ChatGPT, c’est ce monolithe tombé du ciel dans les cours d'école. Un bloc si imposant qu’aucune force ne semble pouvoir le déplacer. Il est là et il va falloir faire avec. Tel est l’état d’esprit au sein de la CIIP, la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin, de niveau ministériel. Une rencontre a réuni ses membres le 16 mars à Lausanne.
Lors de cette assemblée des chefs de département, «il a été décidé de ne pas interdire ChatGPT», rapporte Pascale Marro, la secrétaire générale de la conférence.
Une veille scientifique est mise en place, qui doit mesurer les limites, avantages et dangers de ChatGPT.
Dans le canton de Genève, une taskforce ChatGPT a été mise en place au début de l'année déjà. «Nous avons voulu anticiper les choses avec une formation continue destinée aux enseignants», explique Manuel Grandjean, directeur du Service écoles-médias, chargé de la mise en œuvre des technologies pour l'enseignement.
De ChatGPT, on sait qu’il est capable de traduire des textes, comme d’autres logiciels avant lui, mais aussi de rédiger des exposés et de résoudre des équations mathématiques. Dans plusieurs domaines, il peut théoriquement faire le travail aujourd'hui accompli par les écoliers, les gymnasiens et les étudiants. Mais il ne peut pas parler à leur place. La faille!
Une ouverture que la CIIP entend exploiter. Comment? En accordant plus de place à l’oral. «La réflexion de la CIIP porte sur la manière d’évaluer les travaux, principalement dans le secondaire 2 et à l’université», explique Pascal Marro, le secondaire 2 étant l’échelon gymnasial suivant l’école obligatoire.
Au gymnase et davantage encore à l’université, nombreux sont les travaux écrits effectués en dehors des cours. Dissertations, traductions, mémoires, autant de tâches pouvant être remplies tout ou partie avec l'aide de ChatGPT. D’où l’intérêt de l’épreuve orale pour évaluer la réelle implication de l’élève ou de l’étudiant, sa compréhension du sujet rendu.
Une forme d'attentisme entoure ChatGPT. D'où l'impression, chez David Rey, le président du Syndicat des enseignants romands, que «ça se tasse un peu». Le domaine de cet enseignant et syndicaliste est l’école obligatoire.
Avant ChatGPT, Wikipédia avait déjà donné du fil à retordre aux professeurs. «Mais on a mis des outils au point de façon à détecter les passages entièrement tirés de Wikipédia», relate David Rey.
«L'idée, reprend Manuel Grandjean, c'est de vivre avec ChatGPT. Mais il est certain qu'il va falloir changer le mode d'évaluation.» Les actions de l'oral sont à la hausse.