles sur le darknet suite à un piratage - et ainsi lever le voile sur les relations entre les différents acteurs économiques qui entrent en jeu.
L'opacité qui entoure ces négociations démontre les différences entre les acteurs et les relations avant la mise en rayon du produit. La FRC rappelle: révéler ces informations permet aux consommateurs de savoir si le profit se fait sur leur dos ou sur celui du fabricant.
Pour comprendre les contours et les réponses de l'enquête:
Comme le rappelle la FRC, Migros et Coop se revendiquent sociétés coopératives, mais comme toutes les sociétés, elles aspirent à la rentabilité. Dans le contexte actuel, les consommateurs sont inquiets pour leur porte-monnaie, et les détaillants répercutent la hausse des prix sur leur clientèle afin de conserver leurs marges, souligne la FRC.