Ce trentenaire bâlois a-t-il simplement pioché son inspiration chez une célèbre influenceuse? Il y a quelques semaines, Ana Stanskovsky avait défrayé la chronique en dévoilant le prénom de son boyfriend gravé sur son front. En réalité, si Kevin est bien son mec, le tatouage se révélera être une supercherie mis au point dans le but de «faire réfléchir».
Après s'être ramassée quelques kilotonnes de critiques, la créatrice de contenus établie à Bali, pas peu fière de sa manigance, a expliqué son geste.
La semaine dernière, Bobby Bossert s'est lui aussi retrouvé sur le billard d'un tatoueur, pour une aventure passablement similaire. Mais si l'amour est bien au coeur du geste de ce Bâlois de 36 ans, le récipiendaire n'est pas sa dulcinée, mais un politicien américain visant la Maison-Blanche pour un second tour de manège populiste.
Dans une vidéo qui a (logiquement) aimanté une audience folle sur TikTok, l'homme a dévoilé son nouveau front, estampillé «Trump 2024». L'œuvre est massive et les réactions le seront tout autant. Sans surprise, la plupart des commentateurs s'avoueront outrés par cette drôle d'initiative définitivement encrée dans sa chair.
Intrigué par cette déclaration d'amour sans fioriture, le média alémanique Blick décide d'aller à la rencontrer du trumpiste de Sissach, pour une interview et une séance photo. Et, ce, dans l'antre de l'artiste, un certain Floyd Varesi. En guise d'introduction, le journaliste précise que le trumpiste bâlois a encore «besoin d'un peu de temps» pour digérer son geste, mais qu'il «rayonne».
On apprendra également que sa passion pour le candidat républicain ne date pas d'hier, puisqu'il est tombé amoureux dans les années nonante, quand le milliardaire tutoyait encore quelques rêves hollywoodien: «Je suis fan de Trump depuis que je l'ai vu dans le film Maman j'ai raté l'avion 2».
S'en suivent quelques questions-réponses plutôt ordinaire, lorsqu'on décide de se tatouer un slogan politique sur la tronche. Bobby affirme qu'il ne regrettera pas, qu'il «fait ce qu'il veut de sa peau», que le tatoueur a longtemps hésité avant d'accepter cette proposition indécente. Le média alémanique tend alors le crachoir à l'artiste pour s'enquérir d'un potentiel futur regret de son client: «Dans ce cas, nous ferons simplement un tatouage par-dessus».
Un poil taquin, le journaliste de Blick termine le volet politique en le questionnant sur les élus suisses. En gros, hormis peut-être «Christoph Blocher», aucun politicien ne mérite sa place sur son front, «à la place de Trump».
Fin de l'histoire? Pas vraiment.
Une fois l'article publié, samedi, Bobby Bossert empoigne ses réseaux sociaux. Non pas pour remercier chaudement le média pour le joli portrait, mais pour révéler sa supercherie, vidéo à l'appui. Vous vous en doutez, à l'instar d'Ana Stanskovsky et son Kevin, le Bâlois n'a jamais eu l'amour de sa vie tatoué définitivement sur le visage.
Tout comme son mentor, Bobby pointe la déontologie des médias en affirmant que «s'il est facile pour Floyd Varesi et moi de tromper le public, imaginez ce que les autres vont en faire». Or, le bonhomme prouve surtout que la désinformation n'est pas réservée aux provocateurs extrémistes américains. L'article original, lui, sera supprimé dans la foulée, remplacé par quelques lignes baptisées: «Le tatouage de Trump s'avère être un faux».
A froid, (et une fois que l'on sait que rien n'est vrai) la photo réalisée par le journaliste alémanique dévoile bien quelques détails louches. Comme une sorte de petit morceau de plastique en haut à gauche et un front étonnamment brillant et plissé.
Il faut avouer que la relation qu'entretiennent les apôtres de Donald Trump avec l'art du tatouage ne date pas d'hier. Et la folie qui émane parfois de son vivier d'électeurs permet de considérer que, ma foi, tout est possible. Mais si bon nombre de fans MAGA arborent sur leur peau un dessin, une caricature, un message ou un logo en l'honneur de leur héros, le visage est souvent épargné (dieu merci?).
On citera par exemple ce Texan qui a accueilli sur sa glotte le patronyme du milliardaire, fin 2016, quelques semaines à peine avant son investiture. «Je n'ai pas peur de montrer ce que j'ai sur le cou. Soit tu m'aimes, soit tu ne m'aimes pas», confessait-il fièrement au média ABC 7.
Or, la plupart du temps, on a affaire à des canulars. Toujours en 2016, un homme s'était affiché en ligne avec un immense «TRUMP» au beau milieu du front, notamment devant la mythique Trump Tower de New York. Sans oublier le petit étendard américain au premier plan, of course.
La blague (qui était pourtant sorti de terre le 1er avril) avait secoué les réseaux pendant de longs mois avant de se dégonfler, en octobre, peu avant l'élection présidentielle. Le coupable? Inked, un magazine spécialisé dans l'art du tatouage. Et l'homme faussement tatoué ne fut autre que... l'auteur de l'article.
Citons enfin la dernière aventure encrée dans l'aura de Donald Trump, qui s'est déroulée cette année à Las Vegas. Celui qui se fait appeler Bearded Tokoloshe s'est fait tatoué sur la cuisse le mugshot de l'accusé Trump, seulement quelques heures après la célèbre photo d'identité judiciaire.
Si, dix petits mois avant l'élection présidentielle de 2024, le milliardaire n'a pas fini de faire fantasmer ses groupies (comme ses détracteurs), on a eu au moins l'énième preuve, cette semaine, que son influence dépasse largement les frontières américaines. Jusqu'à effleurer la commune de Sissach... du bout de la fake news.
Somebody in Las Vegas had Trump's mugshot tattooed on his thigh (via Vegas Vic Tattoos IG:vegasvic_tattoos) pic.twitter.com/DlQsRzK9yo
— Las Vegas Locally 🌴 (@LasVegasLocally) August 26, 2023