Maurer, Keller-Sutter et Amherd se disputent la gestion de la cybersécurité
Florian Schütz coiffe plusieurs casquettes: en tant que directeur du Centre national de cybersécurité (NCSC), il est à la fois «service de renseignement et informatique, armée et police, politique, économie et infrastructure», écrivait récemment la Handelszeitung dans un portrait. On comprend ainsi pourquoi trois conseillers fédéraux se disputent actuellement pour savoir qui sera un jour le patron de Schütz. Le délégué fédéral à la cybersécurité est un homme avec une liste de tâches longue comme le bras et il interagit dans plusieurs départements.
La cybersécurité est un thème politique récurrent. C'est un terme dorénavant plus branché que «numérisation». Il est apparu récemment en Suisse le plus souvent lorsqu'il est question d'une menace: cyberguerres, cybersécurité, cyberharcèlement qui ne sont que quelques-uns des termes qui agitent les parlementaires. Mais, en principe, c'est très simple: tout ce qui se passait auparavant de manière analogique peut désormais être menacé dans le monde numérique.
Une stratégie, de nouveaux postes, mais pas encore de responsabilité
Mercredi, le Conseil fédéral a envoyé deux communiqués de presse à ce sujet, de manière un peu confuse. On peut en déduire deux choses:
- D'une part, la Confédération prend le sujet très au sérieux et veut élargir son champ d'action, et notamment créer 25 postes à différents endroits. Dix au NCSC, six au Service de renseignement de la Confédération, deux dans l'informatique et les autres dispersés dans différents départements et services spécialisés.
- D'autre part, le gouvernement national n'est manifestement pas d'accord à propos de la direction à donner au navire. Le NCSC doit, en effet, être élevé au rang d'office fédéral avec obligation d'annonce directe à un conseiller fédéral – mais le Département fédéral des finances doit d'abord déterminer de qui il s'agit.
Il semblerait que plusieurs ministères aient fait part de leur intérêt. La ministre de la Défense Viola Amherd peut faire valoir un argument de poids: elle prépare en ce moment même l'armée à la cyberdéfense et que, avec le service de renseignement, les plus grandes ressources cyber de l'administration fédérale se trouvent dans son département. Le Centre de cybersécurité n'est effectivement pas le plus grand centre de compétences en cybersécurité de la Confédération. Actuellement, il compte 39 postes et travaille avec un budget de 11 millions de francs. La cyberdéfense du DDPS est plus importante. Enfin, l'armée suisse a, à sa tête, un spécialiste en la matière, Thomas Süssli.
La ministre de la Justice Karin Keller-Sutter pourrait, en revanche, mettre en avant le fait que la poursuite pénale en matière de cybercriminalité concerne, en grande partie, la sécurité intérieure – les origines des attaques contre les institutions suisses mènent principalement en Suisse. Les délits possibles sont, par exemple, le vol de données, l'espionnage industriel ou la fraude à la carte de crédit. Enfin, le département des Finances d'Ueli Maurer est, jusqu'à présent, la patrie du NCSC, car le Département fédéral des finances (DFF), plus que tout autre département, sert d'interface à l'ensemble de l'administration fédérale. Enfin, le DFF abrite également l'Office fédéral de l'informatique.
Incertitude au Parlement
Un sondage éclair auprès d'une poignée de politiciennes et de politiciens montre que personne n'est encore tout à fait sûr de savoir qui peut revendiquer le plus de pouvoir sur le plus jeune Office fédéral. Lorsqu'il s'agit de la sécurité nationale, par exemple, de la protection d'infrastructures importantes pour l'approvisionnement du pays, nombreux sont ceux qui voient le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) comme le chef de file. Mais les milieux de gauche veulent, à tout prix, que l'armée et la sécurité intérieure soient séparées. (aargauerzeitung.ch)